TORTURE, puis réveil. Les lumières de la ville baignent mon corps de nostalgie. Mais quelle nostalgie, quand aucun souvenir ne me revient ? L'impression d'être née adulte, une enfance laissée dans le casier du lycée. Les photos ne me rappellent plus le visage de la joie, tout est flou et je cours encore après des fantômes du passé. Les ruines s'empilent, et je n'ai plus aucun avis sur ce qui m'est arrivé. Je ne sais que mon prénom, à courir après les spectres de mon passé flambé. Je danse sur les braises de mes souvenirs oubliés. Mais qui les a effacés, qui les a brûlés ? Je ne frôle plus que les cendres, mon corps ambré par l'ombre de l'incendie de ma mémoire. Je vois encore les lambeaux de sourires, des toiles et des étoiles de rire. Plus rien ne me revient, et un film passe en boucle dans ma tête. Censure. Je vois flou. Tout est flou, tout est aussi fou que moi.
Seule, je pense à toi. J'ai besoin de toi comme d'un pansement sur mes plaies trop souvent tailladées. Reviens, une dernière danse, une dernière chance. Sculptrice de mon propre désarroi, je n'ai plus foi. Foi en quoi ? Rester engluée dans mes draps, fixant le plafond comme une issue de secours ? Ma tête est le plus grand des vacarmes, j'entends tes cris et tes alarmes. Arme factice sur la tempe, encore tentée par mon propre démon. Esseulée, je pense à toi. Abandon comme de nombreux autres, en espérant qu'il effacera ceux du passé.
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