"Il suffit d'y croire".
Je m'appelle Isaac Madwell. Et, ce mardi soir, mon meilleur ami, Valentin, a été retrouvé pendu au lustre de son plafond.
Je ne suis pas le type de personne à ressentir des sentiments d'empathie ou de tristesse. Pourtant, quand nous avons reçu un coup de téléphone des parents de mon meilleur ami, je n'ai pas pû m'empêcher de fondre en larmes.La veille, Valentin avait refusé mon invitation à passer la nuit à la maison. Inhabituel de sa part. Maintenant, j'ai la raison. À vrai dire, j'ai mis plusieurs minutes à réaliser ce qu'il se passait. J'avais mon téléphone à la main, et j'écoutais. J'écoutais les parents de Valentin me demander si ça allait, me demander si j'étais toujours là. Non. Je n'allais pas bien, et je n'étais plus vraiment là. Je réfléchissais. Est-ce que c'était mon bon vieil ami qui me faisait une farce. Non. Bien sûr que non. Et je le savais, au fond de moi. J'ai reposé le téléphone fixe sur son terminal, me suis allongé, et ais pleuré. Il n'était que 7 heures du matin à ce moment. Ses parents ne devaient rentrer que la nuit pour retrouver Valentin le lendemain, couché dans son lit, pas suspendu par-dessus la table du salon, un tabouret renversé à côté. "Il suffit d'y croire". Ces mots, ce furent les derniers que j'avais entendu. Je me plaignais de mes problèmes, tandis que lui en supportait probablement des biens pires. Non. Il ne suffit pas d'y croire, Valentin. Parce que je crois toujours au fait que tu ne t'es pas pendu comme un lâche dans ton salon.
Pourtant, c'est bien ce que tu as fais.
Ou peut-être que non ?
Le mercredi suivant, 14h56, à l'enterrement.
Mon Dieu, Valentin, qu'est-ce qu'on t'a fait ? Voilà que, debouts sur les graviers, tout le monde regardait ton cercueil mit en terre. Ton visage ne me revient déjà presque plus. Je t'oublie, Valentin, je ne méritais pas ton amitié. Voilà 3 jours que je n'ai pas dormi. J'ai des cernes affreuses et je suis blanc comme un cachet d'aspirine. En parlant d'aspirine, j'ai bien dû m'en enfiler une ou deux plaquettes, depuis que tu es parti. Mais au moins, je n'ai pas un maquillage qui coule, comme ta mère, ou un visage impassible, comme ton père. Mais je ne pleure toujours pas. Je baisse les yeux, je regarde mes chaussures, celles que tu m'enviais tant. À vrai dire, tout ce que je regarde me fait penser à toi. Pourquoi est-ce que tu as fais ça, Valentin ? Pourquoi est-ce que tu t'es pendu ? Non. Je n'y crois pas. Tu ne l'as pas fais. Et je vais le démontrer.
Parmi tout ceux vêtus de noir, je me suis levé, et je suis parti. "Quel manque de respect !" Devaient probablement se dire toute les personnes ici. Mais toi, toi, je te ressens encore. Tu ne veux pas que je reste ici. Cet enterrement est un putain de placebo, et je ne dois pas y participer. Depuis nos 5 ans, nous nous connaissons. Ça fait 11 ans maintenant. Tu as évolué. À vrai dire, on a évolué, ensemble. On a vécu notre enfance ensemble, notre adolescence. Les premières déceptions, scolaires comme amoureuses. Nos premiers amours, nos premiers mensonges à nos parents. On a tout vécu ensemble, et pourtant, il y avait encore tant à vivre. Nos 18 ans, nos mariages, nos enfants, tout. Et c'est l'enthousiasme que tu manifestait à ces idées qui me fait dire que tu ne t'es pas tué, Valentin, pas toi. Tu étais seul, la nuit, et tu ne semblais pas très bien. Tout amène à supposer qu'il a pû se passer quelque chose... Je dois revenir te voir. Voir là où tu étais, Valentin. Je m'avance vers ta maison, et sort le double que tu m'as donné.
Parce que, oui, tu me donnais beaucoup de choses, Valentin. Amour, amitié, cadeaux, tu me donnais beaucoup.
Et moi, rien du tout.
Enfin, voilà que j'entre dans cette pièce, cette pièce qui, pour moi, était véritablement l'enfer sur terre. J'observe. Le salon est toujours dans le même état. Le long canapé du style vieux jeu de tes parents, tu sais, celui sur lequel on s'amusait à bondir, étant petit ? Là, la table basse, celle qu'on bougeait pour jouer à la bagarre. La télévision, où plutôt le gros bloc du début des années 2000 qui nous servait à regarder nos dessins animés préférés. Non, rien n'avait changé, rien mise à part une chose. Ce tabouret renversé, à côté de la table. Merde. Je presse ma main contre ma bouche, réprimant l'envie de vomir. Bien que le vaporisateur automatique senteur rose couvrait l'immonde odeur, je n'arrive pas à me sortir l'idée de la tête que, quelques jours auparavant, tu étais mort, ici. Je me retourne pour rejoindre le petit meuble, à droite de la porte d'entrée, m'appuyant sur celui-ci pour prendre l'air. À vrai dire, à ce moment précis, je ne savais pas si c'était un signe, mais je les ai trouvées. Oui, face à moi, posées sur le vieux bois, trois enveloppes. Trois innocentes petites enveloppes. "Maman", "Papa", "Isaac". J'y ai droit, moi aussi. À cette terrible enveloppe. D'un côté, l'irrésistible envie de l'ouvrir me rongeait l'esprit. De l'autre, la peur de découvrir ce que tu souhaitais me dire me faisait trembler tandis que je tend ma main pour attraper l'enveloppe. Je la glisse dans mon sac. Pour l'instant, je devrais sortir. J'ai prévenu mes parents du fait que je sois chez toi, Valentin. Ils ont comprit que je voulais te faire un dernier au revoir et ne devraient pas tarder à venir me chercher. "Un dernier au revoir". Non. Je ne te fais pas mon dernier au revoir étant donné que tu es là, avec moi, Valentin. Je le sens, et c'est ce sentiment de présence qui m'aide à faire ce que je fais. Ça y est, j'entends la petite twingo de ma mère klaxonner. Je sors et quitte enfin ce lieu de malheur pour rejoindre la chaleureuse petite voiture de celle que tu étais parfois capable d'appeller "Tatie", tant notre relation était puissante.

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Zéro
Mystère / Thriller"Il suffit d'y croire" Ce sont les derniers mots qu'a entendu Isaac, retrouvant, le lendemain, Valentin, son meilleur ami, pendu au lustre de son salon. Un texte de quelques chapitres traitant sur les problèmes d'Isaac et ceux qui concernent ses ami...