L'OBÉSITÉ ET LA GASTRONOMIE
Nous les gros, pétillants de gaieté, de fraîcheur, de spontanéité,
« je n'ai pas cité le mot légèreté », vous avez remarqué...
qu'avons nous le droit de manger ?
« Rien » et quand je dis rien, c'est rien.
On nous laisse tout de même la possibilité d'éclaircir nos envies
en faisant fonctionner nos sens.
Fleurer les effluves sortant des marmites à s'en pâmer de plaisir,
s'émoustiller les papilles en une explosion de salive
(d'où l'expression s'en mettre l'eau à la bouche)
Regarder le buffet généreux en couleur,
débordant de douceurs, miel pour la vue et le cœur.
Tâter tous ces légumes, frais sortis du jardin,
encore perlés de la rosée du matin.
Tout ça nous est permis en nous servant de nos yeux et de nos narines.
Mais enfin, où mettre le beurre sinon sur nos tartines, dans nos « embeurrées »
-pour ceux qui ne connaissent pas, ce sont des compotées de légumes-
ou nos sauces réputées ?
Que vont devenir nos laitiers, fromagers, nos agriculteurs, nos volaillers ?
Il ne faut plus de gras de lard, plus de peau de poulet bien croustillantes
plus de fromage...trop riche, trop gras.
« a la poubelle », on nous dit et aussi halte au gâchis.
Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond.
Toute mon enfance, mon adolescence, j'ai mangé ces produits défendus.
C'est vrai qu'à l'époque, j'étais maigre comme un coucou
et ce n'est sûrement pas mon alimentation qui a été la base de mon obésité.
Je pense plutôt que ce sont les événements de la vie,
le stress, la peur, la douleur ;
Moi lorsque j'ai mal, je mange, ça fait le même bien que les médicaments.
Lequel est le meilleur, le moins nocif, il n'y a pas de pronostic.
De par mon manque de légèreté,
il me faut faire attention à mes déplacements :
une chute...et il me faut un palan.
Jojo ne fait pas le poids avec moi.
Il faut que je maigrisse mais même sans rien manger,
je ne sais pas si j'y arriverai.
Ma graisse s'est installée et se plaît là où elle est.
Ma perte de poids sera une bataille sans relâche ;
plus le droit de me gaver comme une oie.
Ce ne sont pas les bonbons, ma tentation, c'est le reste :
les légumes, le beurre, le pain, la tête de veau...
Tout ce que nos jeunes ne mangent plus
afin, de la garder, cette foutue ligne.
Moi, je m'assume comme je suis,
même si je ne suis pas très fière du résultat...
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L'obésité et la gastronomie
PoesiaNous les gros, pétillants de gaieté, de fraîcheur, de spontanéité, « je n'ai pas cité le mot légèreté », vous avez remarqué... qu'avons nous le droit de manger ? « Rien » et quand je dis rien, c'est rien.