.1.

11 1 3
                                    

24 Décembre 2017, au soir.

Les relations ressemblent un peu aux êtres humains, elles possèdent également une fin, elles sont porteuses d'exceptions. Ce soir-là, je ne me doutais absolument pas de ce qui allait se passer. Peut-être que si j'avais eu le pouvoir de savoir, je serais restée chez moi ? Peut-être que j'aurais pu éviter ça ?

A vrai dire, je me souviens de tout. Je devais rejoindre la maison de mes parents pour y fêter Noël. Cette soirée s'annonçait déjà génialissime puisqu'il y avait ma famille, Andrew mon petit ami et Emilie ma meilleure amie. Tous mes proches étaient réunis et évidemment, il avait fallu que je sois en retard, à cause d'une sieste incontrôlée qui avait duré plus longtemps que prévu.

C'était donc en vitesse que j'avais dû me préparer. Une chance que je sois une femme peu maladroite où je serai tombée dans l'escalier une dizaine de fois suites aux nombreux allers-retours que j'avais fait en courant.

Ce soir-là, j'avais donc pris la route sous une pluie torrentielle. J'avoue que la neige pour cette fête religieuse aurait été la bienvenue, mais la route aurait été bien plus dangereuse, donc la pluie, bien que je déteste ça, ma bien rendu service. Du moins, c'est ce que je croyais.

La vie, elle, ma empêchée de fêter une dernière fois Noël.

Jai fermé une seconde les yeux et quand je les ai rouverts, il faisait si sombre, impossible de voir ou distinguer quoique ce soit. Il faisait également si froid, et je n'entendais absolument rien. Je me suis longtemps demandée où je me trouvais, et où était passée ma voiture avant de me dire que cet endroit où j'avais atterri été sûrement la mort ? Je pensais, ou plutôt, j'espérais, à ce moment précis, qu'il y'ai vraiment une vie après la mort, ou que je puisse me réincarner, pourquoi pas ? Et pourtant, non. Je suis restée là, dans cet endroit vide de tout, silencieux comme nulle part ailleurs et plus sombre que le charbon. Je suis restée là, tellement longtemps.

Joyeux Noël Madeleine.

La seule chose que je pouvais faire, était d'imaginer mes proches. Je me suis donc mise à voir des scènes que mon cerveau créé pour moi : je voyais ma mère garnir la table de nourriture, sans fin, je voyais mon père taquiner Andrew et Emilie m'appeler pour savoir où j'étais. Et je voyais cette scène en boucle imaginant par la suite des cris et des pleurs face à la nouvelle de ma mort.

Projet zéro déchet gâché en ce réveillon de Noël.

D'habitude, on fait en sorte de garder les restes au frais ou au congélateur, ou alors, avec ma maman, on va parfois les donner à des associations ou aux SDF de notre ville : on peut aider alors on le fait, enfin faisait. Mais ce soir, ils ne toucheront sans doutes à aucun plat de maman, par ma faute, ou peut-être pas ? Je ne me souviens pas de comment je suis arrivée là. Je ne me rappelle d'aucun impact, d'aucune douleur, j'ai juste fermé les yeux et je suis arrivée ici.

J'espère que c'est la police qui ira les chercher pour venir me rejoindre à la morgue, ils seront trop secoués pour conduire. Emilie et ses problèmes de respiration, j'espère qu'elle ne fait pas de crise en ce moment même.

Si c'est ça la mort, c'est décidément un vrai calvaire. Peut-être que notre âme ne meurt jamais ? Ça expliquerait pourquoi je suis là, dans ce monde. Il fait si froid, et je ne peux pas bouger pour essayer de trouver un peu de lumière. Mon visage est humide, pourquoi ? Il pleuvait dehors non ? Peut-être que je ne suis pas encore morte, mais que je suis justement entre la vie et la mort et que, en attendant, je suis coincée là ? Cette perspective me parait assez idyllique mais, y croire m'empêchera de devenir complétement tarée. Ou peut-être que jai rêvé de m'être réveillée de ma sieste alors que je suis toujours sur mon canapé, et que je vais bientôt sortir de ce cauchemar ? Cette explication est encore plus folle que l'endroit où je me trouve, mais, l'espoir fait vivre à ce qu'on dit.

Regarde moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant