La lettre

(bad) News

Qu'est-ce que cela faisait du bien de revoir ce bon vieux Lestrade. Depuis sa première enquête avec Sherlock, John avait tout de suite ressentit une forte sympathie à l'égard de l'inspecteur de Scotland Yard. Sentiment qui s'était mué, au fil du temps, en une véritable amitié. Alors pas étonnant que le médecin soit si heureux de retrouver Gregory. Les évènements qui avaient précipité son départ accaparaient bien trop son esprit, il avait besoin de se confier pour se vider la tête. Et puis son ami possédait une grande connaissance du  comportement des Holmes depuis le temps !

Ils devaient se retrouver dans un pub, pas très loin du petit appartement de « location ». John enfila un gros pull en laine, « les soirées sont fraiches » lui avait dit Greg au téléphone, lorsqu'ils fixaient leur rendez-vous. Il prit ses clés et partit en direction du bar.

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L'alcool aidant, cela faisait plus de vingt minutes que John contait ses états d'âmes à son ami. Greg l'écoutait attentivement en buvant son verre de bière. Il n'était pas le seul à penser que les ex-colocs étaient fait l'un pour l'autre, mais ils – en particulier Sherlock – avaient le chic pour ne pas voir ce qui est devant leurs yeux. L'inspecteur était peut-être stupide aux yeux du détective mais dans le domaine des sentiments, il le battait à plat de couture !

Il sourit tendrement à son ami, qui avait plus que jamais besoin de soutien et de réconfort. John soupira de lassitude, alors Greg pensa que le seul moyen de faire regagner le sourire sur le visage de son ami était de changer de sujet, de parler de choses plus légères. L'inspecteur lui conta ce qu'il avait manqué, les éternels coups-bas de Donnovan, les aventures amoureuses de Mme Hudson ainsi que le nouveau style complètement hallucinant de Molly !

John riait des anecdotes de Greg mais une question lui brûlait les lèvres. Il ne put s'empêcher de la poser même si son ami avait évité soigneusement le sujet qu'il s'apprêtait à aborder.

-Et Sherlock ?

Silence.

Voilà, la bombe était lâchée. Greg perdit instantanément son sourire. Il se grattait l'arrière du crâne, signe de gêne chez lui, et fît même mine de ne pas comprendre :

-Quoi Sherlock ?

-Eh bien... Comment va-t-il ?

John savait qu'il n'aurait pas dû aborder ce sujet qui semblait sensible mais il avait besoin de savoir. Prendre des nouvelles de ses ami.es était toujours plaisant, mais le détective passait avant tout ! Il insista un peu plus :

-Alors... ?

L'inspecteur savait qu'il ne lâcherait pas l'affaire. Il capitula d'office et fît ce que son ami voulait savoir :

-Il a, disons... beaucoup changé depuis ton départ. – Greg marchait sur des œufs, il avait peur de la réaction de son interlocuteur, mais il savait que John attendait de lui toute la vérité sur Sherlock. Et rien que la vérité... - A vrai dire, il est plutôt redevenu l'ancien Sherlock, celui qu'il était avant de te connaître... Il continu de prendre toutes ces cochonneries, parce que son esprit n'est plus occupé : il refuse la plupart des enquêtes que je lui propose. Il reste cloîtrer à Baker Street, dans le noir et cela fait des lustres que Mme Hudson n'a pas fait le ménage.

Il y eu un long moment de silence. Le médecin n'était jamais passé du soulagement à l'angoisse aussi rapidement. Il suffisait qu'il parte quelques mois pour que son ami – ou ex-ami, il ne savait plus – change autant ?

Lestrade ne savait pas s'il devait continuer le portrait dramatique ou bien s'il devait laisser à John le temps de digérer tout cela. Mais il savait que le médecin avait besoin d'un véritable électrochoc pour que la situation de duo change.

-Ecoute John, aucun de vous deux n'a parlé de ce qui s'est passé entre vous deux...

John s'apprêtait à répliquer, mais l'inspecteur ne lui permit pas et continua dans sa lancée.

-Et à vrai dire, je ne veux pas le savoir. Mais vous savez que vous avez besoin de l'autre pour vivre pleinement, vous êtes complémentaires... Ça non plus je saurais l'expliquer, mais arrêtez de tourner autour du pot ! Sinon vous le regretterez toute votre vie.

C'était la deuxième personne de la journée qui faisait la remarque que lui et Sherlock étaient complémentaires, John ne savait pas vraiment quoi penser. Quoiqu'il en soit les paroles de Lestrade l'avait convaincu et notre médecin expatrié était décidé : après le petit-déjeuner, il irait voir Sherlock !