Chapitre 5

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Il avait été convoqué en toute hâte par l'Amiral Heartfilia, à peine était-il rentré d'une mission d'escorte. Un jeune officier était venu le quérir dès qu'il avait posé le pied sur les planches grinçantes du pont au port d'Hargéon. Si la plupart de ceux qui avaient entendu cette convocation à la volée avaient montré une surprise très justifiée, lui était resté impassible et s'était déplacé immédiatement.

Il avait enfourché la monture du messager et traversé la ville d'une traite. Les habitants lui cédaient naturellement la place pour passer et lui lançaient même des saluts empreints de respect. Après son passage, la populace jasait joyeusement à son propos, chacun y allant de son compliment et de son anecdote. Son nom passait sur toutes les lèvres, étirées en de larges sourires.

Il était arrivé devant la forteresse, un immense bâtiment blanchi à la chaux, dont l'allure ressemblait à un savant assemblage de gigantesques briques percé de fenêtres. Le mur d'enceinte, haut de plus de trente mètres, circulaire, cernait les lieux comme deux grosses pinces de crabe. Il ne laissait pour issues que l'entrée principale, composée de deux portes titanesques en acier trempé, ainsi que l'entrée du port militaire, à plus d'un kilomètre à l'opposé de l'entrée de terre.

L'endroit était si vaste qu'une portion de l'océan y avait été emprisonnée, formant entre ces murs une grande rade destinée à l'accueil de la flotte militaire.

Au sommet de la muraille, tous les cinquante mètres se dressait une tourelle de garde. Le tout était équipé d'une formidable panoplie de canons, de lance-harpons, de mâchicoulis, et de gros lacrimas magiques dont l'usage était, pour le bonheur de beaucoup, méconnu.

Après qu'il ait jeté un regard vide aux gardes, les portes avaient été ouvertes en grand, et sans hésiter un instant sur le chemin à prendre, il s'était introduit dans l'immense bâtiment. Il était monté au plus haut point de celle-ci, recevant moult saluts respectueux sur son trajet. Au dernier étage, les vastes couloirs menant au bureau de l'Amiral portaient, interposés avec des candélabres muraux, les portraits des précédents Amiraux Heartphilia entourés de leur famille. Tous ceux ayant été en poste depuis près de 8 siècles.

Le premier que l'on voyait était celui d'une femme d'une quarantaine d'année, et dont les traits ressemblaient à s'y méprendre à ceux de Lucy. Sous la toile, on pouvait lire le nom Amiral Anna Heartphilia. Le défilé se poursuivait sur des dizaines de mètres, à croire que ce couloir n'était ici que pour exposer la monarchie militaire des Heartfilia.

La dernière toile, presque au bout du couloir, dépeignait quatre personnes. Une femme d'une trentaine d'année très semblable à Anna se tenait postée à côté d'un fauteuil, les deux mains sur les épaules d'un jeune garçon d'environ dix ans en uniforme de marin. Il avait les cheveux bleu et les yeux dorés, ainsi qu'un tatouage rouge lui barrant l'œil droit. Dans le fauteuil était assis un homme en uniforme du même âge que son épouse. Sur les genoux de ce dernier, une petite fille blonde en robe bleu souriait au peintre d'un air déterminé. L'inscription sous-jacente indiquait : Amiral Jude Heartfilia, son épouse Layla Heartfilia, leur fils Jellal Fernandez et leur fille Lucy Heartfilia.

Et enfin il se trouva devant le bureau de l'Amiral de la Marine du royaume de Fiore.

On entrait par une grande double-porte en bois clair, si bien cirée qu'on aurait juré que le lustrage datait de la veille. Elle était gravée de multiples représentations de créatures aquatiques plus mythiques les unes que les autres, toutes semblant à la fois lutter et danser autour d'un symbole frappé au niveau des poignées : l'ancre recouvrant deux sabres croisés, l'emblème de la Marine.

Deux gardes en uniforme bleu, blanc et doré étaient postés de part et d'autre de l'entrée ouvragée, serrant avec conviction leurs lances étincelantes de leurs mains gantées de crispin, le corps droit, le visage stoïque et les yeux brûlants d'honneur. Ils étaient d'autant plus tendus que la personne qui venait d'arriver faisait partie des plus hautes placées dans leur hiérarchie.

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