Chapitre 21

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Elle ne voyait plus, elle ne sentait rien. Est-ce cela la mort ? L'absence de douleur ? Si oui, pourquoi avait-elle attendu aussi longtemps ? Elle était bien, elle était au chaud. La douleur avait reflué, disparaissant de son corps. Dans cette position, elle aurait pu y rester pour l'éternité.

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La vague avait déferlé comme un raz-de-marée, submergeant toute la place. Seul les plus fort avaient pu rester debout, les autres étaient au sol, évanoui.

La voix de Luffy avait créé un tsunami de haki, rempli de celui royal. Il avait tout brisé, redonnant une chance aux pirates de remporter la guerre. Les deux bourreaux étaient tombés au sol, tandis que Sengoku avait reculé de plusieurs pas. Quand à Ace, elle avait disparu.

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Marco était à quelques mètres d'Ace quand la vague de haki royal le percuta. Sa puissance était incroyable, bien plus que celle de Shanks, elle était chargée d'émotions. Etrangement, au lieu de lui faire dévier sa trajectoire, Marco sentit son aura se renforcer, comme si la vague avait une volonté propre et souhaitait sauver la jeune femme.

Autour de lui, le temps sembla ralentir. Marco vit les soldats se faire balayer et il se posa devant Ace. Quand il toucha ses chaines pour l'emmener, elles se brisèrent sous la puissance, alors qu'elles étaient en granit marin. Sans se soucier d'avantage de cet étrange phénomène, Marco passa les bras de la demoiselle autour de son cou et décolla pendant que le temps reprenait sa vitesse normal.

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Sengoku ne comprenait pas ce qu'il s'était passé. En un instant, tout avait basculé. Sa victoire assurée était désormais une défaite éclatante et son seul gage de réussite avait disparu. Une ombre le survola, lui faisant lever les yeux vers le ciel. Là, au milieu des nuages, il brillait.

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Lorsque la clameur de haki mourut, le temps reprit son court naturel. Il continuait à s'égrener vers sa fin, immuablement, tel un sablier. Le sable s'écoule petit à petit jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien. A ce moment-là, il le sablier se retourne et le sable recommence sa chute vertigineuse, entrainant avec lui un nouveau temps, un nouveau moment, un nouveau rôle pour les protagonistes. Le personnage principal devient le secondaire, l'ennemi devient l'allié, l'ami devient le traitre.

La fin de la guerre, personne n'osa la raconter. Sanglante et meurtrière, elle l'avait été. Cris et larmes avaient abreuvé la place, offert par tous sans distinction. Quand, trois semaines après l'incident, Sengoku dut expliquer les événements, il resta longtemps silencieux face aux dragons célestes. Il était vouté, l'esprit brisé. En quelques mots, il avait expliqué la fin, les seuls prononcés, les seuls écrits, les seuls souvenirs de ce moment. Par la suite, elle fut nommée « la bataille oubliée » par les historiens. Des années plus tard, le ponéglyphe qui trônait au milieu de la place de Marin Ford était devenu une partie du paysage, un symbole du temps. Il n'était pas différent des autres, outre sa couleur. Le dorée du marbre le recouvrant brillait au soleil, à l'aube comme au crépuscule, nappant la place de mordorée. Le cube devenait alors transparent, brillant comme un diamant. A l'intérieur, il y avait cette silhouette indistincte, androgyne, les bras levés au ciel, les yeux fermés et le sourire aux lèvres.

Parfois, quand le soleil faisait la liaison entre le ciel et la terre, des chuchotements se font entendre. Ils sont tous indistincts et pourtant, en se concentrant bien, il s'agit d'un seul mot : « Ace ».

Marine [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant