Chapitre 5

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Drago rentra chez lui après ses cours, afin de se changer avant de repartir. Son altercation avec Weasmoche l'avait mis de bonne humeur et ça avait duré toute la journée. A croire qu'il lui suffisait de taquiner Granger et de remettre Weasmoche à sa place pour ensoleiller sa journée. Il secoua la tête. Non, pas besoin de Granger...

- Tu m'expliques ? demanda son père, à peine le jeune homme entré dans le manoir, en lui jetant un exemplaire de Sorcière hebdo que Drago attrapa au vol.

- Quoi ?

- Oh, tu n'as qu'à regarder la couverture, indiqua Lucius en lui faisant signe d'entrer dans le salon.

Drago s'installa d'un air nonchalant sur le fauteuil puis regarda ladite couverture. Il y avait trois photos prises lors de la soirée universitaire de la veille au soir. Il y en avait une montrant Hermione en train de faire le poirier, une autre la montrant dans les bras de Malefoy et une dernière alors qu'ils s'embrassaient.

- Ah ! Je n'ai fait que veiller sur quelqu'un pour qui j'avais une dette... pour qui j'ai une dette, rectifia Drago.

- Hum ! Et ta langue au fond de sa bouche ? C'est probablement parce qu'elle avalé ta dette et que tu voulais la récupérer ? railla Lucius.

- Très drôle, père. Elle avait bu. Puis de toute façon, j'ai passé l'âge de te rendre des comptes sur ce genre de choses ! s'amusa Drago en se levant.

- Assieds-toi, ordonna Lucius.

Drago leva les yeux au ciel mais obtempéra, sans vraiment savoir pourquoi.

- S'il s'agissait de n'importe quelle Sang-de-Bourbe, je n'aurais pas eu ce discours. Mais là, on parle de Granger. C'est une héroïne de guerre, et te montrer de la sorte avec elle ne peut que redorer le nom de notre famille, expliqua Lucius avec un sourire calculateur.

- Sauf que ça n'arrivera plus car, justement, on parle de Granger et que, ni elle ni moi, ne voulons qu'une telle chose se reproduise, répondit Drago en se levant.

- Tu peux bien faire ça pour notre bien à tous, non ?

- Absolument pas !

- Qu'est-ce qui te gêne tellement ? Qu'elle soit une Sang-de-Bourbe ? Allons, je croyais que... quels étaient tes mots exact la dernière fois déjà ? Ah oui ! Que tu ne croyais plus en ces préjugés archaïques qui avaient failli tous nous tuer, s'énerva son père.

C'était en effet ce que Drago lui avait répondu, un jour où il se justifiait de ses choix de conquêtes ; elles n'étaient pas toutes de Sang-pur. En vérité, Drago ne posait même plus la question. Il s'en fichait. Puis, il contrariait son père, ce n'était pas négligeable.

En fait, en y réfléchissant bien, depuis quelques temps, c'était comme ça qu'il se sentait bien. Il se sentait bien en contrariant son père, parce qu'il batifolait avec des Nés-Moldues, comme pour lui faire payer son incapacité à le protéger. Il se sentait bien en poussant Weasmoche à bout, parce qu'en se montrant avec Granger, il le provoquait ; après tout, ce maudit rouquin l'aurait laissé crever ou enfermer. Il se sentait bien en faisant du mal aux filles qui s'accrochaient à lui, leur rappelant qu'elles n'étaient rien et qu'elles s'accrochaient à lui pour ce qu'il représentait et non pour qui il était.

En réalité, les deux seules personnes qui étaient assurées de ne pas faire les frais de cela étaient Granger et Potter. Les seuls qui avaient longtemps été des personnes qu'il détestait le plus, ou qu'il avait cru détester, étaient aujourd'hui les seuls à qui il devait quelque chose. Il leur devait sa liberté et encore plus important encore : sa vie.

Drago Malefoy n'avait guère de qualités mais il savait se sentir redevable et montrer du respect à ces deux personnes, bien qu'il ait plus de facilités à le montrer à Granger qu'à Potter. Il se contentait de l'éviter soigneusement et de lui faire un signe de tête lorsqu'il le croisait. C'était plus que ce que le survivant attendait de la part de son vieil ennemi. A vrai dire, le survivant ne semblait rien attendre de sa part et ce n'était pas plus mal.

Le premier qui dit je t'aime a perduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant