1ère lettre

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Chère Charline,

Je ne suis pas très jolie, même plutôt quelconque. Pas spécialement très intelligente et je n'ai pas d'humour mais je fais de mon mieux pour divertir.
Je suis pas l'une de ces filles que toutes les autres filles envient. Je ne me démarque pas. Je suis qu'un point noir au milieu de la foule.
Ce soir, je suis chez moi. Alors que je regardais des photos de moi quand je n'étais encore qu'un bébé, je me suis retournée, j'ai fixé mon regard à travers mon reflet qui apparaissait dans le miroir. Et je me suis demandée à partir de quand tout avait basculé? Quand avais-je cessé d'être heureuse?
J'essaye de me souvenir de comment était le monde quand j'étais petite. Sous mon regard d'enfant insouciante. Le monde ne représentait presque rien. Je jouais avec mes copines et je collectionnais des fiches Diddl dans un porte vue. On jouait à l'élastique ou bien à la corde à sauter. Je m'habillais en robe uniquement pour la photo de classe puis lorsque je suis rentrée au collège, le mercredi était devenu le synonyme de la journée jupe ou robe pour mes copines et moi. Je regardais la Star'academie et j'étais éperdument amoureuse de Grégory Lemarchal. J'imitais Brice de Nice pour casser mes parents, je faisais semblant de chanter anglais sur les musiques de Rihanna alors que je ne comprenais pas un mot. Je regardais mon âge au fond de mon verre à la cantine et le plus vieux devait aller chercher de l'eau. Je me souviens que j'avais toutes les cassettes des classiques de Walt Disney et que tous mes copains se moquaient de moi parce que je disais « crocrodile » et blibliothèque ». Lorsque je traversais un passage piéton, je marchais uniquement sur les bandes blanches pour ne pas me faire attraper par les méchants. Je disais « pouce » pour mettre pause un jeu quand j'étais en train de perdre à un jeu. Les bisous magiques faisaient disparaître tous mes bobos et soucis.

Je me souviens, quand j'étais petite, je voulais grandir et rentrer dans le monde des grands.

Cependant, depuis que je m'y trouve, je ne m'y sens pas heureuse. Je ne me sens pas à ma place. Plus j'avance et plus je veux retourner dans le monde de l'insouciance...

Aujourd'hui, je commence mon premier jour de travail. Et c'est aujourd'hui que je te rencontre pour la première fois. Ton visage me semble familier. La façon dont tu as de me regarder, de plonger ton regard dans le mien ne me paraissent pas étrangères.

As-tu ressentis toi aussi, cette étrange sensation? On aurait dit qu'une sorte de connexion s'établissait entre toi et moi....

CP

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