Théo numéro 1

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Comment l'expliquer... on peut dire que ma vie amoureuse est relativement simple tout en étant complexe.

Je l'ai déjà dit : je suis un paradoxe.

Premièrement, ma vie amoureuse est un désert. Célibataire depuis mes premiers jours.
Cependant, je suis un vrai cœur d'artichaut : j'ai très souvent des crushs. Entre un et deux par année scolaire, car oui, je compte en me basant sur le calendrier septentrional (si ça se dit comme ça). Bref, celui qui commence à chaque rentrée.

Après le collège, lors d'une après-midi fort ennuyeuse, avec Ninon, nous parlions amourettes. Plus la discussion avançait, plus un schéma se dessinait. Il concernait le prénom de mes crushs.

Tous possédaient les quatre mêmes lettres dans le même ordre et placées au début : T H É O. La plupart du temps, elles se suffisaient à elle-même et à l'époque, elles n'étaient jamais suivies.

J'avais eu cinq intérêts amoureux au collège, répartis sur trois années. La cinquième était éliminée des comptes, puisque mon cœur était bien assez brisé par mes amitiés ratées qu'y ajouter de l'amour aurait été désastreux.

Cinq Théo. Différents sur bien des points.

De là était née "La théorie des Théo", intitulée par Ninon elle-même. D'après elle, quelque soit le contexte ou la personne, je ne m'intéressais qu'aux Théo.

Venons-en au fait. Devant nous, Victoire et moi, assises en terrasse, vient de passer le premier Théo de la théorie.

À l'époque celle-ci n'existait pas, et c'était la première fois que je m'intéressais à un garçon. La primaire ne comptant pas car j'étais autant amoureuse de mes camarades de classe que du Chapelier Fou d'Alice aux pays des merveilles (oui, celui de Johnny Depp) ou encore de Valtor dans les Winx. Rien de bien glorieux et encore moins sérieux en somme.

Le premier Théo... c'était en sixième. Ça a commencé avec la chorale du collège à laquelle je m'étais inscrite avec Ninon. Un beau jour, on a fait des auditions pour un solo. D'un côté les filles, pour l'héroïne de l'histoire et de l'autre, les garçons pour le héros. Il s'était présenté et il avait chanté. Sa voix avait touché mes sentiments et mon cœur. D'un seul coup, mon regard sur lui avait changé. Je le trouvais attirant, plus beau, différent.

Une de mes nouvelles amies de l'époque avait trouvé ça hilarant parce qu'elle le connaissait. Elle m'avait expliqué qu'en apparence il était gentil et sympa, mais qu'en réalité, il pouvait être mesquin. Je ne l'avais pas vraiment crue. Sans compter qu'elle s'était moquée de ma pomme quand je lui avais dit que j'étais amoureuse de lui.
Après ça, et quelques autres crasses, on ne s'est plus jamais parlé.

Quant à Théo, il était amoureux d'une autre fille et il a fini par sortir avec elle. Une chance pour lui, un cœur abîmé pour moi.

Les années ont passé, et j'en ai entendu parler à nouveau l'an dernier. Il a un peu mal tourné à vrai dire.

Je recontextualise. Jour du Père Cent, cent jours avant le bac. Bien entendu, tous les terminales des lycées du coin avaient prévu de célébrer dignement l'événement. Concours de déguisements et défilés dans les classes le matin, et l'après-midi, on pouvait descendre en ville pour aller profiter avec les autres lycéens. Je n'y suis pas allée, et mes potes de l'époque non plus. Il faut savoir que ce jour-là, de nombreux œufs, tubes de ketchup, paquets de farine et flacon de mousse à raser finissent sur les futurs bacheliers. Or, j'avais passé pas mal de temps sur mon costume et je ne voulais pas l'abîmer. Et puis, moi et la sociabilité en général...
Des gens de ma classe y sont allés cependant, et ils avaient bien des histoires à raconter en revenant.

Les rumeurs racontent qu'un groupe de lycéens ont été attrapés par la police en raison de leur manière bien à eux de mettre en avant leur nudité. Je laisse l'imagination faire son travail pour ce que cette formulation des choses implique dans la réalité.
Et maintenant, passons à la grosse surprise que j'aie eu : mon premier Théo en faisait partie.

Ninon et moi nous sommes demandés par la suite ce qu'il lui avait pris, mais surtout comment le garçon innocent sur lequel j'avais eu un crush, avait pu changer à ce point.
Ma meilleure amie a bien ri ce jour-là, quand elle a fait le lien entre les deux. Elle savait pertinemment que je n'aurais jamais rien ressenti pour un garçon pareil et voir l'évolution de son comportement, l'amusait.

Ninon est la seule personne à connaître la théorie des Théo, et elle préfère en rire. Moi aussi. Quand elle est là. Je serais bien incapable de m'en débarrasser aussi facilement. Elle me colle à la peau et elle finit toujours par se réaliser, même quand j'essaye de faire autrement.

Elle est mon ombre, ma part de noirceur : indissociable.

Enfin voilà, quelques secondes et un passant. Ça a suffi à me rappeler mes erreurs de collège. Car le premier Théo était une lubie de passage, comme le suivant sur la liste. Mais ça, c'est une autre histoire.


Je vous propose un nouveau chapitre alors que je n'ai pas écrit depuis plus d'une semaine.

Entre la réécriture d'Un rayon de ciel et la maladie, j'étais occupée.

On verra quand je reprendrai.

J'espère que cette mise en bouche de la théorie vous a plu.

Est-ce que vous aussi vous avez eu des crushs débiles comme Francine ?

La THÉOrie de Francine [SOUS CONTRAT D'EDITION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant