Instinct Paternel

37 - 28 juillet 1998

Dean était sérieusement en train de remettre sa santé mentale en question. Était-il en train de devenir fou ? Ou alors peut-être l'avait-on drogué à son insu pendant son déjeuner avec Claudia ? D'une manière ou d'une autre, en aucun cas ce qui se passait juste sous ses yeux ne pouvait être réel.

-Merde, papa, est-ce que c'est vraiment toi ?

D'un mouvement brusque, le jeune Winchester s'extirpa de la poigne que son opposant maintenait jusqu'alors sur lui pour l'immobiliser au sol et se releva sans détacher le regard de la silhouette encapuchonnée qui se tenait devant lui. Les genoux fléchis en position de combat et les mains en garde, il attendit patiemment que son adversaire se relève à son tour et dévoile enfin son identité.

-Je vois que t'en as perdu, gamin, lança la figure en retirant d'un simple geste la capuche qui lui cachait le visage. Je laisse mon fils, un chasseur expérimenté, vagabonder dans la nature à peine trois mois et je retrouve un lâche faible et négligent. Tu ne peux pas imaginer ma déception.

John Winchester dans tout son prestige se tenait fièrement devant lui, les traits durs et impénétrables. Après trois mois de séparation, n'importe quel père se serait élancé dans les bras de son enfant pour lui signifier à quel point il s'était ennuyé de lui, mais John Winchester n'était pas un père comme les autres, Dean en était la preuve vivante. Après l'avoir attaqué sans raisons et sans remords dans sa propre chambre de motel, il se contentait de le jauger froidement du regard, comme s'il s'attendait à ce qu'il agrée à ses injures.

-J'ai rien à te dire, papa, grinça le garçon en s'assoyant lourdement sur son lit. C'est toi qui m'as raccroché au nez après m'avoir très clairement fait savoir que t'aurais voulu que je meure, tu te souviens ?

-Je ne m'excuserai pas pour ce que j'ai pu te dire lors de notre conversation, même si c'est ce que tu veux entendre. Tu as déshonoré notre famille en t'alliant à ces monstruosités et j'ai cru bon de te laisser cogiter sur tes actes pendant quelques temps pour t'aider à retrouver tes esprits.

-Retrouver mes esprits ? Est-ce qu'on va vraiment ravoir cette conversation, dis-moi ? Gerard Argent a commencé à s'attaquer à des innocents, des gens qui n'étaient même pas des loups-garous, simplement pour atteindre un clan pacifiste qui n'avait jusqu'alors jamais fait de victimes ! S'il y a bien quelqu'un qui a déshonoré le code des chasseurs, c'est lui, alors n'essaie pas de me faire culpabiliser pour avoir essayé de sauver des vies.

La marque de la main de John s'estampa sur la joue de Dean avant même qu'il ait pu comprendre les intentions de son père. Il avait osé lever le ton devant lui et remettre ses instructions en question, ce qui ne lui était jamais ne serait-ce que passé par la tête à peine trois mois plus tôt. Personne ne faisait preuve d'insolence devant John Winchester sans en subir les conséquences, surtout pas son fils aîné...son petit soldat. Mais si le Dean d'autrefois aurait regretté son agissement sur le champ et se serait immédiatement incliné devant son paternel, celui qu'il était aujourd'hui ne fit que s'enflammer davantage face à un tel traitement.

-C'est la dernière fois que tu poses la main sur moi, tu m'entends ? s'écria-t-il en bondissant vers la porte. Je ne sais pas pourquoi tu es venu, mais si c'est pour me rappeler à quel point je suis un échec à tes yeux, ça ne vaut pas la peine que tu restes. Va-t'en et laisse ton abomination de fils derrière. On en ressortira gagnants tous les deux.

-Je ne partirai pas. Pas sans toi, du moins. Il est grand temps que tu reprennes tes engagements, mon garçon. Il n'y a rien pour toi dans cette ville paumée, alors reviens faire ce pour quoi tu es né.

-C'est toi qui as décidé que j'étais né pour chasser, j'ai jamais eu mon mot à dire là-dessus, mais c'est terminé maintenant. J'ai une vie que j'aime et que j'ai choisie, ici, et je ne l'abandonnerai pas simplement parce que tu me l'as demandé.