LE LENDEMAIN ET VIOLET

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Les matins étaient les pires et les meilleurs moments à la fois. Au réveil, le premier matin du reste de ma vie, la sensation de brulure s'était un peu estompée. Pas tout à fait, à vrai dire. 

Il va revenir. Il va revenir. Tout cela n'est qu'une mauvaise passe. 

Il n'est jamais revenu.

C'était pour le mieux mais je ne le savais pas encore. Je ne savais rien, à vrai dire. Je ne prétends pas détenir la vérité universelle à l'heure actuelle mais je suis sans doute moins ignorante que l'année dernière, ce matin d'avril où je pensais avoir perdu la seule personne qui s'interresserait jamais à moi. J'avais tort. A vrai dire, je me trompais d'une façon si monumentale que ç'en est presque beau. J'aimerais y retourner, sècher mes propres larmes et dire à la pauvre Constance d'arrêter de pleurer, que ça n'en vaut pas la peine, que bientôt elle va vivre des choses si exceptionnelles qu'elle va en oublier tout le reste mais que, pour l'heure, la douleur est là et qu'elle exige d'être ressentie. 

Alors ce jour-là, je me suis levée (non pas par choix), et j'ai continué à vivre comme si de rien n'était malgré cette douleur immense qui me ravageait. J'ai gardé la tête haute, puis j'ai faibli. Juste un instant, quelques larmes chassées par un battement de cils, rien qui attire l'attention, jamais. J'aurais voulu que la peine cesse d'un coup même si c'était impossible et qu'il me fallait continuer à vivre avec elle alors que, tout autour de moi, le monde continuait à tourner.

Quelque chose m'a frappée en cette journée froide d'avril - une bonne prise de conscience. J'étais redescendue de mon nuage d'un seul coup, j'en étais tombée, même, et je m'étais bien fracassée en arrivant. J'ai pensé à Violet. Violet était une amie proche. Elle avait vécu un truc super fort avec un gars de notre école, ça à duré un an. Une année exceptionnelle passée à expérimenter pleins de trucs (comprenez : le sexe) et, au-delà de ça, une année d'amour intense. Vraiment intense. Ce couple, c'était le visage même de l'amour. Pourtant, comme ce genre de relation est aussi précieuse que fragile, un beau jour, il a décidé que c'était fini entre eux. Et il en fût ainsi. 

On ne réalise pas le mal que fait une peine d'amour avant de l'expérimenter. Je n'ai pas pris au sérieux la souffrance de Violet pour la simple raison que je ne la connaissais pas,cette souffrance. Je ne l'avais jamais vécue. Et maintenant, je sais. Je me suis excusée mille fois depuis, je l'ai prise dans mes bras autant que j'ai pu, je lui ai promis de ne pas la lâcher, jamais. Parce qu'à présent, j'avais compris. 

Aujourd'hui, plus d'un an après, Violet va mieux, mais une étincelle s'est éteinte à jamais dans ses yeux. 

La Renaissance de Constance GellerWhere stories live. Discover now