Le Hurlement

Chapitre 16

Eileen avait retrouvéses compagnons dans leurs appartements. Elle conservait une étrangeimpression de sa courte rencontre avec cet Hurlan Yien, qui lui avaitlaissé un goût amer dans la bouche. Elle accepta donc avecempressement le thé offert par Dan.

Tandis que le trappeuret son père adoptif discutaient de leur interrogatoire, la jeunefemme se laissait aller à d'autres pensées. Le liquide chaud ne laréconfortait pas beaucoup et elle ne pouvait s'empêcher de songeravec tristesse qu'ils étaient enfermés ici pour un moment. Toutcela parce qu'ils arrivaient au moment où le régent se faisaitassassiner, chose tout à fait improbable. En attendant, le palaisavait beau être immense, elle avait la sensation d'être l'un de ceslapins qu'elle capturait parfois dans la forêt Pourpre. Ni Eno niDan ne semblaient remarquer à quels point ils étaient de vulgairesprisonniers. La jeune femme commençait à regretter sa décision dequitter la tranquillité de la forêt. Après tout, depuis le début,cela ne leur avait apporté que des problèmes.

Cette impressiond'étouffement ravivait son désir de retrouver Mélodie. Elles'était pourtant presque résignée, s'apercevant de la difficultéque d'éventuelles recherches représentait et surtout, de la faibleprobabilité qu'elle soit encore en vie. Mais sa frustration liée àleur nouvelle situation lui donnait envie d'enquêter, malgré le peud'espoir qu'elle entretenait. Au moins, ça lui faisait uneoccupation, qu'importait le résultat.

Elle se redressa dansson fauteuil, but une nouvelle gorgée du breuvage chaud et vrillases pupilles émeraudes sur Eno. Il finit par s'apercevoir qu'elle lefixait avec insistance et haussa un sourcil interrogateur.

– Je voulais...commença-t-elle.

– Oui ? l'encourageason père adoptif.

– On pourrait profiterd'être coincés au palais pour chercher Mélodie, non ?s'enquit-elle finalement.

Eno échangea un regardgêné avec le trappeur puis il se tourna vers la blonde :

– Eileen, on en parlaità l'instant, on peut pas sort...

– J'ai bien dit« coincés », le coupa-t-elle, agacée.

– Tu n'avais pas ditque tu arrêtais les recherches ? releva son tuteur.

– Si mais... comme on arien à faire, je me disais que je pouvais toujours interroger desgens dans le palais, me renseigner un peu, on sait jamais après toutet puis on risque rien.

Il secoua la tête.

– Ce n'est paspossible, marmonna-t-il dans sa barbe, en baissant les yeux.

– Quoi ? sursauta lajeune femme, qui était trop concentrée sur l'idée de retrouverMélodie pour remarquer l'attitude étrange de son tuteur.

– Ce n'est paspossible, répéta-t-il.

– J'avais entendu lapremière fois, grinça Eileen.

Il avala une nouvellegorgée sous le regard mal à l'aise de Dan, qui assistait à lascène sans oser prendre la parole, considérant sans doute qu'iln'avait pas sa place dans la conversation.

– Au cas où t'avaispas écouté – et je sais que t'as pas écouté – on a un petitproblème, énonça enfin Eno du bout des lèvres, parlant toujoursd'une voix basse et monocorde.