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10 mai 2018.

Cela fait désormais 5 mois. 5 mois que je jongle entre mon travail, mes quelques amis, ma famille et 2 mois pour Elle. Je ne la connais que depuis peu mais sa situation m'a rendu malade. Il faut que je vous explique, vous allez comprendre mais pour ça, revenons quelques temps avant.

24 décembre 2017.

Ce soir-là était une des pires nuits de ma vie, pourtant, ça aurait dû être une nuit de partage, de rires et d'amour. Ma sœur, mes parents et moi étions réunis dans la maison où Caroline et moi avions grandis. La maison familiale était devenu un lieu de vacances pour elle et moi mais mes parents vivaient toujours ici.

Tout allait bien, ma mère était dans la cuisine en train de terminer ses amuse-gueules qui titillaient nos narines, mon père se chargeait d'ouvrir et servir le vin tandis que moi et Caroline dansions dans le salon. La musique et les rires étaient au rendez-vous, jusqu'à ce que Caroline, qui semblait aller très bien auparavant, s'effondra sur le sol de façon soudaine.

Papa et moi avons accouru vers elle, elle était inconsciente. Nous avons appelé les pompiers et nous avons passés la soirée à attendre, crainte à son apogée, à l'hôpital. On se demandait ce qu'elle avait eu si soudainement, un malaise peut-être ? Ou peut être que ces soucis de respiration s'étaient aggravé ? Nous n'en savions absolument rien et les examens des médecins étaient si long. Alors que ma famille et moi étions assis dans la salle d'attente du rez-de-chaussée, on pouvait voir toutes les arrivées à l'hôpital, et une, m'a sorti de mes pensées.

Le médecin parlait assez vite donc je n'avais pas pu entendre le nom de cette jeune femme qui avait apparemment eu un accident, mais il avait dit qu'elle était vraiment mal en point et que l'autre conducteur avait pris la fuite, étant responsable de cet accident. Je me souviens qu'en entendant ça, une envie de vomir m'était survenue. Les personnes dans ce genre me dégoutaient vraiment, et cette pauvre femme qui se rendait sûrement à sa soirée de réveillon. La pauvre.

Le docteur de Caroline vint alors nous chercher pour nous annoncer la terrible nouvelle, elle n'était pas morte, non, pas encore, mais elle avait un cancer assez grave qui l'obligerai à rester sous une surveillance médicale, en d'autre termes, elle devait rester à l'hôpital pour être « soignée ». Quelle bonne blague puisque quatre mois après, nous apprenions la nouvelle de son décès.

Avant sa mort, j'allais la voir chaque jour, je ne pouvais pas m'en empêcher, et j'avais, par hasard reconnue cette jeune femme, emmenée aux urgences le même soir que Caroline, qui était installé dans la même chambre désormais. Mais ce n'était pas la chose qui m'avait choqué, en effet, au fur et à mesure de mes visites pour Caroline, je voyais la chambre voisine recevoir de moins en moins de visites, jusquà ce que seules les infirmières viennent relever les constantes de cette jolie jeune femme. J'avais également remarqué que cette fille était toujours dans la même position, je me demandais ce qu'elle avait. Alors un jour, j'avais décidé de passer l'autre côté de la chambre comme personne ne le faisait plus.

22 mars 2018.

Cela faisait donc deux/trois jours que je venais voir cette femme, dont je connaissais enfin le nom, Madeleine. Elle semblait vraiment jeune, peut-être la vingtaine ? Ses cheveux étaient châtains clairs avec des petits reflets roux. Ils étaient également lisses et semblaient fin. Son visage était plutôt pâle, sûrement pas naturellement, et il était tiré par la fatigue. Son corps était amaigri et seul le son de la machine à laquelle elle était reliée, brisait ce lourd silence. Pauvre petite Madeleine.

10 mai 2018.

Caroline est décédée il y'a peu de temps mais je me rends malgré tout à l'hôpital pour voir Madeleine. Depuis que j'avais commencé à la voir, personne n'est jamais revenue lui rendre visite. Je ne comprends toujours pas pourquoi. C'est une femme pleine de vie, j'en suis certain.

« Dis Madeleine ? Te souviens-tu de notre première Saint Valentin ? Comment l'oublier ? Je me souviens que ce jour-là, j'avais acheté une robe et avant de venir te voir j'avais demandé aux infirmières si c'était possible qu'elles te la fasse enfiler pour cette soirée spéciale. Bien sûr, elles avaient accepté, elles trouvaient peut-être ça mignon, tu ne crois pas ? Je me souviendrai toujours de ma réaction en te voyant dans cette sublime robe bleue électrique. Cette couleur t'allait si bien aussi. Tu étais la plus belle de l'hôpital, c'était sûr. J'avais acheté ces fameux bracelets, tu sais, les gourmettes que j'ai faites graver en notre honneur ? Tu l'as constamment au poignet, tous les jours, comme moi, comme ça, même quand je ne peux pas être près de toi, je suis là. J'espère que tu t'en souviendras longtemps ma belle. Je n'ai plus que toi aujourdhui, mes parents sont partis à l'étranger après les funérailles de Caroline, c'était trop dur pour eux. Et toi, tu n'as que moi. C'est horrible à dire mais ne t'inquiète pas, on sera toujours ensemble désormais, je te promets de ne jamais t'abandonner comme ces gens. Je te le promets. »

Après ces jolis mots destinés à la prunelle de mes yeux, je me penchai pour embrasser son front, souriant bêtement.

« Si tu savais que, c'est toi qui me maintiens en vie ma jolie, qui me permet de m'attacher encore un peu à la vie. Allez... Regarde moi. Ouvre les yeux je t'en supplie. J'aimerais admirer la couleur de tes yeux... Regarde moi. »

Regarde moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant