1- Le processus de construction de l'UE

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L’idée de projet d’unification politique au sein du continent européen se réalise ainsi après la seconde guerre mondiale, sur un continent encore ravagé par les conséquences du conflit. Ls régimes communistes au pouvoir en Europe de l’Est poussent les gouvernements de l’Ouest à se rapprocher. Dès 1946, Winston Churchill évoque dans son discours à Zurich la possible mise en place des « Etats-Unis d’Europe ». S’il voyait davantage une union politique, les pères fondateurs de l’Europe, eux, imaginaient plutôt un processus d’intégration économique basée sur le libre-échange. Le projet européen fait depuis lors face à différentes tensions, mais son succès est indéniable, comme en témoignent les adhésions successives et les progrès réalisés dans divers domaines. Cependant, les tensions s’accentuent symétriquement.

La montée des tensions politiques sur le continent, dans un contexte de guerre froide, autant que les aides accordées par les Etats Unis via le plan Marshall contribuent à l’accélération de la mise en place du projet européen. Certains hommes politiques jouent un rôle essentiel : Jean Monnet et Robert Schuman en France, le Chancelier Adenauer en Allemagne et le président du conseil Alcide de Gasperi en Italie. Ils mettent en place une « stratégie des petits pas » permettant de fixer les objectifs d’une intégration européenne aboutie par petites étapes successives.

Le traité de Paris, le 18 avril 1951, donne naissance à la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier (CECA) évoquée par Robert Schuman lors du discours du « salon de l’Horloge » le 9 mai 1950. La réalisation d’une union douanière dans les secteurs du charbon et de l’acier, sous l’égide d’une Haute Autorité, constituent le premier pas vers l’intégration européenne. La signature du traité de Rome, le 25 mars 1957, marque une nouvelle étape : la création de la Communauté Economique Européenne. Ce traité pose les bases de la construction d’un « marché commun ». Ce dernier doit s’organiser autour de la suppression progressive des droits de douane internes, sans pour autant mettre en place de tarif extérieur commun. Il en résulte un renforcement des flux entre les pays membres. La priorité donnée au libre-échange n’empêche cependant pas la mise en place de politiques communes. Ainsi, la Politique Agricole Commune, la PAC, est lancée en 1962. La mobilité des travailleurs est encouragée à l’aide du Fonds Social Européen et le développement des régions les plus pauvres est soutenu par les financements mutualisés.

Le Royaume-Uni refuse initialement de participer à la CEE. Il promeut au contraire la mise en place d’un espace de libre-échange concurrent : l’Association Européenne de Libre-Echange (AELE). Cette dernière regroupe en 1960 sept pays réticents à une intégration économique poussée au-delà des échanges commerciaux : le Royaume-Uni, le Danemark, la Norvège, la Suisse, le Portugal, l’Autriche et la Suède. Le succès de la CEE amène néanmoins le gouvernement britannique à poser leur candidature à partir de 1961.
Le premier élargissement a ainsi lieu en 1973. Il permet l’entrée dans la CEE du Royaume-Uni, de l’Irlande et du Danemark. Ces pays sont ensuite suivis de la Grèce (1981), de l’Espagne et du Portugal (1986), de la Suède, de l’Autriche et de la Finlande (1995).

La chute du mur de Berlin le 9 novembre 1989 et l’effondrement du bloc soviétique qui s’ensuit posent rapidement la question de l’élargissement aux pays d’Europe de l’Est. C’est au sommet de Copenhague, en 1993, que sont fixés les « critères d’adhésion » : les pays candidats doivent présenter un ensemble de garanties politiques comme un régime démocratique, le respect des droits de l’homme, et remplir des conditions économiques (économie de marché). En rejoignant l’UE, les pays candidats doivent également s’engager à reprendre l’intégralité de « l’acquis communautaire » dans leur droit national, c’est-à-dire les réglementations et directives adoptées jusque-là.

Au 1er mai 2004, huit pays d’Europe Centrale, les PECO (Estonie, Lituanie, Lettonie, Slovénie, Hongrie, Pologne, Slovaquie et République Tchèque), de même que Chypre et Malte, rejoignent l’UE. Cette union voit alors son hétérogénéité s’accroitre. Si sa population augmente de près de 20%, son PIB, lui, ne progresse que de 7,5%. L’adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie en 2007 puis de la Croatie en 2013 accentuent encore cette hétérogénéité. Les salaires dans ces pays sont plus bas, les acquis sociaux sont bien moins importants que pour les pays du « cœur de l’Europe ».

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⏰ Dernière mise à jour : Jan 06, 2020 ⏰

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