𝟣 | 𝓅𝓇𝑒𝓂𝒾𝑒̀𝓇𝑒

1.5K 147 25
                                    

"It's harder to see
With my head in the clouds but my feet on the floor"

_______________________

Kenma s'était établi pour la nuit sur le toit d'un immeuble à cinq étages.

L'été était arrivé lentement, mais à présent il n'était plus obligé de marcher de ville en ville pour trouver des couvertures et des vivres qui pouvaient se réchauffer facilement. Il pouvait dormir à la belle étoile, au milieu d'un champ, ou encore sur les toits là où personne ne pouvait l'atteindre. Pas besoin d'allumer de feu pour signaler sa position à des centaines de mètres à la ronde, et pas besoin de craindre le petit matin où les températures risquaient de descendre en dessous de zéro.

Juste lui et le temps qui passait, lentement.

Quand le soleil commença à se coucher derrière les bâtiments, il ferma la porte qui donnait sur l'escalier et défit son sac à dos pour le poser sur l'un des petits rebords. Par contre, il garda son arme en main encore quelques instants puis s'avança vers le vide.

Si Kenma choisissait souvent des endroits en hauteur, c'était pour pouvoir faire un point sur la situation : avoir un regard sur la ville, pouvoir décider par quel chemin il repartirait, compter le nombre d'ennemis dans les rues. Tout était important, et même des années après la fin du monde il fallait rester sur ses gardes. Si les zombies n'étaient plus si nombreux, ce n'était pas en soi le plus gros du problème.

Un aboiement le poussa à s'accroupir à couvert, et une sueur froide coula le long de son dos.

– Eh petit, reviens par ici !

Kenma se tendit, une légère grimace étira sa bouche. Si le temps lui avait appris une chose, c'était que les humains étaient bien plus dangereux que les morts ou n'importe quel virus. Et ce qu'il venait d'entendre, c'était bien la voix d'un homme.

Doucement, il se pencha pour avoir un aperçu : une exclamation qui avait résonné dans l'avenue, c'était plus qu'imprudent, peu importait comment on voyait les choses. Si d'autres personnes se trouvaient dans les environs, impossible qu'elles ne l'aient pas entendu.

Quand il se redressa encore un peu plus, ce que Kenma vit en premier fut une couleur orange qui attira son attention. Il n'eut pas besoin de le rechercher longtemps : le jeune homme marchait en plein milieu de la route, sur les lignes blanches, et lançait en même temps un bâton au chien qui courait autour de lui. Il avait un sac à dos noir qu'il avait refermé sur son torse à l'aide d'un clip d'attache, et un t-shirt blanc repérable de loin.

Kenma déglutit.

Il l'observa encore quelques secondes, vérifiant s'il avait oui ou non une arme quelconque, et à part un long bâton assez épais avec lequel il avançait et une sorte de lance-pierre accroché à sa ceinture, il n'y avait rien.

D'où sort-il ?

Si Kenma se fiait à ce qu'il voyait, ce gars avait l'air de sortir d'une autre époque. Il marchait avec insouciance, s'amusait avec son chien (une espèce de cabot de taille moyenne, pas vraiment énorme ou menaçant, qui jappait joyeusement à chaque fois qu'il lui envoyait quelque chose), et portait sans se méfier ces couleurs voyantes. Avec une touffe de cheveux pareille, Kenma se serait rapidement rendu dans un petit magasin de proximité pour mettre la main sur une décoloration noire.

Lui n'avait eu besoin que de se couper les cheveux pour se débarrasser du restant blond au bout de ses mèches.

– Allez, reviens par là !

Le garçon, qui n'avait pas l'air si jeune que ça en y regardant bien (peut-être une trentaine d'années, comme Kenma), s'arrêta soudain juste devant l'immeuble où ce dernier l'observait et s'accroupit pour caresser l'animal : il parut lui dire quelque chose, puis commença à pointer avec désinvolture la porte à peine barricadé du premier bâtiment venu.

Celui où Kenma était entré, celui duquel il avait lentement monté les escaliers pour atteindre le toit.

Une sueur froide coula le long de son dos et il serra la mâchoire. Rapidement, il enleva le chargeur de son arme et commença à compter les balles : il lui en restait quatre, plus deux paquets à moitié usés dans son sac. Dans le pire des cas, il avait encore l'arc qu'il s'était fait un an et demi plus tôt ainsi que les quatre flèches qu'il laissait dépasser des fermetures éclair.

Il ferma les yeux un instant, sentit les derniers rayons du soleil sur sa peau, passer à travers son t-shirt noir, puis se redressa très doucement. Il n'y avait personne d'autre dans la rue, pas un chat sur les trottoirs ou encore un homme s'avançant doucement vers eux. Pas de mort-vivant qui clopinait difficilement, ni d'animal sauvage recherchait un dernier repas. Ils étaient seuls.

Kenma attrapa donc son sac et le repositionna sur son dos. Quand il fut prêt, il ouvrit sans bruit la porte qu'il avait barricadée sommairement, puis commença à descendre l'escalier qui menait à l'étage inférieur.

_______________________

Des bisous !

Before the Dawn || KenHinaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant