Une prison de plein air

Chapitre 1 - Une dystopie bien installée

Avant de commencer à raconter mon histoire, il me semble qu'il faut que je vous explique quel est le monde d'aujourd'hui en 3018. Dans les années 2000, ils espéraient tous conduire des voitures volantes. Au lieu de cela, ils ont mis le feu au poumon du monde, ils ont provoqués leur propre extinction et surtout, ils étaient plus obsédés par l'économie que par leur santé. L'humanité avait perdu toute logique et tout sens. C'est cinq-cents ans plus tard qu'ils ont décidés d'arrêter de jouer aux dictatures et aux démocraties. Il fût décider d'avoir qu'un seul maître pour le monde. Ce n'était peut-être pas là une bonne décision, mais c'est celle que les présidents dans les années 2500 ont décidés de prendre. Je ne vous ferais pas un bon cours d'histoire, mais je vous explique les bases qui nous amène à aujourd'hui. Il est inutile de me demander le nom des personnes qui ont été au pouvoir après cela, ils suivaient de toute façon tous la même méthode. De peur de retomber dans les mêmes outrages des années maudites et où l'on a frôlé l'extinction, ils suivirent tous un manuel informatique qui n'a pas vraiment bougé en plus de cinq siècles. C'était comme s'ils suivaient tous la même recette parce que celle-ci tient. Elle n'est ni bonne, ni mauvaise.

Les personnes dans les rues semblent heureuses et souriantes. Le semblant a toujours été un signe de dépression bien installé depuis le départ, d'après moi. Il faut pouvoir se poser la question suivante : peut-on être heureux sans liberté ? Je suis française, adoptée par une américaine. Je suis bilingue. Jusqu'à ce que je commette une faute, je n'avais pas le droit de mettre un pied en Amérique. Il faut correspondre à beaucoup de critères pour avoir le droit de voyager maintenant. Ma mère elle-même n'a pas le droit de retourner dans son pays, alors elle a épousé un français pour avoir le droit d'avoir un enfant. Je ne maîtrise pas totalement les raisons qui ont fait qu'elle a eu le droit de venir. Il me semble qu'ils contrôlent la population de chaque pays et de chaque ville à un habitant près et qu'elle était d'accord pour ne pas rentrer chez elle. De la même façon que je vous l'expliquais plus tôt, le nom de la personne au pouvoir a peu d'importance. C'est un programme informatique qui lui apprends à contenir l'espèce humaine et la garder en vie. Il suit simplement scrupuleusement le manuel, il n'a même pas besoin d'être un génie. 

Ce qui m'a toujours marqué c'était le début même de mon histoire. Peu importe où vous vous trouvez dans le monde, si vous souhaitez un enfant, il faut en faire la démarche à votre mairie. Dès qu'une place se libère dans la ville - d'autant plus sordide puisque cela signifie qu'une personne est morte - le premier dans la liste des parents en attente est appelé. Il y a une règle primordial a respecter : il faut être deux et mariés. Les sexes ont très peu d'importance et vous allez comprendre pourquoi. Lorsque ma mère Angèle est arrivée avec son mari Paul à la mairie, ils ont dû passer un test d'aptitude à élever un enfant. Ils ont parfaitement réussi le test et on leur a donc annoncé que deux enfants étaient en attente. Vous ne pouvez pas faire d'enfants par les voies normales s'il y a des enfants qui sont en adoption. Attention, l'adoption n'est pas celle des années d'avant. L'adoption ce sont les naissances non contrôlées où la police à retirer l'enfant à la mère parce qu'elle est considérée inapte, n'ayant pas fait la demande à la mairie. Cette mère qui est peut-être tombée enceinte sans le savoir ne pourra jamais être mère de nouveau. Jamais. On s'assure que ce ne soit plus possible. Je suis l'enfant d'une mère biologique maintenant stérile et dont il est marqué dans son cassier judiciaire qu'elle n'a pas le droit au recours à l'adoption. Une mère que je ne connaîtrais jamais.

En résumé, nous sommes dans un monde millimétré où l'on peut vous exiger le métier que vous allez apprendre dès vos premiers pas dans une école. On pourrait très bien faire de vous le futur maître du monde qui lit bêtement un logiciel, comme on pourrait vous demander de garder les enfants à la crèche. Vous ne pourrez avoir que deux enfants dans votre vie, si vous êtes aptes et sans assurance d'en avoir un qui soit réellement de vous. Vous vivrez votre vie en prétendant être heureux, parce que c'est ce que l'on attends de vous dans une dystopie, n'est-ce pas ? Moi, je devais devenir programmeuse pour les logiciels éducatifs des enfants en bas âge. Mon voisin assis à côté de moi devait apprendre à être policier. Voilà le monde idyllique où j'ai fais un pas de trop, un pas qui m'a condamné à la vie en prison. Peut-être que certaines personnes sont vraiment heureuses dans ce monde et s'épanouissent. J'ai lu bien souvent dans des ouvrages à quel point il était dur de faire un choix. Ce choix, on nous l'a enlevé.