3ème droite

L'appartement

Une pote m'a conseillé de raconter ce qu'il m'est arrivé (et qui m'arrive toujours) dans cet appartement.

Elle s'appelle Gwen, elle m'a aussi conseillé de ne pas mettre les vrais noms des personnes dont je vais parler (donc elle s'appelle pas vraiment Gwen en fait).

[le 4 septembre 2017]

Il y a 4 mois, j'étais en galère d'appart. On s'était embrouillés avec mon père. Comme souvent en fait. Mais là, c'est vite parti très loin.

Lui: Si tu quittes encore ce job, tu devras te débrouiller par toi même, plus d'argent, plus de piaule.

Moi: J'ai un plan. (c'était faux)

Lui: J'espère qu'il consiste à te faire pousser des couilles et garder un taff plus de 3 mois.

Ma mère: C'est vrai, je veux dire... écoute ton père!

La dispute générale dura encore un moment, puis je suis parti en disant pouvoir me débrouiller seul.

J'ai passé l'été à squatter le canapé de mes potes, puis le fauteuil de me mes potes, puis le tapis de mes potes.
J'étais mi-SDF, mi-clébard.

J'avais encore un peu d'argent, mais avec ma situation actuelle (pas de job), impossible de trouver un appart. Bref.

Puis un matin, j'allais chercher du pain, quand je vis une annonce collée sur la vitre de la boulangerie, avec un numéro :

« À louer. 2 pièces 50m2. 12ème arrondissement. 750 euros CC. Non fumeur.
Le locataire doit être en bonne santé ».

Étrange, « en bonne santé » Pourquoi ?
J'ai cru que c'était une blague, en plus le prix était excessivement bas pour un appart à Paris. Mais dans le doute, j'ai pris la feuille pour que personne d'autre ne me devance.

J'ai ensuite appelé le numero. Un gars qui avait un accent d'origine inconnue, à vite décroché. Un peu trop vite d'ailleurs. Comme s'il attendait que ça.
Il me proposa de passer dans la journée. Parfait.

J'arrive dans l'immeuble, il était petit, 3 étages dans une cour isolée. C'était calme. Je m'attendais à voir une file de locataires potentiels, mais non.

Et c'est donc là que je rencontre Mr K. Le propriétaire de l'immeuble. La source de mes angoisses.

La raison pour laquelle j'écris tout ça.

Il a entre 50 et 60 ans je dirais. Il porte une tenue de sport mais ne semble pas en faire. Un look « riche mafieux beauf ».

Il parle doucement, parfois il fait de longues pauses. Il respire fort aussi.

Lui: Merci d'être venu.

Moi: Merci à vous.

Lui: Mon plaisir.

Il traduit l'expression « My pleasure » en français.
Qui fait ça sérieux ?

Bref. Mr K commence son interrogatoire dans le couloir.
Après m'avoir posé 2-3 questions, il s'est mis à matter le vide pendant plus de 5 secondes.
Soit il pense à comment me foutre dehors, soit il fait un AVC.
Je sais pas ce que je préfère.

« Vous prenez de la drogue ? »

Je suis surpris. Un instant, j'ai cru qu'il m'en proposait, mais je vois dans ses yeux que pas du tout. Alors je dis « non ».
Je rajoute même un « pfff » pour renforcer mon dégoût. J'ai fait du théâtre en 6ème.