L'Âme d'Un Alpha

Chapitre 26

Les Humains s'approchent. Mes chasseurs se transforment, hostiles. Une première fois, d'accord. Une deuxième fois en une semaine? C'est trop beau pour être vrai ! Mon sixième sens de loup me dit que Kiara en est pour quelque chose. Prêt à défendre le territoire, je sors mes griffes acérées et m'avance afin d'être le premier devant les Humains. Pourriture. Parasite de la Terre. Rats. Ils devraient tous mourir. Périr jusqu'aux derniers.
Soudain, dans mon nuage de haine, le visage d'Ella et de ma mère apparaissent. Chassant ma colère en une fraction de seconde. « Garde le peu de respect qu'il te reste pour ta mère! » m'avait dit mon père.

Les bruits de feuilles qui s'écrasent reportent mon attention vers l'entrée de la forêt. Ils arrivent.
Une torche enflammée dans une main, une arme quelconque dans l'autre, les Hommes nous huent et hurlent des obscénités. En tant que bon Alpha, je dois tout faire pour rétablir le calme entre nos deux clans avant d'en arriver aux armes. Pendant des décennies, mon père a réussi. Voyons voir si je peux encore y parvenir. Groupe par groupe, ils entrent dans notre campement. Leurs visages expriment de la haine et de la détermination. Je sens que les résonner est perdu d'avance..

Alors que je fais un pas vers eux, ils poussent un hurlement de guerre en fonçant tête première.

-DÉFENSE! j'ordonne.

Pas le temps de déchiqueter tout le village! Les Humains foncent droit vers nous sans cesser de hurler. Certains s'attaquent déjà à ma meute. Un vieil homme barbu pointe sa fourche vers moi. Je comprends qu'il désire me voir mort, mais j'hésite à me battre contre lui. Il est faible, au premier abord, et il doit avoir été fermier pendant toute sa vie. Ses vieux genoux tremblent légèrement et il empeste la peur. Il est courageux, certes, mais pas dangereux pour une miche de pain! D'un simple mouvement de bras, je le projette loin de moi. Le vieux retombe, fesses au sol. Il ne semble pas avoir vu les évènements arrivés et, heureusement pour moi, il respire encore.

Je me retourne afin de trouver Elena. Merde. C'est la seule pleine lune où je peux la faire mienne. Ensuite, c'est fichu. Elle va pouvoir être avec moi sans être la Luna. C'est bien la première fois dans l'histoire de notre meute que cela arrive. À croire qu'Elena a la poisse.

Un jeune homme me frappe dans le dos. Ce coup me sort de mes pensées. Je me tourne vers lui. Il est très jeune, dix-sept ans maximum. Il tient entre ses deux mains un large bâton. Lentement, ses yeux montent de mon estomac à mon visage. Ses yeux s'agrandissent en seulement une seconde. C'est assez amusant son changement d'expression faciale. Ils m'amusent, ces humains, au moins. Ce doit être le seul côté positif avec eux entre nos pattes. Ils se battent comme des mouches. Sans attendre, j'empoigne son « arme » et la propulse à une centaine de mètres en arrière. Le jeune me scrute, angoissé. Il transpire énormément.. ça suinte de peur. Un seul mouvement vers lui et le jeune homme fuit comme un rat. J'entends un homme l'interpeller « Maxime » mais l'adolescent court à en perdre haleine jusqu'à disparaître dans la forêt. Bon sang... Ils ont le courage, ça c'est sûr... mais pour le reste... ça laisse à désirer.

Je m'avance d'un pas rapide où était le rituel, espérant trouver Elena recroquevillée dans un coin. Elle n'est pas comme ça et tu le sais. Quand j'entre dans la hutte, rien. Personne. Je te l'avais dit. Ta gueule, foutue conscience! Où est-elle?! Je me ressors de la hutte. Ella, Ella, Ell... C'est le chaos dehors! Mes chasseurs sont en loups, les Humains se battent en sauvages, plusieurs sont morts ou blessés... La situation va dégénérer si je n'agis pas maintenant! Je peux distinguer le loup de Loan qui se défend contre trois hommes. Mikaya, toujours en mi-louve, vient à sa rescousse et l'en débarrasse. Loan esquisse en mouvement de tête, signe de remerciement. Puis, les deux âmes-sœurs retournent sur le champ de bataille. Il n'a pas plus bien tombé, mon meilleur ami.

Moi, je dois défendre ma meute. Mais Elena..? Bordel! Elena! Je ne peux pas me la sortir de la tête ! Où elle peut bien être?! Elle a le chic de me mettre en situation d'angoisse intense.

Certains Humains ont réussis à passer la barrière que mes loups forment. Ils pillent nos ressources, hutte par hutte, maison par maison. Quels connards! Je peux les entendre rigoler et respirer. Je devine parfaitement où ils se trouvent. Je décide donc de leur faire une petite surprise. J'entre à pas feutrés dans la maisonnette. Ma maisonnette. Les salauds. Ils ne vont pas s'en sortir aussi facilement. J'ai été indulgent, mais c'en est trop. Quoi que je vais faire, ma meute me suivra. Mon père sera sûrement contre, mais je ne suis comme lui. Je ne le serai jamais. Ses deux hommes fouillent dans les tiroirs d'une commode en chuchotant:
-Grouille-toi. Ils pourraient nous entendre.
-Ça va, ça va! Ils sont occupés! Hoouu, regarde ce que j'ai trouvé!

L'homme ressort un sous-vêtement du tiroir. Une culotte en dentelle blanche... le sous-vêtement que portait Elena lorsque je l'ai aperçue pour la première fois. Je vois rouge.

-C'est une super culotte.. sexy.
-Tu pourrais peut-être la garder pour te branler le soir.
-C'est pas catholique...
-En s'en balance, t'avais pas un rendez-vous avec cette pute? C'est pas elle qui s'est fait kidnapper?

Sans entendre un mot de plus, je leur saute dessus. Agrippant l'un des deux avec mes griffes et l'autre avec ma gueule. Mon loup a pris le total contrôle, et je me laisse repousser sans problème. Ces hommes en ont trop dit. Je plante mes griffes dans sa poitrine. Le hurlement de douleur se tait lorsque je transperce un organe ferme. Son ami est dans ma gueule, mort sur le coup de la pression de mes crocs. Je laisse les deux cadavres dans ma maison et quitte les lieux. Mission: Trouver Elena. Je renifle l'air essayant de trouver son odeurs dans ce tourbillon d'émotion. Je la sens! Elle est près! Je me dirige vers la trainée de son parfum... le sentiment qui en émerge me frappe de plein fouet. De la colère.. douleur... rage... Que se passe-t-il? Je m'avance de plus en plus vite vers l'endroit où elle se trouve. Derrière le bâtiment de Doc, je peux percevoir deux présences féminines.

-Tu croyais que c'en était fini, hein?!

Alors que la femme lui crache ses mots, j'entends des gémissements, des coups.. Qu..!

-Cr..r... èvvv..ve...

ELENA!