Bariemos et Ipulos s'ennuyaient fermement. Ils observaient les Hommes s'agiter et avaient pour ordre de les laisser prendre en main leur destin grâce à leur libre arbitre. Ipulos se serait bien amusé à déclencher l'activité un volcan sous-marin près d'une zone côtière, ou à créer une nouvelle faille sismique en plein cœur d'une mégapole. Il aurait pu observer les fourmis s'activer une fois leur fourmilière effondrée. Malheureusement, les catastrophes naturelles étaient la prérogative exclusive de son père. Son frère et lui auraient déclenché un courroux duquel il valait mieux se tenir éloigné s'ils avaient eu l'outrecuidance de désobéir. Toutefois, il arrivait parfois aux deux frères, de prendre un humain au milieu de tous pour s'amuser un peu avec lui, la disparition d'un humain isolé passant relativement inaperçu.
- Ipulos, on s'ennuie ! Tu ne veux pas qu'on s'amuse avec un humain ? proposa Bariemos à son frère.
- Non, moi je ne veux pas de problèmes avec Père, répondit Ipulos.
- S'il te plaît, on n'a rien à faire ! On n'a jamais le droit d'agir sur rien ! On n'en prend qu'un seul, on l'isole et ça ne laissera pas de traces. Quand Père aura le dos tourné à nouveau, on le remettra à sa place.
- Non mais si on attend qu'il tourne le dos, à l'échelle de temps humaine il se sera passé cinq ou six siècles, autant ne pas le remettre en place.
- On le remettra à sa place à l'époque ou on l'a pris.
- Je ne sais pas faire ça moi. Il n'y a que Père et Grand Père qui savent.
- Et bien moi je sais. Grand Père m'a montré comment ! S'exclama Bariemos tout content.
- Oh je voudrais bien que tu me montre ! Répondis Ipulos, jaloux.
- D'accord mais on prend un humain pour jouer ! Négocia une nouvelle fois Bariemos.
- D'accord, on prend un humain pour jouer !
C'est ainsi que les deux frères sélectionnèrent un jeune homme, purement par hasard. Ce jeune homme avait été appelé Bill par ses parents mais ils l'appelèrent Toufou affectueusement.
- Qu'est ce qu'on en fait Ipulos ? demanda Bariemos.
- Je ne sais pas, répondit l'aîné, il dort. En tout cas, quand il va se réveiller, il ne va rien comprendre à ce qui lui arrive !
Ipulos se mit à rire, heureux de la bonne blague qu'il s'apprêter à jouer à son humain.
- Ça serait drôle de le faire combattre des monstres, dit Bariemos.
- Oui mais je préfèrerais qu'il n'y ait pas de chahut pour ne pas attirer l'attention de père. De plus s'il meurt, on est foutu, à moins que Tonton t'ait laissé un passe-droit pour récupérer une âme de l'autre côté.
- Non non, pas plus que toi. Et puis de toute façon il faudrait réparer son corps. Laissons tomber, ce sera pour une autre fois. On pourrait peut-être simplement le garder près de nous, dans une cage, et lui donner à manger.
- Tu rigoles Bariemos j'espère ? On ne peut pas l'amener ici. Il ne peut pas nous voir.
- Non mais on fait en sorte qu'il ne nous voit jamais et voilà.
- Attends, repris Ipulos, on va lui faire une cage marrante. Je mets un mur là, un autre comme ça...
- Oh attends, l'interrompit Bariemos, on met juste deux murs qui s'étendent à l'infini dans les deux sens. Il va être bloqué dans un couloir et va courir partout pour trouver la sortie.
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Le Dédale de la Providence
Короткий рассказBill se réveille, au milieu de la nuit, hors de son lit, dans le noir, dans un lieu qu'il peine à reconnaître à tâtons. Il semblerait que le sort lui joue un mauvais tour en défiant sa logique.