Chapitre 1 : La Tombe des Revenants part.1

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La faible lueur d'une lanterne posée sur une vieille table de bois rustique. Ce sont là les premières choses qui parvinrent au regard de Sir Euric. Ce simple chevalier en armure, dorée et cabossée, se retrouvait en un bien étrange endroit. Un lieu sombre, semblable à une immense cave supportée par des piliers de granit, s'étendant dans la pénombre, encombré de meubles, de statuts, de bibelots et d'autres objets variés, un véritable capharnaüm, poussiéreux et plongé dans la pénombre ... L'homme s'était éveillé dans un bien lieu des plus singuliers. L'odeur de poussière et d'humidité, mêlée aux toiles d'araignées qui parsemaient la pièce, le laissait penser que personne n'avait dû circuler ici depuis fort longtemps. Par ailleurs, il ne voyait guère de moyens de sortir, la seule source de lumière étant la lampe face à lui. Il parcouru rapidement la pièce du regard, et, bien qu'il n'en discernât pas les limites, l'assemblage de meubles semblait boucher le passage, de sorte qu'un espace d'une vingtaine de mètres de côté constituait pour l'heure l'ensemble de ses possibilités de déplacement.


L'armure du guerrier lui pesait, mais il préféra la garder, pour un temps du moins. Il était toujours en possession de ses propres armes, et se sentait étrangement en pleine forme. Ni la faim, ni la soif, ni la fatigue ne l'assaillait pour l'heure. Seule sa mémoire lui faisait défaut, il savait bien qui il était, d'où il venait, mais impossible de se rappeler ce qu'il faisait-là, et surtout depuis combien de temps. Il alla faire le tour de la pièce, vit plusieurs objets, singuliers comme des plus banals, mais aucun indice temporel. Quel jour était-on, se demandait le chevalier. Sur son visage on pouvait lire une certaine inquiétude, déformant des traits robustes, mais pas dépourvus de charme. Trentenaire, profitant de ses bons yeux, le chevalier continuait à farfouiller parmi la collection de meubles, cherchant à tout hasard une bougie pour s'éclairer, ou n'importe quoi qui romprait avec la monotonie qui commençait à s'installer entre les bibelots. Des chandeliers vides, des coffres, des livres illisibles, des trophées de chasse, des armes d'apparat, tout ceci lui rappelait sans peine les greniers et les vieilles remises où on rangeait les vieilleries, dans le château où il servait.


Après plus d'une heure à observer chaque objet, chaque recoin, et à constater l'absence de sortie apparente, Euric décida de se poser sur une des quatre chaises qui entouraient la table de la lanterne. Sur le meuble, en plus de la source de lumière qui n'avait même pas l'air de frémir, se trouvaient un vieux chandelier sans bougies, quatre jeux de couverts, assiettes et verres, ainsi qu'une carafe semblant contenir de l'eau simple. L'homme s'assit, après avoir posé son bouclier et son espadon contre le pilier le plus proche. Seul restait avec lui sa vieille épée, de laquelle il ne se séparait jamais. Une habitude qui le faisait rire, mais qu'il ne mettrait jamais en doute, tant elle pouvait lui sauver la vie. Il se servit un verre d'eau, se détendit, et tenta de comprendre où il avait bien pu atterrir.



Euric ignore combien de temps il passa ainsi, à attendre que quelque chose ne survienne. Finalement, il avait compris ce qu'il faisait là, bien que la perspective ne l'enchantât guère ... Sa mémoire revenait peu à peu, et avec elle, la douloureuse sensation qu'il avait ressenti la dernière fois qu'il avait vu le soleil. Il se ressassait ses souvenirs récents, en boucle, incapable de penser à autre chose, seul dans cette grande salle sombre. Il revoyait les flammes sur sa maison, le voisinage affolé qui courait en tous sens, le chaos généré par une troupe de bandits, tandis que lui gisait dans la boue, plusieurs lances plantées dans le corps ... La dernière scène dont il se souvienne n'était pas des plus reluisantes. Puis avec elle, il revit une énième fois le regard emplit de colère d'un cavalier qui scrutait la scène, et semblait donner des ordres ... Euric enrageait, rien qu'à y repenser. Il était mort, tué par des lâches, et il avait abandonné sa précieuse famille aux mains de ces ordures sans morale ni pitié.


Puis à la colère succédait rapidement le regret, la tristesse, et la peine à l'idée de savoir ses proches seuls, sans lui à leurs côtés. Un amour puissant pour eux, qui à chaque fois reprenait le pas sur la haine, et adoucissait son cœur meurtri. Plusieurs fois, il répéta ce schéma de pensées, si bien qu'il en perdit le compte, et avant qu'il ne s'en aperçoive, il avait laissé son esprit divaguer ... jusqu'à ce qu'il n'entende un bruit de métal. Il avait, par mégarde, laissé tomber son verre en fer. Euric se ressaisit, et, toujours perdu dans ce lieu qu'il devinait être le royaume des morts, il décida de patienter, et de réfléchir à n'importe quel moyen de retourner sur terre.




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Asgard - Chroniques de l'Entre-MondeWhere stories live. Discover now