Si l'amour est un crime, fais-moi s'en ta victime

Chapitre 10

Elle avait beau à se dire qu'elle se trompait. Hélène n'arrêtait pas de douter depuis qu'elle avait vu le nom de Jimmy Degrandcourt dans le journal. Cet homme ne pouvait pas être le garçon qu'elle avait connu autrefois. Peut être que si, finalement. Les gens pouvaient changer. Hélène aurait bien voulu voir une photo de ce nouveau juge. Et ce Jimmy qu'elle avait connu autrefois, pourrait-elle le reconnaître si elle croisait un jour ? Après de nombreuses années ? Peut être pas. Mais la jeune femme voulait absolument voir la photo de ce juge par curiosité. Peut être sera-t-elle amenée à une rencontre au cours de l'enquête avec lui ? Comme elle était proche des Delaune. Ça serait la seule occasion de voir le visage de cet homme.
Hélène s'allongea sur le lit et elle resta dans ses pensées. Quelqu'un sonna à la porte. La jeune femme sursauta et alla ouvrir. C'était Théo. Quel choc ! Qu'est ce qu'il venait faire ici ? Hélène était contente de le revoir. Le petit garçon pleura dans ses bras.

- Je ne veux pas rester chez tonton Henry ! dit Théo en s'essuyant les yeux.

- Pourquoi ? demanda Hélène.

- Il veut m'emmener loin d'ici. Je ne veux pas.

- Tu t'es enfui, Théo ?

- Oui. Je ne veux pas de tonton Henry !

Son oncle devait être en panique ! Hélène décida de le prévenir mais avant elle demanda à Théo d'aller se moucher. Le petit garçon partit dans la salle de bain et la jeune femme passa son coup de fil. Oncle Henry ne répondit pas. Elle décida alors de prévenir la police avant qu'on l'accuse d'enlèvement à cause de ses voisins. Ces derniers adoraient lui créer des ennuis.

- Et si le méchant venait me tuer comme papa et maman ? lança Théo depuis le coin de la porte.

Hélène ne répondit pas. Elle était occupée à la fenêtre. Elle attendait l'arrivée de la police. Théo n'arrêtait pas de lui poser des questions. Il fut déçu. Pas une seule réponse. Une voiture s'arrêta devant la maison. Ça y est, enfin ! Hélène ouvrit la porte aux trois hommes. Matthieu Humbert et Vincent Dessirier se présentèrent en temps que policier.

- Je suis le juge Degrandcourt, annonça Jimmy. J'accompagne ces messieurs.

Hélène observa le visage de ce dernier. Il avait les yeux bleus. Ses cheveux étaient bruns. Plutôt mignon, cet homme.

- Vous nous avez appelé pour la fugue de Théo ? demanda Vincent en observant le petit garçon.

- Oui. Son oncle ne répond pas, je l'ai appelé plusieurs fois, répondit Hélène. Alors j'ai décidé de vous prévenir à cause des voisins.

La jeune femme baissa la tête. En quoi ses voisins posèrent problème ? Matthieu lui posa la question.

- Les Turner ne sont pas sympas. Ils m'ont déjà attirer des ennuis, raconta la jeune femme en douceur. Ils me guettent sans arrêt et s'ils remarquent Théo, il y a forte chance qu'ils m'accusent d'enlèvement. Ils m'ont déjà accusé de vol.

Hélène s'arrêta de parler. Elle se sentit gênée par le regard de ce juge. Ce dernier restait silencieux et ses yeux ne l'avaient pas quitté une seule minute. Aucune expression n'était visible sur son visage. Non, c'était impossible. Ça ne pouvait pas être le petit garçon qu'elle avait connu dans sa jeunesse.
Matthieu et Vincent se dirigèrent vers la fenêtre. Ils regardèrent la maison d'en face.

- Les Turner habitent-ils ici ? demanda Matthieu en montrant du doigt.

- Oui, répondit Hélène.

Jimmy alla à son tour à la fenêtre et il remarqua les voisins derrière leurs carreaux. Très observateur, ces derniers, pensa le jeune homme.

- Ne vous inquiétez pas, mademoiselle, dit Vincent sur un ton amical. Vous n'aurez pas d'ennuis. Les accusations compteront pour du beurre. On va vous laisser. Il est temps de ramener le petit chez lui.

Les policiers appelèrent le petit garçon. Théo ne voulait pas les suivre. Il se serra contre Hélène en la priant de les arrêter. Mais la jeune femme ne fit rien. Théo sanglota. Matthieu le prit dans ses bras et il l'emmena dans la voiture. Les autres hommes le suivirent en observant la maison d'en face. Les voisins étaient toujours à la fenêtre.

***
Le véhicule partit. Les Turner se regardèrent. Cette Hélène Reyès avait pris l'enfant à son oncle. C'était vraiment une garce. En plus de cela, on ne l'emmenait même pas au commissariat. C'était sûrement elle qui avait tué les Delaune pour avoir Théo. Sarah Turner prit le téléphone et elle appela son amie pour lui prévenir que sa voisine avait osé prendre Théo. Cette dernière était du même avis qu'elle. Hélène Reyès méritait d'être punie. Comment la police pouvait-elle laisser passer une chose pareille ? Et de nos jours, on s'étonnait qu'il y avait de plus en plus d'enlèvements. Mais si la police ne faisait rien, tout s'expliquerait.

- J'espère que l'oncle de Théo portera plainte ! fit Sarah furieuse.

- Cette garce finira par le payer un jour ! ajouta son amie.

- Elle se retrouvera toute seule. Ses amis lui tourneront le dos. Je vais salir sa réputation.