Bien le bonjour ou le bonsoir, voici le chapitre 2 de Fuck It. Un peu de love, un peu de psychologie de Mae, bientôt leur grand départ. J'espère que ça vous plaira, surtout n'hésitez pas à commenter, ça fait toujours plaisir. Bonne lecture /o/
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Chapitre deux : Les Amantes du Clair de Lune
Une odeur de bougie à la cannelle flotte dans la chambre de Violet. Les teintes sur les murs semblent se détacher du crépis qui les entoure. Il y a des choses dans ce monde qui semblent profondément inexplicables. Comme le fait que Violet trouve un immense plaisir à regarder Mae dormir. Cette madone sauvage semble d'un coup si tendre, si vulnérable. Ses cheveux secs à force de les avoir coloré sont étendus sur l'oreillers, algues dans une mer calme, ils vibrent, bougent lentement à chaque respiration, dès le plus petit soulèvement de sa cage thoracique. Mae est belle. Voilà ce que Violet pense. Elle la voit hausser les sourcils je dors pas tu crois quoi bien sûr que non je dors pas et Violet esquisse un petit sourire doux sur son visage quand elle contemple les mots de Mae formulés en pensées, nichés dans son teint cendré. Les deux amantes au clair de lune s'occupent comme elles peuvent, que ce soit l'une de l'autre, ou de manière générale dans ce monde trop grand pour elles qu'elles rêvent d'explorer, de contaminer de la gerbe qu'inspire l'existence qu'on se doit de mener au quotidien comme pour honorer ceux qui en sont morts. Sen n'est qu'un exemple parmi tant d'autres. Parce qu'elles pensent, nous aussi, nous pourrions mourir demain. Violet se blottit contre la petite poitrine douce de Mae : elle est terrifiée par la mort. Si elle devait mourir, ce serait à ses côtés, dans ses bras, un peu comme ça, avec elle, égoïstement pour ne pas partir seule dans ce nouvel endroit, après tout ce bordel. Qu'il y a-t-il en échange de ce massacre constant ? La douceur de Violet cache une personnalité qui mord ceux qui l'écorchent, ceux qui osent blesser sa sensibilité. Mae, elle, dit je t'aime dans ses silences infinis. Je dors pas tu peux m'embrasser si tu veux embrasse moi s'il te plait. Violet cherche dans les mouvements de son corps ce qui est caressé par son ombre.
Mae ouvre les yeux. Tu vois je t'avais dit que je dormais pas. Le soleil passe timidement ses rayons entre les persiennes. Elle a de petits yeux encore encastrés dans ses rêves sans doute pas très roses. Une beauté nocturne qui semble prendre toute sa consécration dans l'aube, à la fin des aurores crépusculaires. Violet ne peut pas s'empêcher de la contempler, à se perdre devant la fatigue de son regard, la violence de ses gestes, en particuliers ses mains fines mais qui contiennent toute sa rage, sa colère, sa frustration. Elles sont les amantes au clair de lune et leurs mains valsent l'une contre l'autre, leurs lèvres s'embrasent comme sous l'impact de fusées qui décollent. On ressent leur amour dans les endroits les plus reculés de l'espace. Leur peau entame une danse interstellaire, chaque surface effleurée se change en flamme, elles brûlent, torches dans la nuit sombre, dans cette aurore au ciel pollué, elles dansent, se métamorphoses en déesses pudiques, invisibles, se cachant encore dans ce qu'il reste de coins sombres bercés par la nuit et les nuages matinaux. Une main dans les cheveux de l'autre, la seconde sur les hanches, elles forment des galaxies que personne ne peut intercepter, création d'un monde nouveau, unique et singulier qui n'existe rien que pour elles.
Violet ne quitte pas Mae des yeux. Comme si elle savait quoi faire de leurs angoisses respectives dans cette nuit qui prend fin. À la fin de la valse, il ne reste plus que son regard faisant renaitre Mae de ses cendres intempestives quand elle se loge dans son cou. Toute sa chair se transforme en or quand Violet la regarde. Piégée dans ses iris, elle n'en devient que plus belle. Sa peine flétrit entre ses connexions nerveuses, ses battements de cils, sa main qui démêle ses cheveux. Elles se sont réveillées dans une atmosphère de rêve. Il faut qu'on se barre d'ici.
« Et on irait où ? »
Je sais pas. N'importe où qui ne soit pas ici.
« Ça fait beaucoup d'endroits possibles. »
Violet dit ça en riant mais Mae est sérieuse. Elle a envie de tester le monde et ces villes tentaculaires avec tout l'orgueil que lui procure sa jeunesse. J'ai le cerveau qui bout à cinq heures du mat et j'ai longtemps tenté d'inspirer les gens en écrivant des petits textes ça et là. Je bois du coca quand je me lève, je fais semblant d'aller courir. Le 420 pour moi c'est une clope dehors dans le noir. Ma vie serait plus simple si elle s'effondrait totalement. Moisissure, c'est pourri, là quelque part, à l'intérieur, je porte un toast à mon cerveau bipolaire qui s'éteint à 21h et se rallume à l'aube.
Je fais des nuits sans rêves ni cauchemar, je fais des crises de panique même sous anxiolytique.
La sélection naturelle aurait déjà du m'éliminer
Le monde tout autour est flou
J'écris des bouts de texte pour me repérer dans cette mélasse
J'ai écorché mes mots sur des lames de rasoir
J'ai craché du sang dans les bâtiments universitaires
Je suis obsessionnelle, suicidaire, solitaire
Je m'invente sans arrêt des airs
Je suis inachevée
Et pessimiste
Nique sa mère les anti dépresseurs
Je suis névrosée
Avide de plans foireux
« Tu te prends bien au sérieux, Mae. On part si tu veux mais prends garde à ce monde. Il n'est pas forcément plus beau dehors. Même si cette ville pue, on est d'accord. »
Je cherche une once de gloire. Je cours au devant de l'avenir. L'angoisse du monde oserait pas me dévorer. Je suis plus forte que la moitié d'entre vous.
Histoire bête à pleurer
On s'attire comme deux fous à lier
Je suis plus rapide que toi
Franchement ferme ta gueule
Ouais ferme ta gueule
Je penche dans les stations de métro
Je suis droite dans les bars
J'ai vécu une forme d'enfer
Je suis plus lente que les autres parce que je ressens plus fort le monde
Je dois m'attarder sur chaque détail
Trouble de l'attention compulsif
Je sais pas si j'écris pour la gloire ou pour éviter de crever
Je sais pas si j'écris pour conquérir ton cœur ou ton cul
Fière de pas rentrer dans le moule mais faut assumer
Salut maman bonsoir papa je t'aime mais ça m'étouffe
Rien à foutre de me marginaliser
C'est dans ce monde que j'existe un peu plus
Ça me ressemble
Un truc du genre comme ça
On trouve vulgaire des mots que je censure
Par rapport
Au portrait désastreux
Que j'en fais dans ma tête.
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FUCK IT
RomanceMae et Violet, deux adolescentes bouleversées par des drames, décident de fuir leur bled paumé. Dans leur road trip, elles se dévoilent l'une à l'autre, s'aiment, découvrent qui elles sont vraiment même dans leurs plus sombres secrets.