À la pause de midi, je me retrouve au milieu d'un groupe de mecs et de filles sans trop savoir ce que j'y fous. Un peu à l'écart, je mange mon sandwich pendant que ma meilleure amie drague un peu trop sévèrement son crush du moment. Blasée, je la regarde faire en me disant que je ne serai jamais comme elle.
Ça pue l'amour ! Caroline est une fille super, mais dès qu'elle est en crush pour un mec, elle perd les pédales. Elle ressemble à ma mère, enfin, quand même pas ! Mais bon, plus rien ne compte que le gars sur lequel elle craque...
Corentin tente une approche. Avec son sourire de tombeur, il s'assied près de moi et me questionne :
— Ça va mieux ?
Je lève un sourcil en me retenant de lui dire que ce n'est pas parce que j'ai mes règles que je suis devenue débile. Cela dit, je reste aimable :
— J'ai mal à la tête, c'est tout.
Il me propose :
— Tu veux qu'on s'isole un peu ? Ils sont bruyants.
Je le vois arriver à des kilomètres à la ronde. Aussi, je décline :
— Je suis bien là.
Il s'humidifie les lèvres et tente autre chose.
— Il paraît que tu vas déménager.
Surprise, je lui réclame :
— Comment tu sais ça, toi ?
Il fanfaronne en posant son bras sur le dossier derrière moi.
— J'ai mon réseau d'informations.
Je pouffe :
— Ah, ouais ?
Je sens qu'il tripote mes cheveux dans mon dos. Je n'aime pas trop ça. Il déclare :
— Ouais, je m'intéresse à toi.
Moins subtile, tu meurs !
Je me retiens de lui coller un stop bien violent. Je souris.
— Sans déconner ?
Il rigole :
— Tu es sans pitié, toi !
Je hausse les épaules.
— Je devrais avoir pitié de toi ?
Son ego prend cher. Le sourire crispé, il rebondit :
— J'adore ton répondant, tu ne te laisses pas faire !
Je réplique encore :
— Parce que tu veux faire quoi au juste ?
Il encaisse en éclatant de rire.
— Tu es une killeuse !
Il se lève, secoue son sandwich et file en douce avant que je ne le mette complètement en pièces. Caroline me fait les gros yeux à distance. Je lui fais un très discret doigt d'honneur. Aussi, elle me rejoint comme une furie et me tire loin du groupe. Dès qu'on est à quelques mètres, elle me grogne :
— Tu lui as mis un stop ?
Je pouffe :
— Même pas...
Pas très contente, elle me reproche :
— Tu as dix-sept ans, merde ! Lâche-toi un peu !
Je me rebiffe aussitôt :
— Me lâcher ? Ça veut dire quoi au juste ? Je dois me taper le premier con qui veut sortir avec moi pour paraître plus cool ? Moi, j'appelle ça vendre son corps !
Ma meilleure amie ne sait pas quoi répondre. Elle bougonne uniquement :
— Personne ne te dit de faire la pute, hein ? Tu pourrais simplement te laisser un peu aller, flirter et plus si affinités !
Je m'en amuse :
— Ce n'est pas ce que je viens de faire ?
Elle me souffle :
— Flirter, ce n'est pas traumatiser un mec !
Je glousse :
— Tu trouves que je l'ai traumatisé ? Il est en train de rigoler avec ses copains.
Elle affirme :
— Tu déconnes ? Je n'ai pas besoin de savoir ce que tu lui as dit pour deviner que tu l'as envoyé chier. Ça se voyait sur son visage quand il s'est levé.
Je croise les bras.
— Il est lourd.
Elle déclare :
— Il essaie d'attirer ton attention.
Je lève un sourcil.
— Eh bien, ça ne fonctionne pas...
Caroline me pointe avec son sandwich.
— Je te jure ! Tu es désespérante ! Je te souhaite de tomber amoureuse du seul gars que tu ne pourras jamais te taper, tiens ! Comme ça, tu comprendras ce que ça fait de se faire jeter par la personne que l'on aime !
J'ironise :
— Mais vous avez quoi avec l'homme invisible ? Ce mec n'existe pas !
Ma meilleure amie abandonne face à ce nouveau K.-O, elle marmonne :
— Cœur de pierre !
Elle repart vers son crush du moment en étant furieuse contre moi. De mon côté, je profite de la distance que l'on vient de prendre pour relativiser tout ça.
Moi, tomber amoureuse ? Cela n'arrivera jamais. Je ne veux pas me retrouver comme ma mère, totalement dépendante de l'amour d'un homme. Franchement, ça me fait pitié de la voir courir après les mecs depuis des années. Je ne sais pas si son « François » va mettre un terme à la longue série d'amants qu'elle s'est tapé, mais moi, je ne souhaite pas être comme ça. Je désire être une femme forte et indépendante. Si je veux un mec, je me le ferai, point barre. Il n'y aura pas d'amour dans mon cœur. Je ne veux jamais avoir à pleurer comme elle l'a fait des dizaines de fois parce qu'elle s'est fait larguer. Je ne souhaite pas connaître cette douleur d'être rejetée. Ouais, je n'entends pas expérimenter l'amour et ses travers...
Mélancolique, je jette un œil au profil de mon futur demi-frère provisoire. Tout ce que j'y vois me confirme que les mecs ne sont pas faits pour moi. Du moins, que je ne veux pas aimer et être blessée.
Il a l'air de s'éclater dans sa vie. Il n'est jamais avec les mêmes filles. Franchement, ça va être l'enfer de vivre avec un gars comme lui. Avec ma chance, il va ramener des nanas à la maison. Entre les vieux et lui, je vais me retrouver à tenir la chandelle. Quelle horreur !
Je grimace en voyant une photo de lui torse nu.
Sérieux ! Je vais vraiment devoir vivre avec ce stéréotype du mâle qui couche avec tout ce qui bouge ?
Pour ne pas attirer trop l'attention, je retourne auprès du groupe et je termine mon sandwich en observant mes semblables avec un brin de dépit.
Corentin rêve que je le remarque.
Caroline ferait tout pour que ce gars la remarque.
Et moi, je ne cherche l'attention de personne. Je veux vivre librement sans suivre les règles ou les codes. Je suis jolie, et alors ? Je ne m'arrange pas pour les mecs, mais pour moi-même. Je suis froide ? Je suis une killeuse ? J'ai un cœur de pierre ? Si quelqu'un était fait pour m'aimer, il ne chercherait pas à me changer et il m'accepterait telle que je suis. Mais ce genre de mec n'existe pas et je n'ai aucune envie de m'adapter à l'idéal que l'on attendrait de moi...
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Pour ne pas t'aimer [Edité]
Teen Fiction« Ils doivent se détester à tout prix... » RÉSUMÉ : Depuis son enfance, Audrey a cessé de compter le nombre d'hommes que sa mère lui a présenté. Alors, quand elle lui annonce que cette fois-ci, elle a trouvé le bon, elle est sceptique. Elle accepte...