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2ème lettre

Chère Charline,

Je réussis à retenir mes larmes jusqu'à maintenant. Les autres m'appellent depuis le début, mais je fonce dans le désespoir. Et c'est là que je me mets à pleurer pour de bon. Cette fois, c'est fichu. J'ai tout gâché. À supposer que je n'ai jamais eu l'ombre d'une chance. Elle s'est envolée en fumée il y a bien longtemps. Que va t-on faire de moi ?

"On sent un vrai chagrin dans ta voix."
Je me souviens de ce soir là où tu es restée sur le parking du travail pour attendre avec moi ma maman qui venait me chercher. On avait parlé. Et c'est à ce moment là que j'ai compris que l'on n'était relié par quelque chose d'inexplicable et que je pouvais te faire confiance. Tu as aussi ajouté que je n'étais plus comme avant. Que j'avais perdu tout entrain, et toute joie de vivre. Que les étoiles dans mes yeux ne brillaient plus. Et que ces derniers étaient gonflés et rougis par les pleurs. J'avais désormais le regard voilé de tristesse.

Je ne sais plus quoi penser.

C'est vrai que le matin, je me lève sans savoir où je vais, que j'ai la sensation que ce monde n'est pas le mien, et que je n'ai pas ma place ici.

Et puis le temps? Il est, il n'est plus. Il était, il va être. Veut-on le retenir? Il est mort à jamais. Mais pour jamais aussi, il est prêt à renaître. Il meurt toujours, toujours il naît. Le temps passé et nous passons avec lui. Les choses passent aussi. Du futur au présent. Du présent au passé. Ça marche qu'ainsi, toujours dans cet ordre. Le passé est passé mais il y a des choses qui ne passent jamais vraiment...

C'est la toute la mécanique impalpable de la vie. L'être humain reste dans l'incompréhension. Un jour il est heureux, un jour il est malheureux. Et il oublie que lorsque tout va mal, il faut s'occuper de soi car il baisse les bras, sans garder espoir. C'est alors qu'il sombre dans le noir, et que sa vie devient irréversible.

CP