La musique était toujours à fond dans mes tympans. J’avais la main bandée et le bandage était teinté d’un sombre carmin. Mes pensées étaient aussi agitées que les tremblements que je ressentais… Ces tremblements qui prenaient ma main, prenaient mes jambes. La peur. J’allais arriver au lycée je le savais. Je regrettais déjà ma lubie de ce matin ; Mais je ne pouvais rien faire, juste assumer et marcher plus vite, toujours plus vite. Le lycée était là, devant moi… Avec son portail de rouille en fer forgé, avec ces gens que je voyais se déplacer. Il était huit heure dix, j’étais déjà en retard. Mais bon j’ai l’habitude, et ce n’est pas comme si cela allait changer quelque chose pour moi… Mis à part mes retards répétitifs et mes heures séchées, mon dossier était excellent. Et je ne fournissais aucun effort pour y arriver.
Je décidais de me griller une clope avant d’y aller, avant de rentrer dans la fosse aux lions. J’expirais la fumée en même temps que le rythme battait à mes tempes. Réfléchissant à tout ce qu’il se passait. Réfléchissant à la nouvelle excuse que j’allais sortir pour mon retard. J’avais quel cours déjà ? Une bouffé de fumée. Je crois que j’avais une spé mais laquelle ? Expiration et un nuage se forme. Littérature peut être ? Une autre bouffé. Littérature ?! Avec l’inconnu ? Je recrachais mes poumons devant cette évidence. Une autre bouffé comme si ma vie en dépendait. Qu’est-ce que je vais dire ? Est-ce que je dois ne pas y aller ? Je recrachais une fois de plus la fumée. Je décidais de jeter ma clope à moitié consumée sous mon pied. Je l’écrase, comme les autres m’écrasent. Je commence à me déplacer vers le bâtiment B, bâtiment des retards, ma seconde maison. J’avance au rythme de la musique, me demandant toujours ce qu’il me prends. Je ne devrais pas y aller je sais, je vais le regretter, mais je ne sais pas… Je ressens ce besoin de le voir, un besoin maladif. Un besoin que je n’ai jamais ressenti. Est-ce ça désirer avoir un ami ? Est-ce que tout le monde ressent ce genre de chose ? J’avançais, avançais et avançais. Perdus dans mes pensées et ma musique. Jusqu’au moment ou je percute quelqu’un, de plein fouet, de pleine face. Je me recule et automatiquement me recroqueville, dans l’espoir que la personne devant moi ne réagisse pas et ne fasse rien, comme si je n’étais pas là. J’attends le coup, l’insulte. Mais non rien ne vient. Elle m’a peut être oublié cette personne.
- Désolé je ne t’avais pas vu, excuse moi, me dis une voix douce.
Je relève la tête surpris. Et je n’aurai pas dû. Jamais. Il était là, devant moi, Alex. Me regardant avec un air de pitié. Je sentais la colère affluer devant ce regard empli de cette émotion que je n’ai que trop vu chez les autres. Il me regarde avec cet air surpris, avec ces cheveux blonds lui retombant sur le visage. Il les remet savamment derrière son oreille. Un ami. Je n’ai pas oublié. Un ami.
- T’inquiète c’est pas grave j’aurais dû faire attention, dis-je en bougonnant.
- Toujours aussi bougon à ce que je vois… C’est ta nature ?, dit-il d’un ton moqueur.
- Très drôle, tu devrais pas être en cours ?
- Si, si ! Mais je me suis perdu et je trouve pas la classe… Et toi ?
Alors… Que répondre à ça ? Lui dire que je pensais sécher le cours à cause de lui ? Pas bonne idée. Lui dire que je ne voulais pas voir mes « camarades »… Encore pire je pense, surtout après mon mouvement de recul qui je suppose n’est pas passez innaperçut à ces yeux.
- Sympa ce que tu as fais à tes cheveux… Ca te va bien, tu fais moins dark.
C’est vrai j’avais oublié ce détail… Mes cheveux. Comment les autres allaient réagir face à ça ? Et pourquoi je me soucis de leurs regards ?
- Merci, c’est cool ce que tu dis… J’étais pas sûr que cela m’aille, dis-je avec un sourire timide.
Je le vois me regarder avec un air surpris.
- C’est à ça que tu ressembles quand tu souris ? Tu devrais le faire plus souvent !
Wow. Le compliment me va droit au cœur, ça faisais longtemps que je n’avais pas entendus quelque chose d’aussi gentil dans ce foutus bahut.
