Titre de la partie

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Je viens de rentrer chez moi, complètement bouleversée par ce qui vient de se passer. Je ne comprends surtout pas pourquoi je les revois maintenant après toutes ces années.

La première chose dont j'avais envie c'était de prendre mon fils dans les bras et le serrer très fort comme si ma vie dépendait de cette étreinte.

Du haut de ses 5ans, Chems a tout pris de son père.
Chems avait les yeux de Khalil, il avait ses lèvres, ses fossettes, son sourire.
Khalil avait une de ces manières de s'assoir sur le tapis et Chems s'asseyait exactement pareil, ses pieds pliés.

Les seules choses qu'il a hérité de moi, c'était mes cheveux et mon teint, car oui Chems a énormément de cheveux.

5 bonnes années que je me suis construite une vie envers et contre tout ! En dépit des regards, des moqueries, des jugements. J'ai dû faire d'énormes sacrifices pour la survie de mon bébé qui, aujourd'hui est ma joie.

Mes débuts n'ont pas été faciles, j'étais partie avec uniquement ce que Marieme et Djamila m'avaient laissé et j'ai dû me battre avec cette somme. Avec un enfant c'était très difficile, surtout un nouveau-né, j'ai forcé jusqu'à vendre des petites choses devant chez moi pour vivre en attendant de trouver mieux.

Je faisais de la bouillie tôt le matin que je vendais avec des beignets. Ensuite, je mettais Chems au dos et on allait dans les écoles vendre du bissap et des biscuits aux enfants.
J'étais très bonne cuisinière donc j'ai rapidement fidélisé ma clientèle. C'est comme ça que de bouches à oreilles, j'ai élargi ma cible.

Petit à petit j'ai fait des économies et j'ai pu lancer un petit commerce d'habits qui a fini par s'agrandir et aujourd'hui, Chems et moi ne manquons de rien mashallah.

Oublier mon passé ? Je n'ai jamais réellement pu, tous les soirs avant de dormir, une petite pensée pour mon bébé parti avant son heure me hante l'esprit. Dans ces moments, une soif de vengeance m'envahît mais j'essaie de prendre sur moi et dans mes prières je remets tout à Allah.

Ma famille ? Aucune nouvelle depuis très longtemps.
Une fois, j'ai essayé de leur rendre visite à Ségou mais ils m'ont chassé comme une malpropre, sous les pleurs de ma mère qui malgré tout, n'a ou dire mots... je ne l'oublierai jamais !

Les seules personnes qui ont été là pour moi mais qui malheureusement je ne peux voir souvent, c'est Djamila et Amina. Leur prise de position en ma faveur leur a coûté beaucoup plus que ce qu'on espérait.
Elles ont été battues, insultées par leurs maris, leurs belles familles et certaines personnes de la famille. Elles ont payé pour une erreur qu'elle n'ont pas commise, la mienne. C'est pour cette raison que j'ai fait le choix de m'éloigner d'elles, afin qu'elles puissent avoir la paix dans leur foyer car elles le méritent.

Il arrive à Chems de me poser des questions sur ma famille, et quand il parle de son père, je ne peux m'empêcher de verser quelques larmes.
Tout ce que je lui ai dit, c'est qu'ils habitent très loin et qu'on ira bientôt leur rendre visite quand j'aurais réglé quelques problèmes au travail.

Parfois, il est si malheureux de voir les autres enfants avec leurs deux parents, qu'il refuse d'aller à l'école et se renferme sur lui-même. Je m'en veux tellement de l'avoir privé de ce bonheur, je prie tous les jours qu'Allah me pardonne.

J'ai une très grande maison maintenant et je vis avec Chems et Diouldé, une femme de l'âge de ma grand mère, que j'ai rencontré il y'a 2 ans dans la rue entrain de mendier, elle m'a tellement fait pitié que j'ai commencé à l'aider en sympathisant avec elle et j'ai fini par la prendre avec moi car on s'est lié d'affection, elle est devenue comme une mère pour moi.

Elle m'a beaucoup soutenu, souvent c'était elle qui gardait Chems lorsque je devais sortir travailler jusqu'à très tard pour qu'on se nourrisse. Des fois je me dis que c'est un petit ange qu'Allah a envoyé pour me réconforter car il avait écouté mes prières.

Nour : Le poids de mes erreursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant