Chapitre Sept

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Petite ne revint pas. Elle était partie, et Grande craignait qu'elle ne revienne jamais. La pensée de leur dispute la clouait sur place.

Grande se sentait dépassée. Triste. Désespérée.

Quand elle réalisa qu'il était peut-être arrivé quelque chose à sa Petite adorée, son coeur se brisa en mille miettes, et elle s'écroula devant la porte de son entrée, une main tremblante sur la poignée froide.

Et puis elle sortit. Et toutes les horreurs qu'elle avait si soigneusement évitées durant toutes ces années lui sautèrent aux yeux.

Grande ferma ses yeux et se mit à crier de désespoir:

-Petite! Petite je t'en supplie, reviens.

Elle arpenta les rues de Londres plusieurs minutes, plusieurs heures, plusieurs jours. Les larmes dans ses yeux ne cessaient de couler, et son regard paniqué se posait sur chaque cadavre et squelette gisant sur le sol en priant pour que ce ne soit pas celui de Petite.

Et puis elle vit ce qu'elle redoutait tant. Une petite fille blonde, trainant avec elle un petit sac noir, un parapluie bleu à la main.

-Petite?, murmura Grande en tombant à genou près de Petite.

La jeune femme prit alors le corps de la petite fille dans ses bras et fut secouée de violents sanglots qu'elle ne pouvait arrêter.

-Je t'en prie non, hurlait-elle de chagrin.

Grande, épuisée, s'endormit d'un sommeil éternel sur le corps froid et immobile de sa soeur, de celle avec qui elle avait passé une partie de sa vie. Elle lui chanta la berceuse que Petite aimait tant, tandis qu'à son tour, ses yeux se fermaient en libérant les dernières larmes de sa douleur.

Un corbeau noir s'approcha des corps inanimés et regarda le parapluie.

Il croassa tristement et s'envola dans les hauteurs, sans un adieu pour le parapluie qui avait à nouveau perdu le sens de son existence.

FIN

Le corbeau et le parapluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant