3-L'utilité d'avoir un bleu

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Arthur

La confrontation imminente de mon Will avec sa victime ne présente plus aucune alternative.

  Je l'aggripe tout de même par le bras, dans ma dernière tentative de l'empêcher de sauter sur ce pauvre gars. Non, mais merde quoi ! Qu'est-ce qui se passe dans la tête de mon machiavélique capitaine pour qu'il veuille tout le temps en découdre avec la Terre entière ?

  Mais pas le temps de tergiverser, Will a déjà atteint sa cible. Je ferme les yeux, me préparant au pire.

-Oh, tiens, vous revoilà, balance le pauvre Hudson. Comment vous avez trouvé le match ?

-Euh, vous m'expliquez qui est ce taré ? s'enquiert mon génial petit ami.

  À quoi donc je m'attendais ? À ce qu'il prenne des pincettes, avec Hudson ou le nouvel arrivant ?

L'inconnu sourit, sournoisement. Je ne suis pas sûr de comprendre ce qui se passe. En fait, non, je suis certain de n'y rien comprendre à rien.

  Hudson se tourne vers ses coéquipiers, déstabilisé et embarrassé par le ton virulent de Sa Majesté Jordan. Qui pourrait l'en blâmer ? J'essaie de me sortir Hudson de la tête parce qu'à cause de Will, je n'arrive pas du tout à détacher le regard de son nez.
Capitaine en carton, celui-là.

  L'air semble se solidifier, au fur et à mesure que personne ne trouve de juste réponse. Will a le don de vous clouer de malaise par ses interventions déplacées. À combien de fois j'ai dû y assister...

   Hudson hésite à intercéder en faveur de l'apparition vampirique aux millions de dessins ancrés sur la peau. Mais finalement, il n'a pas besoin de le faire.

-Eh bien, je suis...Je suis un excellent écran de fumée, annonce le tatouage humain.

    Toutes les têtes se tournent vers l'inconnu, à l'unisson. Je remarque le symbole Delta, seul signe non ostentatoire sur sa figure complètement blasphématoire. Mettre sur le même plan une croix de Jésus et des écritures en hébreux sans la moindre distinction, est sans contester, le plus grand niveau d'insanité jamais dépassé.
  Je me mets tout de suite à détester ce type.
C'est sans compter l'intervention de la tendresse incarnée.

-Ça, c'est bien dit, mon pote, rétorque Will. J'avais un peu peur que tu commences à te prendre pour un vrai joueur, parce que s'agiter sous le panier comme une girafe séropositive, c'est pas du basket.

  Hudson, Gordon, Eddie, tous leurs potes, toute la planète, retiennent leur souffle. Ça y'est, c'est le désastre. Je ne peux m'empêcher de le fusiller intérieurement du regard, pendant qu'il toise de ses yeux verts ardents et indéchiffrables son interlocuteur tout autant impénétrable. Comment peut-il foirer presque toute son année en histoire-géo et balancer en anglais des insultes élaborées pleines de méchanceté pure ?

  Le nouveau venu ne se démonte pas, tout à son honneur. Il fait tourner le ballon, très rapidement, sur un doigt, tout en méprisant silencieusement mon brave et beau chevalier (qui me casse le crâne avec ses idioties, soit dit en passant).

-Je te demanderai d'abord de ne pas mépriser mon espèce de girafe séropositive, surtout que la tienne, celle des thons diabétiques qui souffrent de Parkinson, sont en voie de disparition.

  Il n'y a presque plus d'oxygène sur Terre, tellement l'atmosphère est tendue, et je suis bien en peine de prendre la défense de qui que ce soit.

-Ne t'inquiète pas pour les thons, ajoute Will sans même un frémissement de sourcil. Et occupe-toi plutôt de ta carcasse, qui ne va pas tarder à lâcher toute la chiasse qui te sert de tripes.

  Une irrépressible envie de me barrer, avant que l'une des deux bombes explose me prend à la gorge, mais pour rien au monde je ne pourrais le laisser. Même s'il est débile. Mais comment fait-il pour trouver son inspiration de merde dans une langue étrangère, en toute sérénité, à insulter quelqu'un qu'il ne connait pas ?

-Merci du tuyau, répond l'énigmatique tatoué en avançant d'un  pas, menaçant, glaçant. (Le décalage d'humour noir de cette conversation me fascine et me terrifie). Mais tu ferais mieux de garder un œil sur ton troupeau, pendant que tu arrives encore à marcher, malgré ta tête enflée par la moisissure, suggère-t-il. Parce que le sida, ça se transmet.

  La brève inclination du regard de notre nouvel ami dunker sur moi ne fait aucun doute. Médusé, je recule d'un pas et devine la crispation de Will plus que je ne la vois.
  Cette fois, on a atteint le maximum d'insultes que Will pouvait supporter avant de s'en remettre à la violence. Mince, ce pauvre gars n'aurait jamais dû aller jusque là. Jamais.

Et alors que je me triture les méninges pour essayer de voir si nos camarades new-yorkais ont compris les allusions qui ont été balancées de manière très sale depuis une minute, je remarque quelque chose.

  Quelque chose de pas bon du tout.



NDA :

Suis-je une fois de plus en retard par rapport au planning ?

Eh bien, oui et non.

Parce que Level Up n'est pas ma priorité du moment, et surtout, si vous commencez à comprendre dans quelle direction je veux aller avec cette histoire, vous aurez une sérieuse envie de me corriger le portrait au moyen d'une magnifique poutre de métal.

  Je poste le chapitre suivant, qui est en fait, la prolongation de celui-ci dans quelques minutes si tout va bien.

  Gardez espoir, et nous sortirons bientôt tous à la lumière du jour ! (Discours d'encouragement : Erreur 404)

  On se retrouve dans le chapitre suivant

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