Chapitre 10 (version éditée)

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Par un doux après-midi printanier, Olivia s'était installée sur un banc, non loin du pré de Layl, en compagnie de son frère Valmond. Si l'étalon paissait calmement au moment de leur arrivée, leur présence l'avait très vite replongé dans son état d'excitation habituel. Entre peur et colère, il frappait du sabot la clôture de bois toute proche, hennissait puis s'enfuyait au galop en ruant de fureur.

Olivia observait son cheval avec désarroi, inquiète à l'idée qu'il ne trouvât jamais la paix. Elle se rassurait néanmoins en se rappelant qu'il n'était pas là depuis dix jours encore, quand la voix de son frère la sortit de ses songes.

— Pourquoi tenez-vous tellement à garder cette bête ? s'enquit Valmond en jetant un regard méfiant à l'étalon noir. Vous ne pourrez rien en tirer, il est trop tard maintenant, il a pris le pli.

— Non, je n'en crois rien. Je pense qu'il a besoin de se sentir en confiance, et pour ce faire, il lui faut du temps, au contraire, contra sa sœur en remontant son châle sur ses épaules.

Ses paroles n'avaient bien évidemment pour seul but que de tranquilliser son frère, néanmoins Olivia ne pouvait s'empêcher d'espérer y voir également une part de vérité.

— Il est dangereux ! Je ne voudrais pas qu'il vous prenne l'idée de l'approcher. C'est une furie, Olivia, il vous blesserait !

La jeune femme, ne tenant pas à poursuivre cette conversation, décida d'orienter son aîné sur un autre sujet.

— Dites-moi, Valmond, quand aurai-je l'honneur d'être invitée à votre mariage ?

Son frère lui lança un sourire amusé, tout à fait conscient de sa manœuvre. Cependant, comme il était aussi venu lui rendre visite pour aborder cette question, il se fit un plaisir de lui répondre.

— Eh bien, pour tout vous dire, une demoiselle pourrait bien avoir ravi mon cœur !

Les lèvres d'Olivia s'étirèrent.

— Et qui est donc cette voleuse ?

— Justement, vous la connaissez fort bien.

— Cessez de vous amuser à me faire languir ! Je vous écoute !

Valmond rougit, il était de toute évidence fort embarrassé de devoir se confier sur ses sentiments.

— Il s'agit de votre amie, Mademoiselle Jourdain... souffla-t-il en s'empourprant davantage.

Olivia mit ses doigts devant sa bouche pour étouffer l'exclamation de gaieté sur le point de franchir ses lèvres. Valmond pourrait-il être le mystérieux prétendant d'Agathe ? En effet, maintenant qu'elle y repensait, elle avait toujours perçu l'affection toute particulière que son frère et son amie se portaient mutuellement, et elle s'en trouverait ravie si celle-ci venait à se concrétiser par un mariage.

— Oh, Valmond, je serais tellement heureuse ! Vous n'imaginez pas la joie dans laquelle votre union me plongerait !

— Ne vous emportez pas, la tempéra l'intéressé avec tendresse. Rien n'est acquis, je ne lui ai pas encore fait ma demande. Et si elle accepte, il me faudra encore obtenir l'accord de son père.

— Je ne doute pas de la réponse de Monsieur Jourdain, alors j'ose espérer que vous vous y attellerez incessamment. Je serais fort déçue si un autre homme devait prendre votre place ! le taquina la jeune femme.

Valmond rit devant l'empressement de sa cadette tandis que cette dernière continuait à le moquer, lui conseillant même de se rendre auprès d'Agathe sur-le-champ.

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