J'aurais pu t'aimer de tout mon cœur si je n'avais pas croisé l'horreur. L'horreur du doute qui me fit peur d'aimer. Des vérités balancées entre quatre murs, et des ombres qui martèlent mon corps de bleus. Chaque jour je m'en veux. Je m'en veux, chaque jour j'y pense. Chaque jour, je suis spectatrice de mon propre spectacle. Hideuse, peureuse, loin d'être heureuse. Abandonnée par l'homme aimé, le personnage dramatique s'en va se noyer. Regardez-la tous, elle a honte de sa propre vie. Pathétique, elle pleure dans ses draps en espérant que l'horreur la quittera un jour. Mais folle depuis la naissance, c'est dans son propre malheur qu'elle finira par se noyer. Noyades indénombrables, dans un monde qu'elle s'est créé de toutes pièces. Un puzzle, une énigme. Elle finit par s'en défaire. Personnage pathétique, qui sera là pour applaudir sa mort ? Le public l'a quittée, folie comme seule compagnie, qui verra encore ses courbes lacérées sous les lumières rouges de la passion ?
Torturée, propre bourreau de son corps. Et je la vois, spectatrice de son propre désastre. Les astres comme spectateurs, la voient seule sur le bitume. Des milliers d'étoiles s'écrasent dans ses yeux, et dans un tremblement de terre, ses larmes s'écrasent sur le goudron amer. Elle aurait pu apprendre à vivre si elle ne s'était pas enfermée dans sa propre cage dorée, elle aurait pu apprendre à voler, si elle ne s'était pas coupée les ailes par folie. Tourmenté par ses actions, le personnage dramatique s'évade dans un dernier verre, noyades indénombrables. Elle fait la morte, pensant que le monde remarquera encore son absence. Mais comment la remarquer si elle est absente de sa propre vie ? Mise en abîme d'un corps sur le bitume, je ne sais plus si ce personnage pathétique me correspond ou essaye de me tuer encore une fois.
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