Et puis un soir...

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Et puis un soir, il est rentré à la maison saoul. Je me suis permise de lui faire la morale en le voyant dans cet état. Dans un sale état. En réalité, c'était surtout parce que je m'inquiétais pour lui.
Mais ça, il refusait de l'entendre.
Il s'est approché de moi, et je n'ai pas eu le temps de réagir. Mon front, mon nez, se sont retrouvés écrasé sur le bois bien trop dur de la table. Il m'avait pris par les cheveux et m'avait cognée ainsi.
J'ai hurlé.
«La ferme salope ! T'as rien à dire ici, t'as absolument rien à dire. T'es qu'une traînée.»
Je n'ai pas répondu, pour éviter d'empirer mon cas.
Mais les coups se sont enchaînés. Il a recommencé plusieurs fois jusqu'à me jeter par terre et à me frapper dans le ventre, dans les côtes.
Je ne me défendais pas. Je n'en avais pas la force. Il m'avait presque assommée avec le deuxième coup.
Les insultes se sont également enchaînées. Les humiliations aussi. Le rabaissement.

T'es qu'une chienne.

T'es qu'une salope.

Une traînée.

T'as l'air d'une fille sur le trottoir. T'aurais fini comme ça si je t'avais pas ramassée comme la merde que tu es.

Salope.

T'as rien à dire ici. T'es trop faible pour ça.

Si j'arrête de te frapper c'est pour te garder en vie. J'ai encore besoin de toi. Ménagère.

J'ai compris que moi, la seule chose que je pouvais, et que je voulais frapper c'était mon sac de frappes.

Je suis restée sur le sol, entrain de pleurer. Et il m'a laissée là, de longues heures. Je n'osais plus bouger.
C'est après avoir dessoûlé qu'il m'a doucement pris dans ses bras. Il a retiré les cheveux qui étaient collés sur mon visage à cause de mes larmes, et il m'a regardé dans les yeux. Je n'arrivais pas à déceler quelque chose de son regard, mais je ne voyais pas de colère. Il ne voulait pas me frapper à nouveau. Pourtant, j'ai essayé de me débattre. J'étais terrorisée.
- Je..., c'est lui qui brisait le silence. Lucy... Pardonne-moi, je t'en supplie...
J'ai fermé les yeux pour lui répondre. Il a soupiré et m'a portée jusque dans le lit. Il m'a laissée. J'étais épuisée et pourtant je me sentais incapable de pouvoir dormir. Je me sentais incapable de lui faire confiance.
Mais, je l'entendais frapper dans le sac de frappes un long moment. Puis, je crois qu'il a frappé dans le mur, puisque j'ai entendu un bruit sourd puis un cri de sa part.
J'étais encore plus terrifiée à l'idée de croiser son regard ou de sentir sa présence. Trembler comme une feuille me semblait être l'expression idéale pour ce qu'il se passait dans mon corps.
J'avais si peur.
Maman, pitié, viens me sauver...
Et pourtant, je me suis endormie.

LucyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant