J'avais envie de vomir sur les chaussures du mec en face de nous. Ce n'était pas du tout sa faute, vraiment ce n'était pas lui qui me donnait la nausée mais plutôt la sorte de « transfert » digne d'un film de science-fiction, que je venais de faire (correction : subir). Jospin arriva juste après Phil, et les pégases aussi (qui, soit dit en passant, se débrouillaient beaucoup mieux que moi pour la téléportation). Notre escorteur avait l'air plus à l'aise ici qu'il l'était il y a dix minutes, il avait un air plus confiant, assuré. Il s'approcha de l'inconnu, un grand homme à la peau d'ébène et aux cheveux grisonnant, très classe. Derrière lui se tenait un autre homme, plus jeune et petit, le visage serein avec un sourire accueillant. Jospin s'avança encore un peu avant de saluer le plus âgé
-bonjour monsieur Jefferson
-bonjour Jospin, le voyage s'est bien passé ?
-oui oui, aucun humain ne nous a vus
Puis il rajouta un « bonjour Rafael » à l'autre homme, qui hocha la tête sans décrocher son léger sourire qui commençait à devenir malaisant.
M.Jefferson vint doucement vers nous, serra la main de Philaé puis fit de même avec moi
-je suis Mason Jefferson, « chef », je n'aime pas trop cette appellation, de cet endroit. En résumé je m'occupe de la gestion du lieu, avec l'aide de Rafael, le sous-chef très prometteur
Dit-il en tapotant affectueusement l'épaule du concerné. Je me décidais enfin à prononcer une phrase, en priant pour que la nausée soit réellement arrêtée.
-nous sommes où exactement ?
-Oh bien sûr, Bienvenue au camp des enchanteurs !
Il ouvrit largement les bras pour nous présenter l'espace derrière lui, puis voyant qu'on semblait toujours aussi perplexe qu'avant il toussota avant de reprendre un peu gêné
-hum. Evidemment vous ne savez pas de quoi il s'agit, pardon je ne suis pas vraiment habitué à votre cas. Je vous propose de me suivre pour parler tranquillement au chaud.
Des gens de différents âges commençaient à s'agglomérer autour de nous. On emboîta le pas du chef, accompagné par Rafael et Jospin, pendant qu'on se faisait fixer avec curiosité par des petits groupes discutant à voix basse. Je commençais à me demander si je n'avais pas une énorme tâche de moutarde qui recouvrirait la moitié de mon visage et qui, par conséquent, attirerait tout l'attention. Ou encore si mes cheveux avait mystérieusement prit feu sans que je m'en rende compte et que personne n'osait trop me le dire. On finit par nous engouffrer dans un chalet plutôt grand. Il y a avait une large table ovale au milieu de la pièce, une bibliothèque débordante de grimoire, et des tableaux accrochés aux murs dont un qui contenait une liste de noms d'hommes et de femmes. Le derniers était « Mason Jefferson », j'en conclu que c'était une liste des chefs. Justement, il nous fit signe de nous asseoir interrompant Phil dans sa contemplation du chat qui dormait dans un coin de la pièce. Quand on voulut s'installer les chaises se décalèrent toutes seules (je ne relevais même plus les bizarreries dont j'étais témoin). Monsieur. Jefferson sortit de la pièce durant quelques longues minutes où seul le ronflement du chat s'élevait pendant que Jospin faisait semblant de lire les titres des ouvrages exposés sur les étagères. Le chef revint avec un plateau entre les mains. Il nous tendit à chacun une tasse de chocolat chaud et posa sur la table quelques bols remplient de cookies. Il s'assit en face de nous, toujours dans un silence religieux qui commençait à me rendre mal-à-l'aise, un peu comme si je m'étais retrouvé par inadvertance dans le lieu de réunion d'une secte sans trop savoir comment sortir. Enfin il se redressa sur sa chaise et prit la parole en réfléchissant à ses paroles comme s'il risquait à tout moment de nous révéler un secret d'état tel que le code atomique.
-Philaé, Léo, vous devez probablement vous demander ce que vous faites là
Phil me donna un petit coup de coude, surement pour me faire passer le message « ne dit pas de conneries, en fait ne parle pas, sinon t'es mort », j'acquiesçai donc sans ouvrir la bouche au risque de subir les fureurs de mon amie.
-Bon, je ne vais y aller par quatre chemins : vous êtes des enchanteurs. Laissez-moi parler avant de me poser des questions. En réalité, comment dire...il existe une sorte de monde parallèle, où nous nous trouvons actuellement, qui abrite toutes les créatures qui n'apparaissent que dans les livres chez les humains. Les magiciens sont chargés de maintenir l'ordre entre ces créatures et de les empêcher d'atteindre l'autre monde, celui qui était le vôtre jusqu'à présent. Les magiciens contrôlent les éléments, et se séparent en deux « espèces » : les enchanteurs, nous, qui manient l'eau et l'air, et les sorciers qui s'occupent du feu et de la terre. Maintenant que je vous ai un peu résumé tout ça, j'ai quelques règles à vous exposer : ne jamais utiliser ses pouvoirs pour blesser un humains, ne jamais avoir une relation quelconque avec un sorcier ou une sorcière, ne jamais prendre du rab à la cantine avant 13h.
Il se tourna vers son sous-chef
-j'ai rien oublié ?
-peut-être pourriez-vous leur préciser en quoi ils sont des cas spéciaux.
-oui, évidemment, merci Rafael. Effectivement il faut surement vous expliquer cela. Normalement les enchanteurs naissent tous ici et y passent leur vie, même si certain aiment aller dans le monde humain de temps en temps, or vous pas du tout. Nous avons appris votre existence il y a peu grâce Jospin qui, pendant sa recherche de Emera une dragonne très capricieuse qui s'était encore faufilée dans une brèche de passage, a senti votre aura. Nous avons tenté de savoir d'où vous veniez mais aucune réponse n'a été trouvée. Vous êtes encore un mystère pour nous. Des questions ?
Je sautais sur l'occasion pour poser LA question qui me hantait depuis quelques heures.
-Oui, où sont les toilettes s'il vous plaît ?
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Elements.
Paranormalde la magie, de l'humour j'espère, de l'amour peut-être. Une fin avec de la chance, pour une fois.