6 - Chaque centimètre carré

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Je le vois dans son regard : il essaie de savoir ce qui se cache derrière ces mots. Il a compris ma demande, mais se refuse à y croire sans être totalement sûr. Mais il n'ose pas demander, alors je dois me lancer et éclaircir mes propos.

- Je veux que tu restes avec moi. Cette nuit.

Mais il reste figé malgré tout et cela m'inquiète. Je lâche sa main.

- Est-ce qu'il y a un problème ?

Il émerge soudain, comme s'il venait de se réveiller et de comprendre la situation.

- Non. Aucun problème. C'est juste que... Tu es sûre que c'est ce que tu veux ?

- Et toi, tu le veux ?

- Pardon, mais ce n'est pas là l'important. Je ne veux pas que tu fasses un truc que tu regretteras. Pas à cause de moi.

Je baisse les yeux et réfléchis à ce qu'il vient de dire et ce que je risque de faire. Il continue à parler.

- Tu sais, on a pas mal bu tous les deux. Je crois... Je crois qu'il vaudrait mieux qu'on en rediscute demain. Il vaut mieux que j'y aille maintenant.

J'agrippe sa main une nouvelle fois et le regarde avec les larmes aux yeux.

- Tu as raison, je ne veux pas avoir de regrets. Mais des regrets j'en ai déjà. Je regrette tellement de ne pas avoir osé saisir ma chance toutes ces années où tu vivais juste à côté. Quand on est tous les deux partis, je ne pensais pas que je te reverrai un jour... Je ne veux pas avoir à regretter de ne pas saisir cette nouvelle chance.

Mon cœur bat si fort que je suis sûre qu'il l'entend aussi. Il paraît indécis quant à la façon de réagir à ce que je viens de dire. Le temps s'écoule lentement sans que nos regards ne se séparent. J'attends un mouvement de sa part. Alors que l'instant semble s'éterniser, je commence à trembloter, de peur qu'il ne me rejette.

Je le vois déglutir et prendre une inspiration. Il attrape mon poignet de sa main libre, tire dessus pour me forcer à me lever et m'embrasse. Nous échangeons un baiser à la fois tendre et passionné, encore meilleur que ceux auxquels je rêvais à l'époque. Je me sens légère, comme sur un nuage. Notre baiser est intense et humide. Lorsque nos lèvres se séparent, nous sommes presque haletants et il me parle d'une voix calme, presque un murmure.

- Si je vais trop loin ou si tu veux arrêter, tu me le dis, ok ?

Je suis étonnée et rassurée de sa demande. Et j'acquiesce silencieusement avant de lui prendre les deux mains.

- Suis-moi.

En silence, je l'entraîne avec moi jusque dans ma chambre. Ni lui, ni moi, ne prêtons attention à ce qui nous entoure et on s'assied sur le rebord de mon lit d'enfant. On se regarde, en se contentant de se tenir les mains.

- Dis-moi ce que tu veux faire. Ou montre-le.

Dans d'autres circonstances, ces mots auraient eu un autre sens. Mais de sa voix douce, je comprends qu'il a encore peur de faire quelque chose de déplacé et qu'il préfère me laisser mener la danse à mon rythme. Je décide de saisir cette occasion pour laisser libre cours à mes envies profondes. Ce qui me fait envie, ce n'est pas le sexe, mais la tendresse. J'ai envie de le toucher, de visiter chaque centimètre carré de sa peau. Je veux sentir sa chaleur et son odeur.

C'est donc en quête de ce rapprochement que j'ôte moi-même mes vêtements, pour l'encourager à faire de même avec les siens. Il suit mon exemple et retire un à un ses vêtements. Nous nous retrouvons côte à côte en sous-vêtements. Je m'allonge et il s'installe contre moi, dans ce lit dont la petite taille oblige à la proximité.

Un amour d'enfanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant