Chapitre 4 - Une blonde sans cliché

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Sous la douche je repensais aux raisons éventuelles de cet examen. Je me souvenais alors qu'il avait été établi des niveaux de capacités. Peut-être que c'était là la barrière entre ceux à qui ont apprends vraiment à se battre pour l'Etat et les autres. Mes doigts passèrent dans mes cheveux afin de les rincer. Je laissais l'eau chaude frapper mon visage de plein fouet. Quelque part, malgré le fait que je pensais que notre société pouvait être améliorée, je n'avais pas soumis une seule fois la possibilité de renverser les jetons. Pour moi la machine était trop bien pensée pour que cela soit possible. On avait un roi qui s'était allié à Skynet, quelque part. D'ailleurs, j'étais toujours fascinée par le fait que nous n'étions bons qu'à reproduire les bons films d'antan. C'était peut-être moi aussi qui me tournait naturellement vers les vieux films. 


En sortant de la douche et en enfilant mon peignoir, j'entrepris d'abord de me brosser les dents. Après il me semblait normal de sécher mes cheveux blonds et de les lisser. Ils m'arrivaient maintenant presque au niveau des coudes. Il était peut-être temps que j'aille chez un coiffeur, ou que j'offre la possibilité à Lucie de massacrer mes cheveux. Mon teint de peau était très clair, si j'avais été brune, j'aurai pu me faire passer pour Blanche Neige. Au lieu de ça, j'avais de nombreux grains de beauté qui me parcouraient le corps, excepté mon visage qui s'en sortait bien. Pour les plus minutieux on pouvait voir le grain de beauté qui se trouvait sous mon œil gauche, mais il était discret. Mon regard azur me rappela qu'il fallait que je mette un peu de maquillage pour ne pas dévoiler mes cernes qui doucement commençaient à prendre place. J'avais toujours cet air juvénile sans un peu de mascara, j'avais encore mes joues de petite fille. Mais mon regard perçant et ma répartie forçait ceux qui voulaient tenter de m'intimider à baisser le regard. Pour les autres qui tentaient leur chance, c'était souvent Cole qui les remettait à leur place, comme il le faisait pour ceux qui cherchait sa sœur. 


Maquillage, lissage, léger rouge à lèvres qui pulpait mes minces lèvres et j'étais parfaite pour l'examen. Mon foulard rouge m'accompagnerait aujourd'hui, Cole ne m'avait pas rendu l'autre. Avant de partir, j'attrapais mes lunettes à écran bleu et un livre de code que je voulais feuilleter rapidement avant que l'examen ne démarre. Je fermais soigneusement la porte de l'appartement derrière moi. Je ne disais jamais au revoir, j'ignorais donc si j'étais la dernière ou la première à quitter l'appartement. L'angoisse d'un examen comme celui-ci me rendait totalement hermétique aux autres personnes qui pouvaient vivre et évoluer près de moi. C'était pareil dans les couloirs de l'université une fois que j'y étais. Tout le monde n'était que des poutres ou des vases délicats dans lesquels je ne devais pas rentrer au risque de les blesser. Mais ils n'étaient à l'heure qu'il est que de simples objets sur ma route. 


Une main enserra mon bras et un frisson parcouru toute mon échine. La surprise fut si grande qu'au lieu de protester, je fis volte-face. Mon cœur battait très fort contre ma poitrine. C'était Rafael qui me fixait avec un visage anxieux. Ses yeux verrons étaient visés sur moi et ne semblait pas vouloir me lâcher.


- Laëtitia... ça va ? Tu ne répondais pas quand je t'ai interpellé, tout va bien ? questionna-t-il avec une voix si basse quelle pourrait être utilisée pour s'endormir le soir.

- Oui, désolée, j'ai un examen... C'est pour ça. Je ne savais pas qu'il y avait des cours de médecine dans cette aile de l'université. Si tu n'as rien à faire, tu m'accompagnes à mon examen ?

- Bien sûr, répondit-il avec un sourire doux.


