Chapitre treizième

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L'immortel savait qu'il ne restait pas très longtemps à Karakura, une affaire d'un ou deux jours, maximum, il avait donc réservé une chambre dans l'hôtel le moins cher de la ville. Il n'allait pas se ruiner alors qu'il n'allait même pas dormir dans sur le matelas. En arrivant, il ne prit même pas le temps de défaire sa valise et se contenta de la poser sur le lit.

Sans attendre, il sortit de l'hôtel et alla à la découverte de sa ville natale. Il n'était pas venu depuis des siècles, depuis qu'il avait été transformé en réalité. Il se doutait bien qu'elle avait changé, mais pas autant. En effet, il n'arrivait même pas à reconnaître la moindre rue ou le moindre paysage. Il savait que dans un pays comme le France, les vieux centres-villes ne changeaient généralement pas beaucoup, mais ici, c'était le contraire.

Ce fut donc plus peiné qu'il ne l'aurait cru qu'il parcourut les rues de Karakura. Il marcha, les mains dans les poches et l'air morose. C'était la première fois depuis qu'il était devenu un monstre qu'il s'autorisait à repenser à son passé, à celui qu'il avait été. Les Kurosaki étaient sans grande surprise des roturiers de campagne, comme soixante-dix pourcents de la population à l'époque et vivaient de la terre.

Ichigo n'était certainement pas le plus heureux des humains, mais il ne pouvait pas se permettre de se plaindre, il avait une famille aimante et courtisait une belle jeune japonaise, qui elle aussi était une roturière de campagne. Malheureusement, ce fleuve, pas toujours paisible qui était le sien prit fin durant l'année 1698.

Le jeune homme revenait des champs, seul, puisqu'il s'était arrêté pour se soulager la vessie lorsqu'il croisa un groupe de guerrier. Evidemment, il leur montra le respect dû à leur place dans le schéma social et leur entrevue se termina très rapidement puisqu'ils ne lui avaient à peine adressé le moindre regard.

Cependant, alors qu'il reprenait sa marche pour rentrer chez lui, tout ne se passa pas comme prévu. Il se fit à nouveau intercepter par l'un des guerriers qui l'attaqua sauvagement et qui le mordit.

À ce souvenir, le médecin grimaça en passant instinctivement sa main droite sur son cou, à l'endroit où il avait mordu avant de reprendre contact avec la réalité. Tous les champs dans lesquels il avait travaillé avaient à présent disparu et étaient remplacés par des maisons, des magasins, des parcs.

Il s'aventura un peu plus loin, mais il rebroussa rapidement chemin en comprenant que la ville s'étendait par-delà les terres qu'il avait labouré à la force de ses bras et à la sueur de son front.

La nuit commençait déjà à tomber lorsqu'il s'avança vers le cimetière de la ville. Il n'avait pas autant marché, du moins, à la vitesse d'un humain, depuis bien longtemps. Néanmoins, cela ne l'ennuya pas, il aimait se retrouver avec lui-même pour réfléchir et c'était quelque chose qu'il n'avait pas fait depuis des années.

Un sentiment d'angoisse le saisit lorsqu'il entra dans le cimetière de la Karakura. Ce dernier avait grandi depuis la dernière fois qu'il l'avait foulé de son pas. Il se demanda un instant où se trouvait la tombe de sa famille.

En 1698, il avait fait comme il avait pu pour leur offrir un enterrement digne de ce nom, puis, cent ans plus tard, une fois qu'il était devenu aisé, il les avait faits déplacer pour les mettre dans un petit temple. Depuis, il n'avait cessé de se battre pour que ces vielles tombent restent dans le cimetière malgré leur âge.

Il fut étonné en voyant qu'il y avait plusieurs temples dans le cimetière ; cela n'allait pas faciliter sa tâche. Malgré son combat pour préserver les dépouilles de sa famille, il ne leur avait jamais rendu visite depuis sa transformation, en 1698.

Iɴ ᴛʜᴇ ᴅᴀʀᴋ (Fan-Fiction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant