Le goût du sang

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Les jours passaient, nous nous retrouvions souvent dans les jardins du palais. Mais la plus grande partie de nos journées était consacrée à un entrainement intensif. Tant sur le plan du maniement des armes blanches et d'adresse, que sur les notions théoriques de nos fragments. Cependant la pratique de la magie des pierres était loin d'être de tout repos, les pierres nous poussaient dans nos retranchements. Notre état de fatigue se faisait sentir, et grandissant de jour en jour nous amena à ce moment.

Erinithia : « Néméter j'en peux plus aujourd’hui …. Harmoniser la matière pour créer des armes, des artefacts ou même des êtres vivants, m’épuise. Je n'ai plus aucune force…. »

Elle tomba à genoux. Pitipusse regardant la scène de loin me fit signe de la laisser. Pourtant mon cœur envoyait tellement de sang à ce moment précis que je ne pouvais l'ignorer. Je me penchais sur elle et caressant son visage je lui donnais toute la force qu'il me restait, grâce à la pierre de sang que je tenais d'une main ferme. Mes forces me quittaient peu à peu , lorsque qu'Erinithia saisit ma main, me gifla de l'autre. Je ne comprenais pas. Pourquoi faisait elle cela ? Elle me transperça du regard, ses yeux bleus lançaient des éclairs. Elle se leva et se mise en position de défense. Poings serrés. Prête à me frapper de nouveau. Je ne comprenais rien. À bout de force je luttais pour me relever. Elle m’assena un coup de poing violent dans les cotes. J'avais le souffle coupé. Elle continua, envoyant un second coup à hauteur de mon visage. J’eu à peine le temps d'esquiver. Mes forces revenaient. Une danse fut entamée entre nos deux corps. Elle frappait, j’esquivais. J’attrapais alors son poignet. La fit virevolter en plaquant son dos contre ma poitrine. Je lui tenais les bras, l’entourais au niveau de son ventre, la serrais, la contenais. Mais elle enchainait les coups de coude. Mon ventre ne put supporter longtemps cette violence. Je la relâchais, elle me pris alors le bras, le tira vers elle et balaya mes jambes. Je tombais au sol. Elle plaça alors son genoux à hauteur de ma gorge. Pitipusse intervint à ce moment là.

Pitipusse : « Waouh. Bravo mademoiselle !! Vous avez combattu avec force !! »

Moi : « Je comprend pas pourquoi tu m'as attaqué ??! »

Elle me libera de son emprise. Ma gorge semblait écrasée. J'avais le goût du sang dans la bouche. Me relevant avec difficulté, je questionnais Erinithia en la soutenant du regard. Elle me répondit d'un sourire dont elle avait le secret. Ce sourire malicieux que j'avais déjà vu sur le visage de Pitipusse. Cela me rendais fou de rage. Je détestais que l'on me fasse des secrets. Mais là, c'était juste étrange pour moi. M'avoir attaqué à un moment aussi inopportun. Je le savais pourtant que c'était une technique, stratégie même, de guerre. Attaquer lorsque l'ennemi est au plus bas. Lorsqu'il est faible et qu'il ne peut répondre. Et pourtant je m'étais laissé avoir par …. Ma propre femme.

Erinithia : « J'espère ne pas t'avoir trop bousculé, mon amour ? »

Moi : « Eh bien j'avoue que je ne m'y attendais pas le moins du monde …. »

Pitipusse : « C'est très bien. Elle a testé ta résistance à l'émotion, ainsi que ta capacité à réagir face à une tromperie. Et il faut bien dire qu'elle a réussi à te massacrer …. Ah ah ! Mais maintenant, l'avantage, c'est que tu es prévenu … »

Moi : « Ohlala Pitipusse je ne m'attend pas à ce que ma compagne me trompe …. C'est débile ! »

Ma colère se ressentais dans tout le jardin. Erinithia vint alors vers moi. Elle me caressa la joue puis m’embrassa, un long baiser langoureux s'échappait de ses lèvres et venait sucrer les miennes. J’en oubliais mes douleurs, le goût du sang et les bleus que j'aurais certainement le lendemain. Son baiser me fit tellement de bien que ma main se serra autour du fragment rouge. Une volute rougeâtre s’échappa de mon poing. Les traits fumants rouges se mirent à virevolter autour de moi. Puis ils se dirigèrent vers mes blessures, tout en transperçant ma peau, une douleur intense surgit. Même si cela faisait mal, cela guérissait mes plaies. Les volutes de fumée rouge ressortirent alors de mon corps, de mes plaies, retournèrent à la pierre de sang, enfin elle cessa de briller. J'étais stupéfait des pouvoirs de guérison dont elle pouvait faire preuve, alors qu'elle savait prendre aussi des vies.