- T’as cours de quoi là ?
- J’ai spé Littérature, humanité, philo et toi ?
Je le regarde de meilleur humeur que ce matin. C’est fou ce que son sourire me fait du bien. Ma question était inutile je savais très bien ce qu’il avait puisqu’il n’y avait qu’une seule classe… Mais disons que je ne voulais pas encore passer pour un mec chelou.
- Moi aussi, viens je t’emmène, dis-je avec un regard en coin.
- Avoue que tu savais déjà ce que j’avais !
Un clin d’œil ? Sérieux un clin d’œil ? Il doit pas savoir qui je suis. Ca crève les yeux que personne de ce bahut ne lui a encore rien dit, ne lui a pas encore parlé.
- Ouais bon je savais très bien… Mais vas-y suis moi, je t’escorte, dis-je en souriant, je sais pas encore s’y j’irai, mais je peux t’emmener.
- Merci mon bon monsieur vous êtes trop aimable… Mais ai-je affaire à un sécheur de profession ? A un bad boy ?, dit-il en rigolant.
- On peut dire ça comme ça…
J’ai pas envie de le faire chier avec mes états d’âme. Et puis, je sais très bien que d’ici une semaine il me parlera plus, qu’au bout de deux il me verra plus et qu’au bout de trois il m’aura oublié et pire rigolera de moi avec les autres.
Je l’emmène donc à travers les couloirs en direction de notre classe, la A80. Il ne m’a même pas demander si on avais besoin d’un billet de retard. Mais ce n’est pas grave, son sourire me suffit. Surtout en sachant ce qu’il va m’arriver si je passe le pas de la porte, pas que cette prof de philo soit pire que les autres élève. Ce serais juste un euphémisme que d’assurer le contraire.- Pourquoi tu veux secher le cours ? Tu veux pas m’accompagner pour me soutenir ?
Il se fourre le doigt dans l’œil si c’est lui qui va devoir être soutenu. Surtout s’il est vu avec moi. Il ne se rends pas compte.
- C’est pas contre toi… Mais disons que si je viens ce ne sera pas bon pour toi… Pas du tout.
- Pourquoi cela ?
- Tu veux que je te fasse un dessin ?
- Non non ça ira… Mais je veux que tu me montres, que je comprenne pourquoi tu est comme ça.
Alors ça, c’est bien une première, quelqu’un qui veut essayer de me comprendre. Même les psy avait échoué à cette exercice. Ou plutôt abandonné disons. Comme tout le monde m’a abandonné d’ailleurs.
- Allez dit oui s’il te plait ! Dit ouiiiii !
Je ne peux rien lui refuser. Ca en devient insupportable. Je me souvenais pas que d’essayer de se faire des potes ça ressemblait à ça. C’est bizarre, mais j’aime bien cette chose complexe. J’adore les casses têtes « insolubles ».
- Bon très bien si tu veux, mais je t’aurai prévenu, dis-je en bougonnant.
- Ah ! Le retour de mon Hélio préféré !
Pardon ? Préféré ? Etonnant dis donc… Mais je laisse couler, mieux vaut ne pas interpréter ces paroles comme un gage d’amitié… Rappelle toi, trois semaine maximum. Dans tous ces échanges et questionnement, je n’avais pas vu que nous étions arrivés devant la salle de classe, devant un enfer qui allait bientôt s’abattre sur moi.
- C’est là, rentre en premier, ça adoucira sans doute cette vieille peau de Medjin.
- Medjin ? C’est qui ?
- Madame Medjin, le démon qui nous sert de prof.
Il me regarda surpris… Comme si il ne s’attendait pas à cette réponse.
- Merci de m’avoir accompagné, c’est cool ! J’espère que tu m’en veux pas de t’avoir fais échapper à ta solitude et à ton introspection.
- T’inquiète pas, tu me remercieras après le cours, une fois que tu auras vu qui elle est.
Il ouvrit la porte sur la classe. Trente-sept élèves et un diable nous fixais quand il rentra. Trente-sept regards, trente sept raisons de partir. Mais, un clin d’œil et le monde changea pour moi.
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L'Esprit au garde à vous
Teen FictionLa chute fût longue. Très longue. Trop longue. J'en ai perdu mon humanité, mes amis, ma famille et l'amour. Je n'ai jamais su qui j'étais, et je ne le saurai sans doute jamais. Mais ce que je sais, c'est qu'il ne faut jamais perdre tout espoir. Car...