5 chapitres. ✔
1976 - cinquième année des Maraudeurs
(dans le même style qu'《Orange Cannelle》)
Lorsqu'on apprend que quelque chose de dangereux s'échappe, que le gouvernement le recherche, mais que chez les Black, on touche le pouvoir du bout des do...
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1976 SQUARE GRIMMAURD
Sirius est allongé. Il est sur son lit. Les rideaux de son baldaquin sont noirs. Tout est noir dans sa chambre. Comme son nom de famille. Comme la couleur des âmes de ses proches. Peut-être Regulus fait-il une exception. Peut-être.
Tout est sombre, comme un thé froid. Il entend les pas de Kreattur. L'elfe poursuit docilement Walburga. Une ombre, vieille et silencieuse. Et comme un poignard à double-tranchants il regarde au-devant mais attaque à l'arrière. Sirius grimace. Il haï cette maison. Tableaux d'obscurité. Marchands de peine. Appréciteurs du mal. Fanatiques effacés du Lord des Ténèbres .
Sirius lève son bras. Il pointe son index, pâle et osseux vers le plafond. Le plafond qui comme le ciel de minuit, lui offre la nuit. Dehors, il pleut. Dehors, il fait nuit. Dehors c'est juillet. Les gouttes claquent contre la vitre. Elles brisent la continuité du verre pour former des ondes. Ondes de guerre et de chaos. Ça rigole comme des galets qui sifflent sous les ricochets. Comme l'eau qui tombe dans la baignoire en marbre noir.
Il observe quelque chose. Un petit squelette ailé. De dragon ? De dinosaure ? De chauve-souris ? Il ne sait pas. Il ne demande pas. Jamais. Mais au moins, ces petits os sont la seule lueur des environs.
Sirius fronce ses sourcils noirs et épais. Beaucoup à Poudlard disent qu'il est beau. Avec ses traits d'éphèbe, ses cheveux soyeux, ses longs cils fournis, ses yeux gris. Une finesse de statue antique, une barbe qu'il coupe avant sa floraison. Beau mais toujours un Black.
Il laisse retomber son bras. Il rebondit sur le matelas. Tout n'est pas noir dans sa chambre, finalement. Il a des posters rouge et or. Il a une écharpe de Gryffondor sur sa chaise. Il a des parchemins chiffonnés et beige. Une correspondance cachée. Il ne cesse de se demander : pourquoi est-il né du mauvais côté ?
Quinze ans à vivre ici. C'est comme une éternité qui ne s'écoule pas. Une comète prisonnière de la glace qui traverse l'espace. C'est un chant mélancolique, presque tribal. C'est une note de piano grave qui berce l'infini. Mais ce qu'il haï le plus, ce sont les vacances d'été.
Poudlard se termine. Il doit quitter James. Il doit quitter Remus. Il doit quitter la joie et les rires. Prendre ses affaires, monter dans un train. Se perdre dans la fumée de Londres. Rentrer dans une maison qui le regarde comme un étranger.
Parfois, ça lui donne envie de vomir. De quoi ? D'écouter les conversations de ses parents. Les avis de sa famille cinglée autour d'un dîner. Parfois, il ne peut s'empêcher de fermer les yeux. Pourquoi ? Pour retenir ses larmes. Sa frustration. Sa colère. Son rejet.
Il se sent comme une étoile polaire. Une étoile à qui on demande d'être un trou noir. Mais qui veut être comme le soleil.
Sirius s'arrête de penser. Quelqu'un monte les marches. Il a envie de transformer les pas en bruit de tambour. Une orchestration de déni. Mais c'est impossible. On toque à sa porte, on ouvre le battant sans attendre sa réponse.
C'est son frère. Il lui ressemble. Son visage est plus pâle, ses traits plus timides, son feu de révolution plus éteins. Il est bien habillé. Gilet de soie, costume sombre, noeud papillon vert. Le parfait Serpentard.
- Sirius, lance sa voix étouffée, un peu blasée - les invités sont là. Mère te demande de descendre, immédiatement.
- Je ne veux pas.
- Personne ne te demande ce que tu veux.
- Comment peux-tu les supporter, Regulus ?!
Son frère le regarde sans transmettre ce qu'il ressent. Il ouvre la porte en grand. Il le convie à venir. Vite.
- Tu te plains, mais tu ne sais rien. Un silence. Tu viens ou tu veux vraiment que mère vienne te chercher elle-même ?
Sirius claque sa langue. Il roule vers l'avant. Avale sa rancœur et ajuste son noeud papillon rouge et or.
