Les héritiers : Vers la terre promise [1] En pause

Introduction

Dans une autre galaxie, tournant autour d'un autre soleil, il existait une planète du nom d'Isoropia, c'était un vaste monde évolué où les anciennes ethnies, la nature indomptée et la technologie se côtoyaient.

Autrefois, on pouvait dire qu'un certain équilibre régnait. La nature, différente d'une contrée à l'autre, était luxuriante et l'Homme avait su vivre à ses côtés sans la détruire. En haut des montagnes, au milieu des déserts, dans les forêts tropicales, au fond des océans et même dans les plus grandes métropoles; jamais la nature n'avait été aussi belle. Elle laissait les Hommes puiser dans ses ressources, en perdurant une harmonie presque cyclique. Une dynastie régnait sur cette Terre depuis des centaines d'années : les Kréonniens. Elle devait son nom à son créateur : le roi Kréon, le premier à être monté sur le trône il y a plus de 500 ans, à la suite d'une guerre sainte. Les légendes racontent qu'il fût même aidé par des Dieux. Depuis sa victoire, cette planète était synonyme de paix et d'abondance. La dynastie se perdurait, de générations en générations. Le fils aîné montait sur le trône à la suite du décès de son père et de cette manière, le nom de Kréon résonnait comme le nom d'une légende, d'un héros qui avait sauvé son peuple.

Malheureusement, il y a 25 ans, l'un des dignes héritiers de Kréon, provoqua la plus grande guerre civile que le royaume eut connu. Le roi eut trois enfants, le fils aîné était digne de régner comme la tradition le voulait. C'était un homme courageux, stratège et généreux. C'était le portrait craché de son aïeul Kréon, aussi robuste et intelligent : on lui promettait un avenir radieux. Le frère qui vint ensuite était son opposé. Il ne cachait pas la jalousie qu'il éprouvait à l'encontre de son ainé. C'était quelqu'un de froid, calculateur et colérique ; il était constamment en désaccord avec son père ce qui lui valait une mauvaise réputation au sein du royaume.

Le cadet était plutôt réservé, sa position dans la fratrie ne lui donnait que deux choix ; occuper un poste haut placé dans l'armée ou être conseiller au sein de la cour. Il choisit de rester aux côtés de son aîné qu'il appréciait beaucoup. De plus ses talents en stratégie étaient utiles. C'était un jeune homme calme et concilient qui essayait toujours de défendre son grand frère.

Mais un jour, l'aîné mourut subitement. On le retrouva sans vie, allongé sur son lit. Il n'y avait aucune trace d'une quelconque agression ; pas de blessures, pas de traces d'empoisonnement. Aucun médecin des plus qualifiés qui soit, ne pouvait expliquer ce tragique décès. Sans aucunes preuves, on se mit à blâmer son frère jaloux. Il était accusé de l'avoir tué ou dans tous les cas, d'avoir été la cause de tous ces soucis, ce qui causa cette mort prématurée. Sa colère et son impulsivité lui firent faux-bon et le jeune homme décida de disparaître avec sa fiancée. On ne sût l'expliquer mais ils avaient disparus tous les deux, du jour au lendemain.
Les bruits couraient : il était forcément coupable, alors il a pris peur, ou il s'est suicidé avec cette fiancée mystérieuse que personne ne connaissait vraiment.

Après ces incidents tragiques, le roi devint sénile. La mort d'un fils et la disparition d'un autre ne pouvaient que le rendre fou. Il se mit à devenir tyrannique, il n'écoutait personne : seulement ses envies et il prenait des décisions illogiques, n'écoutant que sa colère et ses sentiments les plus enfouis. Les tensions montaient au sein du royaume, on réclamait un autre roi. Certains peuples qui n'avaient pas souhaité se rallier aux royaume ont été pris d'assaut. Cela causa la mort de nombreux civils mais aussi de soldats. Le roi voulait être plus puissant, découvrir de nouveaux métaux précieux, de nouvelles terres inexploitées et l'équilibre se brisa à cause d'un homme brisé.
Plus personne n'avait la main mise sur la situation, tout le pouvoir était accordé au roi, sous peine de s'attirer la colère des dieux. D'après lui, c'était les ordres de ces êtres immortels. Il ne pouvait pas les contredire. Aussi, son propre fils ne pouvait rien faire, à part regarder son père perdre pieds tout en réconfortant la reine.

Quelques années plus tard, le roi mourut. Sa folie eut raison de lui et d'après les médecins, cette schizophrénie était la cause de sa mort. Le cadet aurait dû prendre sa place sur le trône, il aurait rétabli l'ordre et réparé les erreurs de son père avec toute la bienveillance dont il disposait. Cependant, cela ne se passa pas comme ça. Ce soulagement se changea rapidement en prise de conscience, en colère du peuple qui ne voulait plus dépendre de décisions prises par un roi. Dans chaque contrée du royaume, les peuples se rebellèrent. Les plus grands criminels de ce monde étaient libres, c'était l'anarchie. On ne cherchait pas a établir une république, un système stable. Chacun voulait régner sur sa parcelle de terre. Évidemment cela se changea en une guerre civile, les criminels formaient des clans sanguinaires prêts à tout pour étendre leur territoire tandis que d'autres pacifistes préféraient se retrancher dans leur coin. Le fils du roi ne donna plus de signe de vie, la dynastie avait disparue avec lui et toute forme d'autorité aussi.

C'est comme cela qu'est né le nouveau monde d'Isoropia : de la folie d'un roi et de la colère de son peuple. Depuis ce jour, cette planète n'était plus qu'un tas de débris, où la nature se faisait rare. Les explosions de centrales, l'apparition et la réapparition de maladies ont été la cause du déclin de la population. On dénombrait certains groupes dans quelques endroits du monde, qui vivaient retranchés, par peur de ce qui les entourait. Les malfrats régnaient sur leur sombre territoire et représentaient une menace pour le reste. Cette planète devenait invivable, c'était le chaos, la décadence...

Une vingtaine d'années plus tard, dans la ville d'Eglos.

Kane, un jeune homme de tout juste 20 ans, marchait dans ces rues dévastées par la venue des derniers pilleurs il y a des années de cela. Il était habillé chaudement : il portait une veste en cuir, tout comme ses hautes chaussures. Un foulard noir couvrait sa bouche et son nez, il le protégeait légèrement d'un air pollué et de l'épaisse couche de poussière qui s'étendait sur la ville. On ne voyait que ses yeux noisettes, un regard perçant qui n'omettait aucun détail.

Il se déplaçait d'un pas assuré en marchant sur des détritus et des graviers : ses pas résonnaient car cette rue était quasiment déserte en ce début de matinée. Le soleil éclairait légèrement la ville, mais il faisait toujours un froid glacial dans cette ancienne métropole qui était autrefois la capital de ce monde.
Il arriva devant un immeuble (ou du moins ce qu'il en restait) plus haut que les autres. Une enseigne qui pendouillait au dessus de la porte principale indiquait que c'était un ancien casino. Il sortit de l'intérieur d'une poche, une petite lampe et pénétra dans l'enceinte du bâtiment.

Il allait forcément trouver ce qu'il était venu chercher.

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