Olive

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Je suis restée dans mon immeuble depuis le début. Je ne sortais plus.  Il fait nuit et froid.

Ça a commencé par les guerres, de plus en plus violentes, de plus en plus bêtes. On se battait pour de l'eau, pour les derniers puits de pétroles, pour les derniers champs. Il faisait de plus en plus chaud. 
Les conflits devinrent mondiaux, les adultes partirent à la guerre, le service militaire pour les femmes fut instauré dans presque chaque pays. Mes parents sont partis. Ils ne sont jamais revenus. 
Ensuite il y a eu des pandémies, à chaque fois plus résistantes aux médicaments, les morts se multipliaient. 

Je suis restée dans on immeuble depuis le début. Je ne sortais plus. Il fait jour et chaud.

J'entendais les autres adolescents et les rares adultes qui restaient défoncer les appartements pour y trouver de la nourriture, je me suis faite tabasser plus d'une fois, laisser pour morte. Mais mes blessures ont guéries. 
Les adultes ne sont pas revenus. 
Mon chien mangeait les rats, lui trouvait toujours à bouffer. Pour moi cela devint plus difficile. On m'avait tout prit, et certaines de mes plaies, les plus profondes, s'infectaient. Je souffrais. 
Mais la douleur passait. Toujours. En tous cas au moment de dormir, où je tombais, assommée par la fatigue et les pleurs.
L'eau ne coulait plus, les médicaments, on me les avait volés, les amis, plus aucune nouvelle, le courant, fini, cela faisait bien longtemps qu'aucun de mes appareil électronique n'avait de batterie. Les habits propres, tous déjà portés, descendre dans la rue me coûtait trop d'énergie, me déplacer jusqu'à la salle de bain n'avait plus aucun sens si la chasse d'eau ne marchait plus, je pissais dans la douche et chiais dans des sacs en plastiques que je balançais ensuite par la fenêtre, mais dans la rue tout était calme pendant le jour. La nuit, au contraire, les guerres entre clans se déchaînaient, on se battait, s'entretuait. Les feux éclairaient les murs de mon appartement, et les cris emplissaient l'espace. J'ai peur j'ai froid j'ai faim j'ai soif.
Ils approchent, je les entends. Cette fois ils ne me laisseront pas en vie. Je le sais.
Je m'appelle Olive et cette nuit est ma dernière.

Je suis restée dans mon immeuble jusqu'à la fin. Je ne suis pas sortie. Il faisait nuit et froid.

Les survivantesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant