J'ouvre les yeux avec difficulté, j'ai un mal de crâne assez prenant. Je ne sais pas où je suis et commence à paniquer en voyant toutes les machines autour de moi. Je suis à l'hôpital. J'essaye de me redresser, mais puisque c'est trop douloureux, je me rallonge en poussant un gémissement de douleur et me dis : j'ai déjà vécu pire, je n'ai pas vraiment mal, souviens-toi. Cette phrase ne fait que tourner et retourner à l'infini dans mon esprit. Pourquoi je ne m'autorise jamais à souffrir ? La phrase tournant encore dans mon esprit allait s'achever quand une dame rentre dans ma chambre :
" Bonjour mademoiselle, je suis votre infirmière, Iris, vous êtes à l'hôpital et vous êtes là parce que vous avez pris un joli choc sur la tête. Tout va bien, ne vous en faites pas, tente-t-elle de me rassurer."
Me mettant réellement à paniquer, je souffle :
"Je ne peux pas rester là, je vais bien, me levant.
- Non mademoiselle, vous ne pouvez pas faire ça, votre tête doit guérir, vous devez absolument rester allongée sur ce lit, m'ordonne Iris en me rallongeant."
Décidément, aujourd'hui je parle beaucoup trop, ma gorge me fait souffrir et mon mal de tête s'intensifie. Je demande d'une petite voix, honteuse de ma réaction :
"Excusez-moi, c'est juste que je déteste les hôpitaux, je les hais même. Je ne vais aller nulle part, c'est promis.
- Ne vous inquiétez pas pour ça, j'ai pris l'habitude avec le temps, en tout cas, si vous avez besoin de quoi que ce soit, je suis là, m'assure-t-elle avec une voix beaucoup plus douce que quelques secondes auparavant.
- Je voudrais bien un peu d'eau s'il vous plait, demandai-je tout en rougissant un petit peu, gênée de lui demander quelque chose après la façon dont je lui avais adressée la parole.
- Tout de suite, je vous apporte ça."
Le froid de l'eau me soulage instantanément la gorge, ce qui fait un bien fou, je remercie Iris avant qu'elle ne s'éloigne. Elle m'annonce, sur le seuil de la porte juste avant de partir :
" Le docteur Brahic ne va pas tarder à venir vous ausculter.
- D'accord, je l'attends alors, lui assurai-je."
Quand Iris part, je me retrouve toute seule et j'ai le temps de réfléchir à ma situation. Pourquoi est-ce que je dois toujours me retrouver à l'hôpital dans ma vie ? Quand ma mère était au plus mal dans sa relation avec Robert, elle est allée à l'hôpital ayant une côte cassée suite à une chute, disait-elle, or je savais que ce n'était pas vrai. Cette première impression de l'hôpital ne m'a pas enchantée, ma mère pleurait très souvent quand elle croyait que je dormais et souffrais, hurlais même parfois quand les médecins la touchaient à peine. Après toutes les souffrances physiques qu'a enduré ma mère, arriva la souffrance mentale, on lui annonça qu'elle avait un cancer. Ce moment s'inscrit dans ma mémoire comme le pire moment de ma vie. Je ne pouvais pas m'effondrer, la petite fille que j'étais ne pouvait pas s'effondrer pour sa mère, parce que c'était sa mère qui était malade et pas elle, elle ne faisait que se le remémorer chaque fois qu'elle avait envie de pleurer. Après cette annonce, tous les soirs, ma mère ne faisait que pleurer, que ce soit en été comme en hiver, un jour heureux ou non, ma mère pleurait.
Je devais absolument en vouloir à quelqu'un ou quelque chose, j'ai décidé d'en vouloir à l'hôpital, c'est pour ça que je ne les aime pas vraiment. La tristesse qui m'a submergée à l'annonce de cette nouvelle n'est pas sortie de mon corps avant un bon moment. Elle fera en quelque sorte toujours partie de moi, mais une fraction s'est effacée à la mort de ma mère, quand on m'a appelée pour me l'annoncer et que mon cœur a raté plusieurs battements, je me suis précipitée vers l'hôpital où ma mère avait fini par mourir après plusieurs années à souffrir en silence avec toute cette chimio et ces traitements qui la maintenaient à peine en vie. Voilà pourquoi je déteste autant les hôpitaux, ils m'ont annoncé le cancer et la mort de ma mère, je ne préfère vraiment pas les côtoyer, sous peine de me remémorer tous ces souvenirs insupportables.
J'étais tellement dans mes pensées que je n'ai pas entendu une personne entrer dans ma chambre :
" Eh bien dites donc vous avez pris un joli coup sur la tête ! m'interpella une voix d'homme."
En relevant la tête, je le vis. Que faisait-il là ? Et pourquoi tout le monde faisait allusion à mon coup sur la tête en le qualifiant de "joli" ?
" Vous ?"
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Clara, Tends Moi La Main
RomanceClara Ponhing, 26 ans, fait tout pour surmonter les épreuves de sa vie. Elle est seule depuis le décès de sa mère et cherche la force qui lui permettra de remonter la pente malgré sa dépression. Un jour, peut-être elle y arrivera...? Un jour, elle...