Aujourd'hui, je finissais à onze heures. L'après-midi il n'y avait qu'une heure de cour. Autant sécher. Mes sœurs étaient à l'école, ce qui signifiait qu'elle ne pouvait pas me ramener à la maison en voiture. Je rentrais alors à pieds. Comme toujours, je passais devant la façade qui était assez grande pour avoir le temps d'observer le quartier, puis, j'ouvrais enfin la porte. Ce rituel recommença cette après-midi. Mes yeux se posèrent d'abord sur les vélos jetés devant le garage. Mon regard était vide, sans émotion. Tout était si habituelle et ennuyeux. Ensuite, je me tournai devant la bagnole de papa. Celle qu'il venait d'acheter à un prix exorbitant. Il n'osais pas l'utiliser et pourtant, des rayures se dessinaient sous les fenêtres et près des roues. Je m'arrêtais nette. Quelque chose clochais. Quelques choses d'inhabituel. Effectivement, accroché au devant de la voiture, des poupées. Ou plutôt des têtes de poupées. Chacune, tenus par un fil fin qu'il les laissaient tomber jusqu'aux roux. Les barbies me fixaient, sourire au lèvres et dents blanches. Un silence. Ma tête, peut-être, n'enregistrait pas les bruits. La scène était bien trop absorbante. Le quartier était vide et peu apaisant tout à coup. Un frisson parcouru le long de mon dos. Étais-je bien seul ? Et si, mes petites sœurs voulaient simplement poser des poupées sur la voiture. Non. Impossible. Elles sont trop sages pour attrister mon père et l'énerver. Et puis, pourquoi faire ça alors que les jumelles adorent leurs jouets ? C'est idiot. Qui pouvez poser des têtes de poupons sur la voiture de papa ? Le silence était tellement pesant, que j'entendais l'eau de la gouttière tomber au sol. Une goutte. Puis une deuxième et une troisième. Elles se suivaient avec le même rythme. Plus je les écoutés, plus le son augmentait. Pas un oiseau ni même un nuage bougeait au dessus de moi. Seul le soleil tapant reflétait une lumière sur la vitre. Mes jambes,
par miracle, finissaient par fonctionner ce qui me permettaient d'analyser cette scène. Au premier pas, je me sentais observé. Pourtant, je n'osais pas me retourner. " T'es pas une gamine. Retournes-toi et fais face à la peur". Des voix, partout autour, de moi s'acharnait sur ma personne. Une grimace et des yeux plisser étaient les seuls moyen de les faire disparaître. Malheureusement, le bruit de pas recommença. Encore et encore. Au même rythme que les gouttelettes. Si fragiles et insupportable à la fois. J'avalai ma salive pour enlever ce goût amère. Alors, les bruits de baskets au sol s'arrêtaient. Une respiration se fit sentir sur mes épaules. Mon imagination me jouait des tours. C'était forcément un simple courent d'aire. Une gouttelette. Deux gouttelettes. Chacune indiquait un temps infini.- N'enlève pas ce qui m'appartient.
Je ne me retournais pas. Qui est-ce ? Impossible de le savoir mais pourtant la voix de l'enfant m'étais familière. La phrase résonnait comme les derniers mots de mon existence. Simple, direct et grave. Très grave, trop grave pour un enfant. Les gouttelettes, toujours aussi régulières, m'empêchaient de réfléchir.
- Si tu tu les effleures, je t'en ferais subir les conséquences.
Maman me disait qu'il faut toujours se retourner. Retourner pour quoi ? Faire face au danger et en subir les conséquences. Tragique qu'est cette logique. Et si, et si ... Temps de questions. Retournes-toi. Prouve que t'es forte. Mon profil d'abord. Puis mes épaules. Te retournes pas. Tu sais très bien que c'est mal. Une goutte, deux gouttes. Arrêtes ! Tu ne peux pas ! Je fermais donc les yeux pendant que mes frêles jambes bougeait. Doucement, lentement pour ne pas regarder. Un œil s'ouvra en rythme avec les gouttes. Puis un deuxième, un peu plus rapide. David. Mon dieu, je dévisageais mon frère. Pas toi, par pitié. Ses yeux marrons contrastais avec sa peau pâle. De ses lèvres rouges et sèches, il chuchotais des insultes que je préférais ne pas entendre. Des mots, incompréhensible et pourtant vulgaire. Mes yeux descendait jusqu'à ses épaules puis ses bras. Enfin ses mains. Il tenait un lance pierre. David s'apprêta à tirer. Tu n'as pas le droit je suis ta grande sœur. J'essayais de le convaincre en le fixant. Malheureusement, son regard était vide. Je ne savais pas s'il m'observait vraiment. Je compris alors qu'il allait tirer, sans pitié. Je levais mes bras tremblant afin de protéger mon visage en criant. L'eau, son visage, la pierre mes bras. Tant d'informations mais peu de discernement. L'enfant avança, moi je reculais. Il avança. Je reculais. Jusqu'à se que je touche le capot de la voiture.
- Promets-moi que tu ne diras rien à personne.
Je ne répondis pas. Ses mots étaient prononcés calmement. Je pouvais encore espérer le convaincre d'arrêter ce qu'il entreprenait.
- Promets-moi, hurla-t-il.
Sa voix résonna dans le quartier. Je souhaitais au plus profond de moi même, une aide. Une simple personne sortant d'une maison. S'il vous plaît. Juste quelqu'un. N'importe qui. Je ne pouvais faire de mal à mon frère. Ma main, par réflexe, cacha mes yeux humides.
- Tu es horrible ! T'es qu'une salle chienne de m'avoir laisser dans le pétrins !
- Mais de quoi tu parles ?Il attrapa mon poignet et le serra entre ses doigts rouges.
- Tu mérites les enfers !
Je répétais sans cesse une réponse à ses affirmations insensées. Il ne m'écoutais pas. De sa main gauche, il tenait le lance pierre, et de l'autre mon poignet bientôt rouges. Ma tension descendais comme un ascenseur émotionnel. J'arrivais à un point au quelle je n'arrivais pas à être stable sur mes jambes. Mon corps s'effondra par terre comme un vulgaire déchet, et ma silhouette devenu une âme sans pouvoir. Tous mes gestes, mes paroles étaient inutiles.
Au moment de lancer une pierre, David me regarda longuement.- Dégages. Dégages je te dis !
Je pris mon sac et partis sans direction. Ou j'allais ? Je ne sais pas. Il fallait que je fuis son regard noir. Son regard d'enfant. Il ne fallait pas se retourner. Jamais.
VOUS LISEZ
Extrait d'histoire sans suite et écrit pour faire passer le temps
Novela JuvenilC'est marqué dans le titre