À peu près 9 mois plus tard, Irlande
Anne était née le 26 octobre 1699, par une journée de tempête. Sur les côtes, plusieurs marins rapportaient que la mer était déchaînée comme jamais auparavant et que Dieu était loin d'avoir dit son dernier mot. Toujours est-il que quelque part dans une frêle maison où trônait un lit de paille, Mary donnait naissance à une petite fille, Anne. William avait préféré amener son amante loin de sa femme, dans une cabane de pêche où vivaient une sage-femme et un pêcheur. Celui-ci avait accepté que sa femme s'occupe de Mary en échange d'une rondelette somme d'argent. Mary entamait le travail à l'étage avec l'aide de la sage-femme pendant que William attendait patiemment qu'elles aient terminé. Le vent et la pluie fouettaient violemment les battants des fenêtres. Le bébé arrivait beaucoup plus tôt que prévu. Il sera faible, pensa William Cormac. Peut-être trop faible pour survivre à la traversée qui nous attend dans quelques semaines, se dit-il. Une personne dévalant les escaliers à toute vitesse le sorti de ses pensées. La sage-femme se plaça timidement devant lui et lui annonça :
- Votre fille vient de naître, vous pouvez aller la voir.
- Une fille... ? Elle aura du mal à survivre à la traversée c'est le cas de le dire.
Ne comprenant pas les références de l'homme, la sage-femme partit à la cuisine préparer du thé. William gravit les escaliers et vit par la porte entrouverte l'amour de sa vie portant dans ses bras un tout petit paquet qui gazouillait. Ses petits cris réussissaient presque à faire oublier la tempête qui rugissait à l'extérieur de la petite chaumière. William, fou de joie, entra dans la pièce le sourire aux lèvres et enlaça son amante et sa fille. Se penchant près de son oreille, il lui chuchota :
- Je t'emmène en sécurité bientôt, nous partons pour la Caroline du Sud dans un mois. Je nous ai acheté une plantation de coton et ainsi, nous ne manquerons de rien.
Ému, Mary l'embrassa tendrement avant de se faire interrompre par la sage-femme qui revenait veiller sur elle et lui prodiguer des soins si nécessaires. Laissant les deux femmes à l'étage, William redescendit et s'assit près du pêcheur dans la cuisine. Il avait un air songeur et William ne put s'empêcher de lui demander :
- Avez-vous des enfants ? comment fait-on pour être à la hauteur ?
Le pêcheur lui répondit toujours avec ce regard songeur :
- Vous ne le serez jamais. Cet enfant a déjà une destinée toute tracée et ce n'est pas vous qui pourrez y changer quoi que ce soit.
- Que voulez-vous dire ? questionna William.
- Ce sera une battante, ne vous attendez pas à ce qu'elle devienne ce que vous déciderez pour elle. Elle n'en fera qu'à sa tête, ça, je peux vous l'affirmer.
- Comment pouvez-vous en être si certain.
- N'avez-vous pas vu la mer se déchaîner dehors ? C'est un signe, elle sera aussi impétueuse et imprévisible que la mer en pleine tempête.
- Mais c'est une fille, et puis, elle est née en avance, elle sera certainement faible et soumise.
- Je ne parierais pas là-dessus à votre place Sir Cormac. Elle sera sûrement rendue loin le jour où vous réaliserez que j'avais raison à son sujet. Tout ce que je peux vous dire, c'est que j'ai déjà hâte de la revoir.
Agacé par les divagations et les élucubrations du vieux pêcheur, William se leva et s'éloigna de la cuisine pour réfléchir à son éminente traversée. Mais ces pensées revenaient sans cesse aux paroles du vieillard. "Elle sera comme la mer"…
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Une femme pirate
Historical FictionVoici le premier d'une longue série (je l'espère) d'histoire, racontant l'histoire de femmes de toutes les époques, de toutes les ethnies. Certaines seront même dans des mondes imaginaires ou dans d'autres réalités. Mais toutes ces femmes ont quelqu...