Le camion

2.

Que fait-il ici ? Elle ne voulait plus jamais le revoir, et elle le retrouve ici, alors qu'elle est en vacances pour justement l'oublier, et oublier ce qu'il lui a fait. Il est là, en pleine nuit, dans un camion, un camion qu'elle reconnaît maintenant, car c'est celui dont il se sert pour ses déménagements. Passé la stupeur, Marianne passe à l'incompréhension. Pourquoi est-il ici ? Pour elle, sûrement, car ce ne peut pas être une coïncidence. Mais dans quel but ? Et comment savait-il qu'elle était ici ?

Derrière le pare-brise, Pierre se met à sourire. Et là, Marianne commence à avoir peur. Car ce sourire, c'est celui qu'il avait quand il s'apprêtait à la battre. Mais elle ne veut pas qu'il sache qu'il l'effraie encore, ça lui ferait trop plaisir. Alors elle se ressaisit et dit avec une voix forte et déterminée :

- « Qu'est ce que tu fous ici, Pierre ? Tu sais très bien que je ne veux plus te voir, alors qu'est-ce que tu fous ici ? »

Il ne répond pas. Comme s'il ne l'avait même pas remarqué. Il faisait ça, des fois, avant, pour lui montrer qu'elle était insignifiante à ses yeux. Il demeure impassible, mais elle devine toujours un sourire au coin de ses lèvres. Elle ne se laisse pas abattre, et s'écrie :

- « Bon, tu sais quoi, Pierre, je m'en fous de ce que tu fais ici. Alors tu vas gentiment reculer pour que je puisse tranquillement rentrer à mon hôtel, c'est clair ? Et ensuite tu vas me foutre la paix et tu vas sortir définitivement de ma vie ! »

Encore une fois, il ne répond pas. Cette attitude agace énormément Marianne. Elle décide de continuer à avancer. Elle ne s'est pas trop ce qu'elle va faire ensuite, mais elle avance quand même. Elle se trouve face à face avec le camion, quand il se passe quelque chose de totalement inattendu : celui-ci se met à avancer. Juste de quelques dizaines de centimètres avant de se stopper. Marianne ne sait pas comment trop réagir, surtout que Pierre reste figé. Elle sent ses yeux qui la fixent à travers les lunettes noires.

- « Pourquoi t'as avancé ? Je t'ai dit de reculer, bordel ! » lance-t-elle.

Il ne réagit toujours pas. Un long silence s'installe tandis qu'ils s'observent mutuellement. Elle ne peut détacher son regard de son ex, qui commence à la mettre très mal à l'aise.

Tout à coup, il sourit à nouveau. Plus intensément, cette fois. Et la peur revient, plus forte, si bien qu'elle ne peut plus la cacher. Elle voit ses mains se poser fermement sur le volant, et le camion recommence à avancer. Il avance doucement, mais force Marianne à reculer. Elle n'ose pas imaginer ce qu'il cherche à faire.

- « Arrête ça tout de suite, Pierre. Arrête ! »

Brusquement, il accélère. Elle commence alors à courir sachant tout en sachant qu'au bout de la rue l'attend un mur. Elle est totalement prise au piège.