Le goût du sang revint à ma bouche. Mais cette fois ci, j'avais véritablement du sang dans la bouche. Pitipusse comme un clairvoyant me donna un bol dans lequel je pu cracher ce sang noir. Comment savait il ? Il me regarda avec ses yeux dans le coin de ses orbites, savait il autre chose en lien avec cette pierre ? Je devais le questionner.

Moi : « Pitipusse ! Dit moi tout sur cette pierre ! Maintenant ! »

Pitipusse : « Je pense que je vais faire mieux que ça, mon jeune ami ! »

Il nous prit par les poignets, nous fit remonter les escaliers, passer la petite porte, puis bifurqua directement sur la gauche. Là un petit passage à hauteur d'homme, débouchait sur les fameux couloirs immenses. Certainement ceux qu’empruntait Andromédis. Nous étions alors, émerveillés devant tant de beauté. Des rivières d’or couraient sur les parois de ces couloirs immenses. On y voyait également des pierres précieuses incrustées dans la roche. Mais le plus marsuant, et Pitipusse insista là-dessus, c'était les tableaux gigantesques et les fresques qui agrémentaient les murs. On y voyait beaucoup de scènes différentes. Certaines d'entres elles attiraient mon attention. Surtout une qui me paraissait être…. Moi et Ernithia ? Pitipusse me saisit par le poignets et invita Erinithia du regard, à nous suivre.

Pitipusse : « Ce n'est pas celles-ci qui nous intéressent mais bien là, celles là . »

Il me tira jusqu’à une fresque qui faisait bien une vingtaine de mètres de long sur quelques deux mètres de hauteur. Erinithia arriva à pas feutrés, nous rejoignant devant une des plus grandes fresques du couloir. On y voyait plusieurs scènes. J'aurais dit qu'il y avait là une vingtaine de scènes différentes mettant en action Andromédis et Merlin semblait il. Je regardais, admiratif devant tant de travail réalisé par les peintres mais aussi devant tant de possibilités qu’offrait, en réalité, les œufs. Visiblement cela se déroulait avant leur destruction. On pouvait voir des situations de guérison, de création, d'harmonisation, des combats aussi, rapidement gagnés, des voyages, des capacités comme la télékinésie, la pyrokinésie ou le vol, la facilité de recevoir des messages dans les rêves et bien d'autres faits apparaissant de manière si claire maintenant qu'il était évident qu'il aurait fallut les détruire un jour ou l'autre. Empêchant ainsi l'humain avide, de s'emparer de tels pouvoirs. Je compris aussi où voulaient en venir Pitipusse et Andromédis. Ils savaient tout les deux que nous serions amenés a posséder de tels capacités, dons du ciel. Ils voulaient nous en protéger mais en même temps nous permettre de nous en servir à bon escient. Je touchais alors le tableau, histoire de m’imprégner un peu plus de cette histoire fabuleuse. J’eus tout à coup le goût du sang dans la bouche. Pitipusse intervint de nouveau en enlevant ma main de la fresque.

Pitipusse : « Ne faites pas cela cher ami …. Trop de sang a coulé de ce passé. Vous ne pourrez rien ramener…. Cela vous ferait certainement mourir en essayant…. »

Je vis bien ses yeux brillants de larmes prêtes à couler. J'ignorais en réalité qui était Pitipusse. Nous avions peu parlé de lui, en vérité. Mais, je posais ma main sur son épaule, je le soutenais. Bien que ne sachant pas qui il était véritablement, ses yeux me rappelèrent vaguement quelqu'un. Je ne pus l'admettre mais je venais de toucher quelque chose. Il esquiva alors mon regard. Puis nous ordonna simplement et gentiment de retourner dans notre partie du palais.

Il se passait toute sortes de choses étranges dans cette galaxie, surtout ici. Je compris vite que le prix et le goût du sang était, serait et resterait l'apanage de mon fragment. Le sang allait encore couler, à flots, et je ne savais pas si j'y pourrais quelque chose ou si j'en serais l'instigateur.

Néméter : Tome 2 : Andromède, la voie sanglante Où les histoires vivent. Découvrez maintenant