Un nuage blanc et crémeux s'étale sur 2 corps dans un « pschitt » retentissant.
Il faut dire que l'assistant plateau ne lésine pas avec l'extincteur !
Le perchiste accoure et jette sa veste par-dessus bras et corps entremélés, la scripte de plateau hurle « au feu ! » et la stagiaire se met la main devant la bouche, personne n'entendra ses mots.
La fumée finit sa route bien au-dessus des spots d'éclairage tandis que des giclures de mousse propulsées se complaisent à s'accrocher au décors.
« Oh ! putain ! » s'écrit l'homme qui porte la caméra sur l'épaule.
Pierre se lève du chariot, pose sa caméra, pousse tout le monde de ses bras épais et se penche sur les deux accidentés en criant : « ça va, ça va ? »
Annie se relève difficilement, elle enlève la mousse de son visage, regarde Pierre et explose tout de suite de colère : « tu crois quoi ? je t'avais dit que je ne sentais pas le trucage des lumières sur ma robe, faut te le dire comment ? Tu me fais suer ! ».
Elle regarde Jeannot qui est resté assis par terre, bien moins Grand maintenant, bien plus humain avec son souffle rauque qui ne cherche qu'à reprendre vie.
Elle enchaine en le regardant méchamment : « et toi ? tu as failli me casser le bras en me roulant dessus ! »
Sans attendre ni réponse ni commentaire, Annie part du plateau, d'un pas rapide, en se massant son avant-bras et en marmonnant des noms d'oiseaux.
Pour éteindre cette colère, aucun extincteur n'est à ce jour inventé !
« Oh la la ! ce n'est pas grave » dit Jeannot, « ce n'est que la 1ere prise », « va falloir régler des trucs, c'est tout » ; Il regarde Pierre pour trouver une approbation.
Autoritairement, Pierre, ignorant ses propos, crie en moulinant avec ses bras limités par sa taille bedonnante : « bon, ben, on nettoie tout et on reprend tranquille demain matin, 8 heures. »
Puis il se tourne vers le grand gars qui n'a pas bougé de sa chaise, ses écouteurs sur les oreilles. Une vidéo défile sur son téléphone portable qui accapare sa concentration : « Oh ! le Gentleman, surtout ne bouge pas, tu pourrais te fracturer ta flegme ! »
Ben, voyant Pierre gesticuler dans son tee shirt noir trop court laissant sourire son nombril à l'air libre, enlève une oreillette ; Il s'aperçoit alors qu'il y a le bazar sur le plateau : « qu'est-ce qui se passe ? » lance-t-il à la stagiaire qui a encore la main sur sa bouche, transformée décidément en statue, juste à côté de lui.
« Y'a eu le feu ! » arrive-t-elle à prononcer tout doucement.
Ben observe maintenant la scène et éclate de rire : « Cela ne m'étonne pas, entre Annie et Jeannot, c'est toujours trop chaud ! ». Il se lève et s'en va du studio en saluant la stagiaire d'un clin d'œil, sans même relever l'attente de Pierre.
Rougissante, redevenu muette, elle le suit du regard, observe son allure décontractée, apprécie sa silhouette fine et fière dans son sweet vert bouteille.
Pierre lui hurle : « Dalia, toi, tu peux aider au lieu de rester potiche ! »
Ce piètre chef n'arrive pas à exercer une quelconque influence sur les acteurs. Alors il lui fallait bien se prouver son autorité sur quelqu'un de docile !
Qui est le chef sur ce plateau ? Non mais !
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DÉNOUEMENT
Short StoryDernière partie, le dénouement de Peut Être, de Continuer, et de Suite ...suite. Comment les personnages se rejoignent finalement ? Quelles différences entre les personnages de cette trilogie et la vraie vie ? et si, et si ces mondes étaient liés...