La Mort Est Implacable

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Anne Shirley Cuthbert passa une belle journée à musarder en plein air, elle venait d'achever son année à La Royale avec succès. Elle avait acquis une licence en seulement 1 année au lieu de 2. Elle avait remporté la bourse Avery. Elle envisageait d'étudier les arts à Redmond.
L'air était si lumineux, doré et doux pour cette fin du mois de juin, il n'y avait aucune ombre au tableau et les fleurs du jardin de la pension de famille de madame Blackmore s'épanouissaient en abondance.

En fin d'après-midi, elle alla rendre visite à madame Joséphine Barry et à son ami Cole pour leur annoncer les bonnes nouvelles en prenant le thé. Soudain, le bruit d'un chariot retenti dans la cour du Bosquet. Monsieur Rawlings entra dans le petit salon où se trouvaient tante jo et ses invités pour annoncer l'arrivée de madame Lynde et madame Cuthbert. Anne se leva immédiatement et fut surprise de voir le visage triste de Marilla.

- Mon enfant, dit madame Lynde. Nous sommes passés à la pension et madame Blackmore nous a dit que tu étais ici, avec Marilla nous avons une nouvelle à t'annoncer.

Rachel Lynde se tourna face à Joséphine.

- Madame Barry, pouvons-nous nous entretenir avec Anne dans une pièce plus intime ?

- Bien-sûr. Cole allons prendre un peu le soleil je te pris. Dit-elle à l'intention du jeune garçon.

Marilla resta en retrait, elle avait les yeux rouges comme si elle avait pleuré et le regard lointain. Anne n'arrivait pas capter son regard. Rachel reprit la conversation.

- Anne, j'ai une terrible annonce à te confesser. Tu devrais t'asseoir. Dit-elle en l'invitant près d'elle sur le canapé fleurie de madame Barry.

- Que ce passe t-il ? Marilla pourquoi vous fuyez mon regard ? Et pourquoi vous tenez vous à l'écart ? Où est Matthew ? Dit Anne toujours aussi confuse et perdu.

Marilla restait figée dans son mutisme. Madame Lynde reprit la parole.

- Ma chère enfant, c'est Matthew. Il est... Il n'y a pas de bonne façon de le dire. Matthew est mort. Hier, son cœur a cessé de battre après avoir appris la faillite de la banque Abbey, là où étaient placée toutes les économies de la famille Cuthbert. Dit-elle avec calme mais les yeux remplis de larmes.

À première vue, il semblait qu'Anne resta de marbre mais au fond d'elle un grand chagrin l'envahi, elle avait le cœur brisé mais aucune larme ne vint.

×××

L'enterrement se déroula quelques jours plus tard, le premier jeudi du mois de juillet. La pluie tomba à verse du lever au coucher du soleil. Le Pasteur Allan eut des mots très tendre pour décrire le timide Matthew Cuthbert. Avonlea avait perdu un être avec un cœur énorme. Tous étaient d'accord pour dire qu'il était un homme gentil et brave. Diana Barry et Gilbert Blythe se tenaient aux côtés d'Anne, la soutenant du mieux qu'ils pouvaient. Diana proposa à Anne de passer la nuit avec elle, ce qu'elle accepta d'un mouvement de tête sans émettre un mot.

Elle était assise sur son lit, perdue dans ses pensées qui se bousculent, sa tête était migraineuse. Aucune larme ne coulait sur ses joues remplies de taches de rousseur. Une immense mélancolie l'avait saisi, elle se demandait comment ce monde pouvait-il continuer à être beau sans Matthew Cuthbert. Elle pensait à Marilla qui n'avait cessé de pleurer depuis l'enterrement, elle ne pouvait se résoudre à la laisser vendre le pignons verts. Sa décision était prise.

×××

Gilbert venait chaque jours lui rendre visite depuis le décès mais elle refusa à chaque fois de le voir. Diana, son amie intime, ne comprenait pas son attitude envers lui. Elle ne cessait de lui dire qu'il voulait la réconforter et l'aider dans cette épreuve. Elle ne pouvait expliquer pour le moment à sa meilleure amie, qu'elle avait pris la décision de ne pas aller à l'université et qu'elle allait prendre ses fonctions de professeur à l'école d'Avonlea à la rentrée prochaine. Elle n'était pas encore prête à lire dans ses yeux la déception et surtout lui annoncer qu'elle devait renoncer à un avenir avec Gilbert Blythe, pour que lui puisse réaliser son rêve de devenir docteur.

Puis Avonlea retrouva son calme habituel et même aux Pignons verts, les chose reprirent leur cours.

×××

C'est avec une chaleur caniculaire que commença ce mois d'août, cela fessait 1 mois que Matthew n'était plus là et c'était aussi aujourd'hui que Diana rentrait de son séjour de chez Tante Joséphine. C'est à l'heure du thé qu'elle attendait son amie et qu'elle lui annoncera sa décision de rester à Avonlea.

- Es-tu sûr de ta décision ? Je ne peux concevoir que tu te sacrifice Anne. Dit Marilla avec tristesse.

- Ce n'est pas un sacrifice mais pur égoïsme. Je veux passer chaque instant à profiter du temps qu'il me reste avec vous Marilla, et aussi vous aider à garder le Pignons verts qui est devenue ma maison et vous ma mère. Dit-elle avec émotion.

- Anne tu n'imagines pas le bonheur que j'ai de t'avoir pour fille et la fierté que j'ai de voir la personne que tu es devenue. Je t'avoue que j'aime l'idée de te savoir près de moi jusqu'au dernier jour de ma vie mais j'ai peur que tu le regrettes. Surtout ne t'en fais pas pour moi, Rachel est ravie de pouvoir m'accueillir quand j'aurai vendu la ferme, donc accepte la bourse Avery et part étudier à Redmond. Ne t'inquiète pas tout ira bien. Dit Marilla avec tendresse.

- Marilla, je ne reviendrai pas sur ma décision. Je reste ici et je vous aiderai. Dit Anne d'un ton ferme.

Au même instant, on frappa à la porte. Marilla alla ouvrir à Diana.

- Bonjour Diana. Peut-être que tu arriveras à convaincre cette tête de mule. Dit-elle en partant dans la cour.

- Que ce passe t'il Anne ? Pourquoi Marilla est-elle énervée ?

- Prenons le thé mon amie chérie, je vais tout t'expliquer.

Anne alla chercher le thé et les biscuits qu'elle avait préalablement préparé et invita son amie à s'assoir dans la salle à manger. Elle commença à parler du temps, que c'était une chaleur humide et étouffante mais Diana n'était pas dupe elle savait que sa meilleure amie tournée autour du pot.

- Anne vas-tu te décider à me parler. Dit-elle d'un ton autoritaire.

- Ma chère Diana, j'ai décidé de rester ici aux Pignons verts. À la rentrée, je serai la nouvelle institutrice de l'école d'Avonlea et ainsi j'aiderai Marilla à garder la ferme.

Anne avait dit cela avec une telle rapidité que son amie eut du mal à assimiler ce qu'elle venait d'apprendre.

- Gilbert est-il au courant ? Arriva-t-elle à prononcer avec difficulté.

- Il a dû comprendre, il a arrêté de me rendre visite il y a 3 semaine. Dit Anne

- Voyons, Anne, tu n'a pas le droit de ne pas lui dire les raisons de ton silence. Je comprends qu'il est plus facile pour toi de l'éloigner mais tu lui dois la vérité Anne.

Le soir venue, dans sa chambre du Pignon est, les mots de Diana ne cesse de résonner dans sa tête. Elle avait raison, Anne se devait de dire une partie de la vérité à Gil. Elle se décida à lui écrire une lettre qu'elle lui portera dès le lendemain.

×××

Anne D'avonlea-Saison 4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant