Partie I, 3

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Notre vie continuait, notre quotidien ne changeait pas. Nous réussissions à vivre notre vie. On savait rire, et vivre comme une petite famille normale. Ces moments étaient juste courts et peu nombreux. Nous adorions faire des crêpes. Les crêpes de Maman, c'était ma surprise préférée.

Ces moments d'éclats de joie n'étaient malheureusement que cela, des éclats.

Ce soir là, tout changea radicalement pour nous alors que je rentrais de l'école avec mon père, je posai mes chaussures dans le meuble de l'entrée, ma veste et mon cartable. Je me dirigeais vers le salon et vit maman, elle était triste, ses yeux étaient rougis et bouffis par les larmes, que lui-avait-il fait ? Il ne semblait pas avoir bu pourtant. Je lui fis un câlin et voyant une lettre sur la table, je me dirigeai vers celle-ci. Fière des progrès que j'avais fait en CP, je voulus lire la lettre seule, comme une grande.

Elle m'était destinée.

Je ne me souviens pas de l'intégralité des lignes mais certaines oui. « Luna », « je serais toujours avec toi, je te le promets » « tu es tout pour moi, mais je vais m'en aller » « ne pleure pas je t'en prie » « Maman qui t'aime ». Oui, elle m'a dit vouloir partir, en finir avec cette vie. J'allais rester avec mon père qui allait « bien s'occuper de moi » avait-elle écrit. Elle en était arrivée à un point impossible, elle n'y arrivait plus, elle n'en pouvait plus. Je lui ai sauté dans les bras en larmes dans le canapé, je lui faisais des câlins, larmoyante, elle pleurait. Elle s'est finalement levée, s'est dirigée vers la fenêtre prenant la chaise et ouvrant la fenêtre. Je la suppliai, l'implorai, m'accrochai. Elle voulait en finir, m'abandonner, me laisser seule, ici, avec lui. La lumière extérieure était si blanche. Je me suis accrochée, corps et âme à ma Maman. Je ne voulais pas qu'elle parte sans moi, si elle devait partir et bien je partais avec elle. Je ne voulais pas rester avec cet homme si méchant et vivre cette vie sans Maman. A force de plainte, de supplications et de larmes, elle est redescendue, elle a fermé la fenêtre et elle est restée.

Vous vous demandez peut-être où était mon père à cet instant ? Il était là, dans la pièce, spectateur du possible suicide de sa femme et de sa fille. A-t-il agi ? Pas le moins du monde. Oui, nous avions failli perdre Maman, mais elle est restée. Elle a continué à se battre, à vivre pour moi. Protéger quelqu'un jusqu'à mettre sa vie en péril pour sa survie.

Voilà ce qu'elle faisait : elle me protégeait.

ViolenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant