Je déteste les déménagements ! Depuis une semaine, je remplis des cartons et j'emballe ma vie comme si tout n'était que des objets sans âme et sans histoire. Et tout ça pour quoi ?
J'émets un long soupir quand des petits coups sont donnés à ma porte. Je lève les yeux pour voir que Noah est visiblement arrivé. Il me demande de but en blanc :
— Besoin d'aide pour ranger tes petites culottes ?
Je ricane :
— Va te faire voir.
OK, le ton est donné. Je sens que ça va être compliqué de vivre avec un con pareil !
Cela dit, il entre dans ma chambre, enfin, elle ne le sera plus dans quelques heures. Du regard, il balaie les cartons et s'en amuse :
— Pourtant, tu as l'air d'avoir besoin d'un coup de main.
Il ouvre le premier tiroir de ma commode, mais je le lui referme presque sur les doigts. Il s'écrie :
— Hé ! Doucement ! Je déconnais !
Maman passe près de la porte et nous interroge :
— Tout se passe bien ?
Du coin de l'œil, on se met d'accord. J'affirme :
— Oui, Noah va commencer à descendre mes cartons.
Il fronce les sourcils. Elle continue sa route. Et moi, je fais un discret doigt d'honneur à mon demi-frère provisoire. Il sourit.
— Tu es une vraie petite vicelarde, toi !
Je commente :
— Et toi, un gros pervers !
Je lui désigne les cartons en battant des cils.
— Toi qui voulais aider... Rends-toi utile.
Comme on ne se connaît absolument pas puisqu'on s'est simplement croisés le jour où mon univers s'est encore effondré, c'est notre première conversation face à face. Noah met les mains dans ses poches et fait de la psychologie de comptoir :
— OK. Tu n'es pas contente de la situation, c'est ça ?
Je me plante devant lui et je croise les bras.
— À ton avis ?
Il me rappelle :
— On est dans le même bateau.
Je rectifie :
— Ne te fais pas de films, je ne serai pas ta « petite sœur » adorée.
Noah pouffe :
— Pour une gamine, tu as la langue bien pendue.
Je le gratifie d'un nouveau doigt d'honneur.
— Dégage, j'ai du boulot.
Plutôt amusé que contrarié, Noah ramasse un carton et me lance :
— Tu as quel âge déjà ?
Le nez dans mes affaires, je ne réponds pas. Il déduit :
— OK, comme tu veux, j'essayais juste d'être sympa.
Il quitte ma chambre et je me précipite vers mon tiroir à sous-vêtements pour le vider avant qu'il réapparaisse. Seulement, ce crétin revient sur ses pas et m'interroge :
— Heu... C'est fragile ?
En me trouvant avec une pile de soutiens-gorge et de culottes dans les bras, il commente :
— Très classe...
Je ne suis pas du genre à rougir. Pourtant, je me sens tellement conne que je ne sais plus où me mettre. Je bougonne :
— Ce n'est pas ce que tu crois.
Il me souffle :
— Trop mignon ! Tu rougis ?
Je ne sais pas pourquoi, mais je lui expédie un soutien-gorge à la figure. Malheureusement, il atterrit sur le carton. Il l'abaisse un peu et commente :
— Jolie taille de bonnet. Ni trop ni pas assez.
Je fonce vers lui et je le récupère au péril de tout faire tomber, ce qui ne manque pas. Tous mes dessous se retrouvent sur ses pieds. Il part en fou rire tandis que furieuse, je me dépêche de tout ramasser en l'insultant à voix basse :
— Et ça te fait rire, pauvre con !
Maman repasse et nous lance :
— Vous vous amusez ? C'est super !
J'ai simplement envie de le tuer en le pendant à la porte avec l'un de mes soutiens-gorge. Cependant, je fais profil bas après cette atroce humiliation. Noah ose me dire :
— Tu vois, tu aurais dû me laisser les ranger !
Je me redresse en le fusillant si intensément du regard qu'il me charrie encore :
— Je sens que ça va être drôle de vivre ensemble...
Je mets tout dans un carton tandis que mon cœur bat à s'en rompre. J'essaie tant bien que mal de l'ignorer, malheureusement, il me réclame :
— Tu ne m'as pas dit, c'est fragile ou pas ?
Je lève les yeux au ciel puis j'inspire profondément pour regagner mon calme. Il me surprend d'un souffle près de mon oreille :
— Je te parle.
Je sursaute. On se rentre dedans. Du moins, je me cogne au carton, je marche sur son pied et je bascule en arrière. Noah me rattrape d'un bras.
— Doucement...
Lorsque mon regard plonge dans le sien, j'ai une seconde d'hésitation avant de le repousser.
— Dégage !
Je m'écarte tandis que blasé, il monologue :
— « Pardon, merci... » - « De rien, c'était gratuit... »
Je ne sais plus où me mettre, j'ai vraiment le cœur qui bat super vite quand je grogne :
— Fragile, c'est écrit dessus !
Noah s'éloigne, j'entends ses pas faire craquer le parquet du couloir. J'ai l'impression qu'un poids énorme me tombe sur les épaules. Je m'appuie contre le mur et je touche ma cheville que je me suis légèrement tordue.
— Merde...
Je souffle longuement pour me calmer. D'autant plus qu'il va sûrement vite revenir.
Pourquoi j'ai réagi comme ça ? Je passe vraiment pour une gamine. Mais en même temps, je m'en fous de ce qu'il pense ! Et pourquoi il me cherche comme ça ? Il croit que je suis sa copine ou quoi ? Il n'est rien de plus que le fils du mec que ma mère se tape en ce moment. Ça lui passera vite ! Oui, elle va vite se faire larguer ou aller voir ailleurs. Maman ne sait pas garder un homme. Elle ne sait que papillonner à droite et à gauche. Alors, tout ça, c'est juste une grosse perte de temps !
Pour cacher mon trouble, je me mets à ranger ce qu'il y a autour de moi. Quand il revient, je fais comme s'il n'était pas là. Noah n'insiste pas, il a beaucoup de cartons à descendre dans la camionnette que son père a louée. Je vais être tranquille un moment.
C'était quoi ça ? Comment peut-il être aussi familier avec une fille qu'il ne connaît pas ? Il n'a pas froid aux yeux, celui-là ! Je ne suis pas sa copine ! Et encore moins, sa « petite sœur » ! Alors, il a intérêt à arrêter ses blagues de merde, parce que je...
Je me mords la lèvre.
Je déteste les mecs comme lui, trop sûrs d'eux et de leur charme. Ce sont les pires ! De vraies merdes ! Ouais, ils prennent les femmes pour des objets, mais je ne serai pas le jouet de Noah, ça, c'est évident !
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Pour ne pas t'aimer [Edité]
Roman pour Adolescents« Ils doivent se détester à tout prix... » RÉSUMÉ : Depuis son enfance, Audrey a cessé de compter le nombre d'hommes que sa mère lui a présenté. Alors, quand elle lui annonce que cette fois-ci, elle a trouvé le bon, elle est sceptique. Elle accepte...