Une partie de moi ne pouvait s'empêcher de se méfier de Rafael. Ce n'était pas à cause de ses yeux bleu et vert, c'était autre chose. Il était trop beau pour être vrai. Nous avions fréquenté la même maternelle. Tout le monde se rayait de lui à cause de ses yeux verrons en arguant qu'il était sans doute un bébé épuisette. Les enfants étaient bêtes et méchants et il y avait toujours la légende selon laquelle se glissait parmi les adoptés des enfants fabriqués en laboratoire. Seulement, je connaissais les parents de Rafael et il leur ressemblait bien trop pour être le simple produit de la science. Sa jeune sœur aussi lui ressemblait beaucoup. Ils étaient peut-être la seule famille à avoir eu la chance d'avoir le droit à deux enfants naturels. 


D'une main sur mon épaule, le futur médecin me recula avant que je prenne une porte en pleine tête. J'étais complètement ailleurs et j'ignorais si c'était dû à l'examen ou au fait que je rencontrais Rafael après la dispute à son sujet avec Cole.


- Qu'est-ce qui ne va pas ? Tu sais que tu peux tout me dire, sembla-t-il m'encourager.

- Rien, l'examen que je dois passer est très important et j'ai pas envie de devoir refaire une année. C'est juste que c'est un exercice avec lequel je ne suis pas à l'aise. 


Il me fit barrage de son corps alors que j'allais m'engager dans un autre couloir. Lui aussi il risquait sa vie. Deux hommes en moins de quarante-huit heures qui ont un geste qui me hérissait le poil. Pourtant, c'était aussi le second à qui je pouvais pardonner. Je savais qu'il le faisait intentionnellement pour que j'arrête d'éluder par des réponses vagues.


- Je n'avais pas remarqué avant, mais tu me dépasses que de deux ou trois centimètres, lançais-je en mordillant ma lèvre du bas. Il ne put s'empêcher de rire au fait que je le raillais sur sa taille. Il avait toujours rêvé de me dépasser de bien plus, depuis notre plus jeune âge.

- Bien... Vu que tu ne me pousses pas en me traitant d'idiot, j'imagine que tu as encore du temps avant ton examen. Tu m'expliques ce qui te dérange ? Souligna-t-il en ne lâchant pas mes prunelles. Le couloir avait beau être vide, je n'avais pas spécialement envie de vider mon sac ici.

- C'est juste que... Tu penses qu'il est possible que l'on parte en guerre ? Cela fait quelques siècles que l'on n'a plus de vrais problèmes et je me demandais... Est-ce que ça va nous tomber dessus et est-ce que c'est pour ça que l'on a tous des matières qui collent pas à notre vrai métier ? 


Je me surpris à le dévorer du regard à mon tour, comme s'il était le seul à savoir la vérité ou à pouvoir me l'apporter. Cole était bourrin et rentre dedans. Lucie avait toute foi en notre société et dans le jugement de son frère. Moi j'étais toujours en roue libre, mais si Rafael n'avait pas changé, il serait sûrement le plus objectif possible.


- Je ne vais pas te mentir... Commença-t-il en s'humidifiant les lèvres. Plus on gagne en maturité, plus on a conscience des réels enjeux qui nous entoure. L'humanité a toujours vécu dans une paix fragile. Oui, à n'importe quel moment il peut y avoir un soulèvement. Cela ne veut pas dire pour autant que ça débutera en France et encore moins dans notre ville. Tu ne crois pas ? Je pense que tu te prends la tête avec des données qui n'existent même pas encore... Apprends bien ce que l'on t'enseigne, ce sera ton arme si on est attaqué. Prends des cours de self défense si cela peut te rassurer... Mais continue de dormir sur tes deux oreilles. Rien ne sert de crier avant d'avoir mal.


Il n'avait pas tords, je me prenais sans doute trop la tête. Il pouvait tellement se passer de choses dans toute une vie. On n'était qu'au début de la nôtre après tout. Nous avions tous deux vingt-six ans, mais nos destins n'étaient clairement pas les mêmes. Il m'accompagna jusqu'à la porte de mon examen. Il me fit des blagues pas drôles qui me fit pourtant rire et on se sépara là. Je finis par simplement m'installer devant mon écran, munis de ma paire de lunettes tout en étudiant une dernière fois les chapitres qui me faisaient défauts.

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⏰ Last updated: Mar 30, 2020 ⏰

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