Chapitre 4

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Le capitaine la fixa un instant, une expression orgueilleuse sur le visage. Puis sans un mot ni un regard pour elle, il se redressa et alla se pavaner au milieu de ses hommes. Un concert d'acclamations s'éleva sur son passage, et il récolta nombre de compliments et de tapes dans le dos.

Tout cela ne parvenait aux oreilles de Lucy qu'en étouffé, comme à travers une sorte de filtre. Elle restait au sol, vaincue, et en proie à des pensées tournoyant dans sa tête avec la violence d'une tempête.

Comment avait-elle pu perdre ? Qu'avait-il fait ? Que dirait son père s'il la voyait ainsi, minable et autant déshonorée que déshonorante ? En songeant à cet échec, le seul qu'elle n'aurait jamais dû commettre, la venue des larmes lui brûla les yeux et lui noua douloureusement la gorge. Mais elle les retint coûte que coûte.

« Ressaisis-toi, Lucy ! Tu es un fier Commandant de la Marine, et en tant que tel, tu te dois de rester digne en toutes circonstances. Secoue-toi ! Qu'est-ce que tu fais encore à terre ?! Debout ! Montre à ces saletés de pirates qui tu es ! »

Elle serra les dents, et forte d'un regain de résolution, finit par se redresser. Natsu faisait toujours le paon devant son équipage. S'il était aussi fort qu'il le prétendait, pourquoi faire le fanfaron avec une victoire aussi dérisoire ? Il ne l'avait brisée. Ce n'était que partie remise.

La belle gradée bondit sur ses pieds, et se mit à chercher un moyen discret de quitter ce bateau le plus vite possible. Elle fit à peine fait un pas qu'une solide poigne lui saisit le bras. D'une habile manœuvre elle se libéra et tordit le poignet de l'imbécile l'ayant touchée, mais bientôt d'autres hommes se rapprochèrent, comme une meute de prédateurs encerclant leur proie, prêts à se jeter sur elle à la moindre occasion.

Farouche, la petite !

Tant mieux, ça rajoutera un peu de piquant !

Le dégoût fit frissonner Lucy. Le sexe à bord d'un navire, peu importe la nature de son équipage, était normalement soumis à une réglementation très stricte. Or ces remarques suggéraient que n'importe qui pouvait s'envoyer en l'air à loisir ici.

Si elles avaient fusé sous son autorité, les hommes les ayant prononcées auraient passé deux semaines entières à l'entretien et au nettoyage du bateau. En cas de récidive ils auraient écopé de deux coups de fouet, et s'ils étaient assez bêtes pour recommencer, ils auraient été exclus de l'équipage.

Il y avait ensuite le stade au dessus, à savoir pratiquer lesdites activités, de n'importe quelle façon que ce soit. Là, la punition était bien plus sévère. On commençait par cinq coups de fouet, puis c'était quinze, et enfin il y avait la cours martiale.

Autant dire que tous ses hommes avaient rapidement intégré la discipline et les bonnes mœurs quand elle avait été promue.

Ne m'approchez pas, sales pouilleux ...

Vain avertissement. Elle avait beau être une valeureuse combattante, ils étaient nombreux, et ils finirent par avoir raison d'elle. Après avoir mis une demi douzaine de pirates au sol, elle se retrouva immobilisée par trois hommes robustes, ravis de coller contre eux une aussi sublime créature. Plusieurs autres s'approchaient, un sourire carnassier sur les lèvres, quand la voix du capitaine retentit.

Ça suffit ! N'ai-je pas déjà dit que personne ne doit la toucher ?

Mais, capitaine ... tenta l'un d'eux.

Mais ?

Le regard que lui décocha Natsu glaça même le sang du Commandant. Manifestement il valait mieux ne pas discuter ses ordres ou remettre son autorité en cause, car il était terrifiant ... On l'aurait cru sur le point d'écharper l'inconscient ayant osé le contrarier, bien qu'il n'ait rien fait de plus que le regarder.

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