Darrel avança dans la petite allée, où des voitures y étaient garées, en attendant que les portes de la maternelle ne s’ouvrent. C’était bien un lieu qui ne lui conviendrait jamais, d’ailleurs, il ne comprenait pas ce qu’avait les hommes à vouloir se reproduire à tout point. Le monde n’avait pas besoin de leurs rejetons, il était déjà assez en piteux état comme ça. Et pourtant, sa copine trouvait du plaisir à s’occuper des mômes des autres, enfin, tant qu’elle n’en désirait pas, cela lui était complètement égal.
Il regarda ce qui pouvait bien le divertir en attendant que sa petite-amie ait fini de travailler, c’est alors qu’il vit cette jeune femme qui était assise sur un banc juste en face de la grille. Assez mal fringuée et les cheveux en batailles, elle attira particulièrement son attention, à cause de cet air qui ressemblait étrangement à c’elle d’une autre.
Alexie, une personne qu’il regrettait d’avoir rencontrée et dont il ne souhaitait absolument pas recroiser la route. Il se demanda d’ailleurs ce qu’elle était devenue, il la savait têtue et peu conventionnelle du milieu noble dans lequel elle était née. S’interrogeant toujours sur le meilleur moyen d’échapper au système instauré par sa famille. Chose que Darrel ne lui comprenait pas, elle était friquée, pourquoi n’en profitait-elle pas tout simplement.
Il la voyait toujours dans cet appartement miteux, au troisième étage de son immeuble miteux, ça le dégoûtait, il lui avait toujours dit. Et pourtant, il ne cessait de se dire que cela lui allait bien en fin de compte et que si elle était heureuse comme ça, alors il le serait aussi.
Darrel s’était toujours demandé ce qu’il serait devenu s’il était resté ce soir-là. Il n’arrêtait pas d’y penser et même s’il ne voulait pas le reconnaître, il n’avait pas totalement tiré un trait sur son passé.
Un mystère universel, voilà ce que représentait Alexie Marshall pour lui. A l’époque, il n’avait jamais pu la déchiffrer entièrement, à ses yeux, elle était comme une équation impossible à résoudre, ou alors avec de multiple solutions, toutes aussi erronées les unes que les autres. Il pensait parfois avoir la solution, la tenir sur le bout des doigts, et quand il était prêt à l’exposer, celle-ci lui démontrait toujours qu’il avait faux sur toute la ligne.
Toujours…
- Monsieur, vous avez un appel de Madame sur la trois. Elle dit que c’est une urgence.
Will regarda son assistant avec des yeux qui en disait beaucoup sur ce qu’il était en train de penser. Il soupira, parce que quand sa femme l’appelait au bureau, ça n’annonçait jamais rien de bon. Il avait parfois cette envie de l’ignorer, de se dire que de toute façon il allait savoir de quoi il s’agissait quand il la verrait le soir, mais il savait aussi qu’il risquait de s’attirer les foudres de ce démon qui lui servait d’épouse s’il ne répondait pas à l’instant. Il devait tout de même reconnaître que rares étaient les fois où elle appelait pour ne rien dire, généralement, c’était réellement des urgences.
Ce fut donc après, quand même, quelques minutes d’hésitation, qu’il finit par décrocher le combiné en espérant que cette dernière n’allait pas encore lui demander quelque chose d’improbable, comme elle en avait l’habitude. Ce n’était vraiment pas évident pour lui de lui refuser ce qu’elle voulait, elle lui inspirait tellement de… lui-même ne savait comment le définir, en tout cas ce n’était pas de l’amour, c’était beaucoup plus que ça.
- Que se passe-t-il encore ?
- Comment ça, « encore » ?
- A chaque fois c’est pareil, quand tu m’appelles ce n’est jamais pour me faire ta déclaration ou me raconter ta vie, mais c’est parce que tu as encore un problème !Un silence pesant se fit entendre à l’autre bout du fil. Will grimaça, et retint son souffle. Il ne voulait pas dire ça et pourtant il l’avait fait.
- Chéri, finit-elle par dire, tu sais que je n’ai pas besoin de te faire une déclaration pour que tu saches à quel point je t’aime…Oui, Will le savait.
Et si celle-ci prenait ce ton tout doux et tout gentil, c’était parce qu’elle essayait de garder son sang froid pour ne pas lui exploser à la figure ce qu’elle pensait, elle n’allait sûrement pas l’épargner. Il voulait se rattraper, mais c’était trop tard, il ressentait déjà les vibrations maléfiques de sa femme lui traverser tout le corps.
- Mais ce n’est rien. Par contre, je te blâmerai d’avoir laissé mon fils tout seul dans le froid parce que tu n’as pas voulu aller le chercher.
Ce n’était pas bon. Quand elle commençait à parler de son fils comme ça avec cette intonation froide, ça voulait dire qu’elle avait déjà craqué, et que toutes excuses n’y changeraient rien. Il avait peur de ce qu’elle était capable de lui faire une fois à la maison. Aussi dans ces moments là, il n’osait pas du tout la contredire ou la contrarier.
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ALEXIE MARSHALL
RomanceL'amour est parfois la chose la plus difficile à accepter, mais il peut être aussi le signe d'une nouvelle vie, et ça, Alexie l'avait bien compris. Après avoir été blessée par son premier amour et reniée par sa propre famille, elle essaye tant bien...